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MIDNIGHT SPECIAL de Jeff Nichols

3 participants

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Phil


Admin

MIDNIGHT SPECIAL de Jeff Nichols 337264

Je suis loin d'adhérer totalement au buzz énorme qui voit depuis quelques années en Jeff Nichols le plus géniââââââl des réalisateurs indépendants américains, quelqu'un comme l'équivalent de l'avenir ultime en ce domaine. J'avais certes beaucoup aimé Mud, mais ni plus ni moins que les autres films réussis de cette nouvelle mouvance du polar redneck boueux. Et Take Shelter m'avait laissé dubitatif (avec son traitement et son originalité aussi intéressants que chiants).

Néanmoins, j'attendais de pied ferme son nouvel opus, ce MIDNIGHT SPECIAL vu en avant-première hier. Même si c'est typiquement le film qui a déjà commencé à départager ceux qui l'ont vu (en festival, en projections privées...) en deux camps bien distincts. Un peu à la manière de It Follows, sorti à peu près à la même époque l'année dernière.
C'est que Nichols change ici de registre, d'économie, de style... tout en ne changeant rien à son cinéma, finalement ! D'emblée, le film est annoncé comme "plus commercial"; un film de SF livré par un réalisateur indépendant, en forme d'hommage au Spielberg des années 70-80 (tendance Rencontres... ou E.T.) et à ses productions Amblin de l'époque. Toujours au jeu des comparaisons, ça rapproche ce film du Super 8 de JJ Abrams, qui jouait déjà dans ce même registre. Et auquel le résultat à l'écran fait parfois penser, en effet.
Mais qu'on ne s'attende pas à un blockbuster flamboyant qui pète de partout ! Nichols traite son film de la même manière que ses films précédents; d'ailleurs, Take Shelter était déjà, à sa manière, une vision très personnelle du thriller apocalyptique.

Il s'agit donc bien d'un film "en creux", refusant régulièrement le spectaculaire, pour traiter d'une histoire assez classique en ayant plus recours à une ambiance planante qu'à une débauche d'effets spéciaux et d'explosions. Ce qui ne veut pas dire que le film ne propose pas quelques scènes "d'action" - d'ailleurs totalement fascinantes. Par exemple la destruction de la station essence, la capture de l'enfant par les hommes de main de la secte, la poursuite finale, etc.
Mais l'essentiel de l'action repose sur des scènes calmes, qui cherchent à créer une atmosphère et faire naître une émotion chez les spectateur, plutôt que de l'embarquer dans un tour de montagnes russes.

Et, à mon avis, ça fonctionne parfaitement ! Entre la réalisation et l'image superbes, la musique magnifique de David Wingo, et une troupe d'acteurs au top (Michael Shannon, comme dans tous les films de Nichols, Joel Edgerton, Kirsten Dunst, Adam Driver - bien meilleur qu'en Kylo Ren ! - le jeune Jaeden Lieberher...); tout concourt à embarquer dans l'univers singulier du film.
Mais c'est surtout le traitement des éléments de SF qui fait très plaisir. ça m'a constamment fait penser à une adaptation ciné officieuse de Robert Charles Wilson (d'autant plus que je suis en plein dans son dernier livre !). On est là face à un exemple rare de film de "vraie SF", équivalent à ce qu'on peut lire dans le genre, et s'éloignant des vaisseaux qui font du bruit dans l'espace. Et aussi à des thèmes et un style qu'on retrouve chez RCW : le même "humanisme", la même confiance dans une vision "positive" de la science-fiction, qui aboutit à un final bouleversant. Du coup, le film n'a jamais à se forcer; ne se sent jamais obligé de fournir des explications lourdingues ou de surinterpréter les éléments de l'histoire. Certains, probablement, se plaindront parce qu'il n'auront rien compris. Pas moi, qui n'aime pas qu'on me prémâche tout, et qui ai adoré me faire happer dans l'univers du film. Là aussi, au jeu des références, on pourrait rapprocher le film d'un Shyamalan. En les opposant : parce que le travail de Nichols va justement à l'encontre d'un Monsieur Nuit qui, passé Sixième Sens et Incassable, n'a jamais cessé de prendre ses spectateurs pour des cons et de livrer des films avec explications de texte intégrées. Midnight Special, c'est tout l'inverse : un film mystique à la Shyamou, mais réussi.


