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L'ECUME DES JOURS de Michel Gondry

2 participants

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Phil


Admin

L'ECUME DES JOURS de Michel Gondry 174576_px_510_

Le roman de Boris Vian doit être un des rares livres que tout le monde a lu au lycée en français et qui a mis ce même tout le monde (ou à peu près) d'accord : pour une fois, on nous faisait lire quelque chose de vraiment intéressant et prenant, carrément différent de cette littérature classique compassée qui nous gavait tellement.
(pour ma part, j'avais eu le choix en seconde entre ça et L'Etranger de Camus - j'avais évidemment choisi ce second chef d'oeuvre, mais avais lu l'autre dans la foulée vu que tout le ceux qui avaient fait l'autre choix me disaient que c'était génial).
Forcément, partant de là, c'est typiquement le genre de livre à peu près inadaptable, tant tout le monde va forcément tomber sur le malheureux réalisateur qui va s'y essayer. D'autant plus dans le cas présent que Vian y fait preuve d'un travail sur la langue et d'une imagination poétique sans limites - ce qui fait justement le sel du livre.

On a beaucoup dit que Michel Gondry, fan du livre qui a travaillé sur son adaptation pour l'écran pendant des années, était probablement le seul à être capable de réaliser cet exploit. C'est certainement le cas en France, on pourra en trouver 2-3 autres ailleurs (à commencer par Terry Gilliam); là n'est pas la question. Il est vrai que l'univers bricolo du réalisateur, sa poésie personnelle, son imagination débridée, collent bien aux délires littéraires de Boris Vian - dont on peut extrapoler qu'il a toujours irrigué son cinéma jusqu'ici, de manière plus ou moins directe.
Si on ajoute que Gondry nous a offert il y a quelques années un des plus beaux films de l'histoire du cinéma (je parle bien sûr de Eternal Sunshine of a Spotless Mind), on avait toutes les raisons de rêver à une nouvelle merveille.

Avis à chaud à la sortie de la salle : en effet, Gondry était probablement le seul ou l'un des rares à pouvoir adapter L'Ecume des Jours au cinéma, et il y réussit... mais partiellement seulement.
Ce qui fonctionne le moins dans le film, à mon avis, est assez étonnant : ça réside dans le souci de fidélité de Gondry au roman de Vian, dans son envie de tout retranscrire à l'écran, de "transférer" en quelque sorte la folie du livre en un équivalent filmique. Toute la première partie est surchargée d'effets visuels destinés à traduire fidèlement l'univers de Vian, à trouver des équivalences en termes d'images aux mots de l'auteur. Le problème, et c'est là que ça devient très étonnant, c'est que ça manque cruellement de cinéma. Ce qui passait très bien à l'écrit parce qu'il y avait l'invention et le travail de Vian sur son texte, ne passe plus à l'écran parce que le réalisateur ne s'est pas préoccupé d'en faire un film. Gondry est tellement préoccupé par son travail de transposition qu'il surcharge son film d'effets, de trucs dans tous les coins de l'image, aligne les gadgets à une vitesse telle qu'on n'a le temps de s'attarder sur aucun... Comme cette première partie n'est pas narrative, on a l'impression fatigante d'assister à un catalogue. Quelques belles scènes surnagent néanmoins, souvent centrées autour de Tautou et Duris d'ailleurs, comme la sortie de l'église lors du mariage, la promenade au dessus de Paris en nuage... Chaque fois que le film se pose un peu, donc, et cherche à nous raconter quelque chose. Autrement, il tourne un peu en rond, se résumant à une démonstration de Gondry nous prouvant qu'il est capable de faire du "Vian visuel".

Le film s'améliore dans sa seconde moitié, et devient même alors carrément très bien. A partir du moment où le personnage de Chloé tombe malade, Gondry a alors quelque chose à raconter. Et ses images deviennent alors le vecteur de l'histoire, plus seulement des tableaux certes jolis et inventifs, mais ne provoquant pas grand-chose chez les spectateur. Ses trouvailles visuelles servent alors une vraie émotion. Et on lui sera gré de ne pas avoir édulcoré le roman en terminant son film de façon aussi sombre que Vian terminait son livre. Il y a là aussi un superbe travail sur l'image, qui devient de plus en plus terne au fur et à mesure que l'histoire devient de plus en plus sombre, jusqu'à terminer en noir et blanc au plus profond du désespoir.
Qu'on ne s'y méprenne pas : pour une fois, les limites que j'émets à propos du film ne son pas liées à une adaptation mal foutue, dont se foutraient ceux qui ne connaitraient ou n'apprécieraient pas le livre d'origine. Il s'agit vraiment de scories (relativement mineures) qui parasitent la première moitié du film. Pour le reste, le pari de Gondry est bien tenu - et ce n'est certainement pas un hasard s'il se donne cette fois un rôle assez important, dans un film qui lui est cher. Et sur tout le film, les acteurs sont plutôt bons; et la direction artistique évidemment nickel.

Note = 4/6 pou l'ensemble.
C'est "marrant" : la plupart des films de Gondry passent mal l'épreuve du temps, sauf évidemment Eternal Sunshine. Je pense que celui-là, au contraire, risque de se bonifier dans le futur.



https://thexphil.forumactif.org

Cbyt



Phil a écrit:Le roman de Boris Vian doit être un des rares livres que tout le monde a lu au lycée en français et qui a mis ce même tout le monde (ou à peu près) d'accord : pour une fois, on nous faisait lire quelque chose de vraiment intéressant et prenant, carrément différent de cette littérature classique compassée qui nous gavait tellement.
Je dois faire partie alors des rares français à ne pas avoir lu ce livre au lycée. Faut dire que faute de prof en seconde, j'ai pas eu non plus à me faire chier avec la littérature classique compassée qui vous gavait tellement.

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