A nouveau quelques jours à la maison sans femme et enfants mais avec junk food et overdose d’écrans.
Une petite semaine qui a commencé hier avec un double programme de films que j’avais jamais vus :
(SECONDS – L’OPERATION DIABOLIQUE de John Frankenheimer)
Sorti en 1966 après une présentation à Cannes où il était passé inaperçu, ce thriller à la limite de la SF avait été un gros flop à l’époque. D’où un statut de « film maudit » invisible pendant des années, et une ressortie cet été sur quelques écrans qui a tout de la « redécouverte d’un bijou méconnu ». Et c’est bien ce qu’est le film : un OVNI bizarre dont la modernité ne cesse d’étonner encore, 50 ans après sa réalisation. Pensé comme le dernier volet d’une trilogie du réalisateur (entamée avec Un Crime dans la tête et 7 Jours en Mai), c’est une condensé de la paranoïa de l’époque, une vision noirissime et inquiétante de l’Amérique d’alors, un portrait effrayant de l’homme américain en plein doutes des sixties après l’assassinat de Kennedy. C’est aussi un film très expérimental, baroque, plein de cadrages et de mouvements de caméra tordus, multipliant les idées de mise en scène pour créer le malaise, instaurant une atmosphère carrément flippante. Deux scènes centrales, un peu longuettes – une séance de bacchanales hippie et une soirée bien arrosée – sont proprement hallucinantes : on se demande bien comment ça a pu être fait en 66, dans un film de studio avec une méga star à l’affiche. Et on se dit que le cinéma américain n’ose plus des scènes comme ça, et encore moins des films aussi barrés.
Dans le rôle principal, Rock Hudson est énorme. N’apparaissant qu’au bout de 40 minutes du film, il s’en empare à bras le corps et livre une prestation fiévreuse et habitée. On peut voir – et on doit, même –dans ce rôle d’un homme qui change d’identité et doit cacher au monde qui il est réellement un reflet de la vie de l’acteur, qui a lutté pour camoufler son homosexualité jusqu’à sa mort du sida en 1985.
Cerise sur le gâteau : la séance au Grand Action – haut lieu de la cinéphilie parisienne – était introduite et conclue par le distributeur du film, un passionné qui nous a offert une belle petite leçon de cinéma.
Note = 5/6
Cette ressortie étant un joli succès, le film va continuer d’être joué un moment ; ça vaut le coup d’être vu.
(FURIA d’Alexandre Aja)
On parlait récemment avec Cyrille du premier film d’Aja, que j’avais pas vu ; lacune maintenant réparée. J’ai pas trouvé ça très bon, bien aimé quand même, mais c’est clair que je ne regrette pas de l’avoir vu avec retard, à l’aune de ce que le réalisateur a fait par la suite.
Ce qui est « marrant », c’est que pour un gars tellement influencé par le cinéma américain, ce premier film s’inscrit dans une veine typique de la SF française. Surtout en littérature, d’ailleurs – on a un peu l’impression de voir à l’écran un équivalent d’un vieil Andrevon de la collection Anticipation. Cette ambiance post-apocalyptique soft, cette dictature futuriste s’appuyant sur l’interdiction de l’expression artistique, ce futur sordide extrapolant sur des décors et paysages étranges du présent, le côté régressif de la civilisation décrite… Tout y ramène constamment. C’est d’ailleurs dans l’univers dépeint que le film est à mon avis le plus intéressant. Et évidemment dans sa noirceur et sa violence sans concessions. Pour le reste, l’histoire est assez banale, et heureusement que le film est court parce qu’il y a déjà d’énormes problèmes de rythme.
Le film est ainsi plein de petits défauts, qui ne sont jamais rédhibitoires… d’autant plus quand on se replace dans le contexte d’un film réalisé par un mec de 21 ans ! Ok, c’est plus facile quand on est un « fils de », que papa produit son premier film, et qu’on peut faire appel à plein de techniciens connus pour nous assister (et rien moins que Brian May à la musique). Ca ne doit pas pour autant faire oublier le talent insolent d’Alexandre Aja (déjà associé là avec son complice Grégory Levasseur, qui éclatera (et éclaboussera l’écran) 3 ans plus tard via le grand Haute Tension, et de quelle façon !
A noter enfin que les acteurs sont bons, même notre amie Maria Coquillette – il faut dire que c’était bien avant qu’elle ait chopé le melon (et on la voit plein de fois dans le plus simple appareil, mais comme dans les ¾ des cas c’est pour se faire torturer et violer, ça n’intéressera que les pervers les plus malsains du coin).
