Hier, j’avais prévu d’aller voir
Insaisissables au ciné. Mais déjà que ça me tentait moyen à la base (à l’exception de l’intriguant casting à rallonge), mais en plus j’avais la flemme, et en plus en plus j’ai lu trop d’avis et critiques négatifs (sachant que même les positives soulevaient des points qui me faisaient peur).
Enquillage de deux films tranquillou à la maison, du coup, après junk food tex-mex made in Auchan… une vraie soirée « seul et célibataire », donc !
Jusque dans le choix de 2 films bien Philesques :
PIQUE-NIQUE A HANGING ROCK enregistré sur Arte la veille. Second film de
Peter Weir réalisé dans son Australie natale en 1975, il s’agit d’un genre de drame victorien mâtiné de fantastique léger tiré d’une histoire vraie connue dans le pays aux antipodes. Ou la disparition mystérieuse de 4 jeunes filles issues d’un collège strict en 1900 lors d’un pique-nique organisé en montagne. Le film alterne les séquences dramatiques dans la pension des filles et des scènes oniriques et planantes en pleine nature. C’est très calme, très contemplatif, un peu chiant, mais toujours intéressant et intriguant. En plus d’être beau et bien interprété. Intéressant aussi de voir un des premiers films de Weir avant son départ pour les Etats-Unis et la carrière prestigieuse qu’il y connaitra. Même si pour le coup, j’aurais préféré revoir
La Dernière Vague, qui est vachement mieux – ou quitte à voir un inédit, son premier film,
Les Voitures qui ont mangé ParisNote = 4/6
Après une petite pause Mario, j’ai enchaîné avec le terrible
SCHIZOPHRENIA, alias ANGST, de Gerald Kargl.
Véritable film culte que j’avais pourtant jamais vu (en même temps, faut vraiment avoir envie de s’infliger ça), il est régulièrement cité parmi leurs films préférés par des cinéastes déviants comme
Gaspar Noé ou
Nicolas Winding Refn. Ca donne bien une idée du truc, et en effet au visionnage on voit bien ce qui peut avoir ici abreuvé leur cinéma – en plus de prouver que
Michael Haneke n’est pas le seul réalisateur complètement chtarbé en Autriche ! Pas seulement dans le côté trash, d’ailleurs, mais aussi dans la manière de concevoir leurs films…
Angst, c’est donc la plongée hallucinante dans la tête d’un tueur en série complètement barré, 1h15 de descente aux enfers malsaine et putride, un trip bien dérangeant même s’il n’y a véritablement qu’une scène visuellement gore. Sorti de prison après avoir purgé sa peine pour le meurtre de sa mère abusive, le tueur se met immédiatement en tête d’assouvir à nouveau ses fantasmes sexuels et violents. Il tombe sur une grande maison isolée dans la campagne et va séquestrer et assassiner ses occupants, avant de mettre les cadavres dans le coffre de leur voiture et de projeter d’autres meurtres.
Le film est (quasi) entièrement raconté en voix off, celle du tueur qui nous détaille ses pensées, ses souvenirs, ses fantasmes. Ca met déjà extrêmement mal à l’aise (on se doute bien qu’il n’a pas une psyché très équilibrée) en soi, mais ça devient encore plus terrible sur toute la partie centrale du film, située dans la maison de la famille de victimes. Il se crée alors un décalage multiple entre les actes du tueur, le calme avec lequel la voix-off égrenne ses pensées, l’horreur ou la banalité de ce qu’il raconte… C’est dans cette partie qu’interviendra la seule scène sanglante, vraiment horrible – mais c’est glaçant et terrifiant de bout en bout (avec en plus un petit coup de nécrophilie légère pour faire bonne mesure).
Le film se caractérise aussi par sa réalisation : Kargl et son chef op polonais dont je ne me risquerai pas à écrire le nom ici ont eu recours à tout un système de grues et de harnais pour suivre constamment le tueur et donner l’impression d’un regard « démiurgique » sur ses actes. Ca donne une mise en scène impressionnante, constamment inventive, à grand renforts de plans séquences complètement fous où la caméra s’élève dans les airs, redescend au niveau du tueur, le suit ou le précède dans tous les recoins… En termes de pure mise en scène, le film est un des plus beaux que j’aie vus, égalant le génie d’un Kubrick et servant là encore de matrice à de futurs réalisateurs – des leçons dont se souviendra notamment Noé pour
Enter The Void.
On notera que c’est l’unique film de Kargl, totalement disparu de la circulation depuis, ce qui en rajoute encore dans l’aspect mystérieux et unique de cet OVNI expérimental.
Note = 5/6