(à noter qu'on est plutôt gâtés au cinéma en ce moment, entre ça, Room, Belgica, Zootopie, le doc sur le Dune avorté de Jodorowsky, Merci Patron... C'est suffisamment rare pour être signalé !)

https://thexphil.forumactif.org

Phil


Admin

La critique de Mémérama dit tout ça très bien :

Deux hommes ont enlevé un petit garçon. L'alerte est déclenchée, toutes les polices sont à leurs trousses. Sauf que, dans la nuit profonde des petites routes américaines, où les fuyards circulent tous feux éteints, rien n'est ce qu'il paraît. Pourquoi le gamin, Alton, cache-t-il son regard derrière de curieuses lunettes noires ? Et surtout, pourquoi n'a-t-il pas peur de ses ravisseurs ? Presque tout de suite, on comprend que Roy, l'un d'entre eux, fébrile mais déterminé, est son père. Pendant que l'enquête du FBI progresse (en tête, un Adam Driver à la fois perspicace et ­lunaire), d'autres gens se lancent dans la traque : les membres de la secte religieuse où vivait le petit Alton.

Drôle de cavale, où la mélancolie le dispute à l'action. De motels crépusculaires en cascades sur le bitume, Jeff Nichols joue sur tous les tableaux : la complexité des sentiments, autant que le vertige du spectacle. Du plus délicat au plus fracassant, des demi-teintes et demi-mots du cinéma indépendant au surgissement démesuré du merveilleux, ce film atypique change peu à peu de registre et d'ampleur : c'est une incursion très personnelle sur les terres de la science-fiction. L'enfant a des pouvoirs. Il est hanté par une force surnaturelle, écho d'un ailleurs inconnu, vers lequel le récit roule à tombeau ouvert. Pour son quatrième long métrage, le réalisateur joue avec les codes du genre, emprunte ses voies rapides — suspense, hypothèses et révélations — et ses chemins oubliés — effets spéciaux un peu « vintage », volontairement artisanaux, presque bricolo, hommage à la SF des années 70-80.

Mais, au-delà des explosions de lumière, des secousses telluriques et autres bizarreries ébouriffantes — ne pas manquer l'extraordinaire chute d'un satellite sur une station-service —, Jeff Nichols poursuit les mêmes thèmes. Où l'on retrouve son acteur fétiche, le poignant et sourcilleux Michael Shannon dans le rôle du père, mais aussi ses obsessions. Comme dans Take shelter, il est question de l'amour filial, ce gouffre d'angoisses, et d'un père de famille face à la nécessité de laisser son enfant s'émanciper, malgré la violence du monde. Comme avec Matthew McConaughey, le héros idéaliste et marginal de Mud, le cinéaste fait aussi la part belle à la foi, poétique, totale, insensée. Les parents d'Alton (Kirsten Dunst, tout en retenue, joue la mère, embarquée en chemin), les membres de la secte, et même la police, tous courent vers quelque chose qui les dépasse, qui nous dépasse.

Ne comptez pas sur Jeff Nichols pour dévoiler la totalité du mystère. Il l'a voulu trop grand pour ses personnages, largement ouvert à l'imagination de ses spectateurs. C'est à la fois passionnant — une espèce d'ode fervente et douloureuse à l'inconnu — et presque naïf, dans la vision finale grandiose et clinquante d'un autre monde. Un mélange de toc et de rêveuse exaltation qui rappelle à dessein un grand classique du genre signé Spielberg, Rencontres du troisième type.

https://thexphil.forumactif.org

Phil


Admin

J'aurais pu écrire les critiques dans Le Cercle, aussi, à propos du film (jusque dans les références citées, Spielberg, Super 8, It Follows, Looper, Shyamalan...) !
(à voir après le film, ils grillent quand même pas mal de trucs)

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Cyrille



J'ai bien aimé, mais j'ai pas sauté au plafond. La fin m'a un peu irrité. C'est un peu une pirouette de quelqu'un qui sait pas comment finir

Phil


Admin

Ah ben j'ai trouvé au contraire la fin parfaitement logique. Tout le film tend vers ça; j'ai même l'impression que c'est pour cette idée de fin que Nichols a écrit tout ce qu'il y a avant !

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Cyrille



Tu veux dire qu'il a tout écrit pour rien ? Very Happy

Cbyt



A peu près en phase avec Phil sur ce film et le cinéma de Jeff Nichols en général, ses tics, ses démons, le rythme si particulier, y compris la comparaison avec RCW.
Un film réussi et très intéressant pour peu qu'on apprécie l'univers de Nichols.

Phil


Admin

Cyrille a écrit:Tu veux dire qu'il a tout écrit pour rien ? Very Happy

Haha, c'est malin Very Happy
(bien joué. faux, mais bien joué)

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Phil


Admin

Cyrille a écrit:Tu veux dire qu'il a tout écrit pour rien ? Very Happy

Je viens de repenser que cette fin m'a fait penser à celle de Tomorrowland - que t'avais pas aimé non plus (et probablement déjà oublié !). Y'a une logique ! Rolling Eyes

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Cyrille



Me souviens même pas du sujet du film, c'est dire !

Phil


Admin

Revu en DVD.
Mortel.
Un de mes films de l'année.

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