Note = 4/6
Une petite semaine qui a commencé hier avec un double programme de films que j’avais jamais vus :
(SECONDS – L’OPERATION DIABOLIQUE de John Frankenheimer)
Sorti en 1966 après une présentation à Cannes où il était passé inaperçu, ce thriller à la limite de la SF avait été un gros flop à l’époque. D’où un statut de « film maudit » invisible pendant des années, et une ressortie cet été sur quelques écrans qui a tout de la « redécouverte d’un bijou méconnu ». Et c’est bien ce qu’est le film : un OVNI bizarre dont la modernité ne cesse d’étonner encore, 50 ans après sa réalisation. Pensé comme le dernier volet d’une trilogie du réalisateur (entamée avec Un Crime dans la tête et 7 Jours en Mai), c’est une condensé de la paranoïa de l’époque, une vision noirissime et inquiétante de l’Amérique d’alors, un portrait effrayant de l’homme américain en plein doutes des sixties après l’assassinat de Kennedy. C’est aussi un film très expérimental, baroque, plein de cadrages et de mouvements de caméra tordus, multipliant les idées de mise en scène pour créer le malaise, instaurant une atmosphère carrément flippante. Deux scènes centrales, un peu longuettes – une séance de bacchanales hippie et une soirée bien arrosée – sont proprement hallucinantes : on se demande bien comment ça a pu être fait en 66, dans un film de studio avec une méga star à l’affiche. Et on se dit que le cinéma américain n’ose plus des scènes comme ça, et encore moins des films aussi barrés.
Dans le rôle principal, Rock Hudson est énorme. N’apparaissant qu’au bout de 40 minutes du film, il s’en empare à bras le corps et livre une prestation fiévreuse et habitée. On peut voir – et on doit, même –dans ce rôle d’un homme qui change d’identité et doit cacher au monde qui il est réellement un reflet de la vie de l’acteur, qui a lutté pour camoufler son homosexualité jusqu’à sa mort du sida en 1985.
Cerise sur le gâteau : la séance au Grand Action – haut lieu de la cinéphilie parisienne – était introduite et conclue par le distributeur du film, un passionné qui nous a offert une belle petite leçon de cinéma.
Note = 5/6
Cette ressortie étant un joli succès, le film va continuer d’être joué un moment ; ça vaut le coup d’être vu.
(FURIA d’Alexandre Aja)
On parlait récemment avec Cyrille du premier film d’Aja, que j’avais pas vu ; lacune maintenant réparée. J’ai pas trouvé ça très bon, bien aimé quand même, mais c’est clair que je ne regrette pas de l’avoir vu avec retard, à l’aune de ce que le réalisateur a fait par la suite.
Ce qui est « marrant », c’est que pour un gars tellement influencé par le cinéma américain, ce premier film s’inscrit dans une veine typique de la SF française. Surtout en littérature, d’ailleurs – on a un peu l’impression de voir à l’écran un équivalent d’un vieil Andrevon de la collection Anticipation. Cette ambiance post-apocalyptique soft, cette dictature futuriste s’appuyant sur l’interdiction de l’expression artistique, ce futur sordide extrapolant sur des décors et paysages étranges du présent, le côté régressif de la civilisation décrite… Tout y ramène constamment. C’est d’ailleurs dans l’univers dépeint que le film est à mon avis le plus intéressant. Et évidemment dans sa noirceur et sa violence sans concessions. Pour le reste, l’histoire est assez banale, et heureusement que le film est court parce qu’il y a déjà d’énormes problèmes de rythme.
Le film est ainsi plein de petits défauts, qui ne sont jamais rédhibitoires… d’autant plus quand on se replace dans le contexte d’un film réalisé par un mec de 21 ans ! Ok, c’est plus facile quand on est un « fils de », que papa produit son premier film, et qu’on peut faire appel à plein de techniciens connus pour nous assister (et rien moins que Brian May à la musique). Ca ne doit pas pour autant faire oublier le talent insolent d’Alexandre Aja (déjà associé là avec son complice Grégory Levasseur, qui éclatera (et éclaboussera l’écran) 3 ans plus tard via le grand Haute Tension, et de quelle façon !
A noter enfin que les acteurs sont bons, même notre amie Maria Coquillette – il faut dire que c’était bien avant qu’elle ait chopé le melon (et on la voit plein de fois dans le plus simple appareil, mais comme dans les ¾ des cas c’est pour se faire torturer et violer, ça n’intéressera que les pervers les plus malsains du coin).
Note = 4/6