A priori, World War Z ne fait pas spécialement envie au "vrai" lecteur de fantastique/SF et autres genres, tant ça sent le coup médiatique et le phénomène monté de toutes pièces. Ecrit par le fils de Mel Brooks dont on ne voit pas bien la légitimité en tant qu'auteur si ce n'est d'être un fils à papa, s'inscrivant dans un dérivé de la bit-lit des djeun's, surfant sur la mode lucrative des zombies... jusqu'à aboutir à un gros film de studio avec stars (Brad Pitt et autres) annoncé comme un des blockbusters de l'été prochain (dont la bande annonce fait envie, faut avouer).
J'ai quand même été tenté en tombant dessus par hasard à la bibliothèque récemment et me suis dit "pourquoi pas ?". Il faut dire qu'à y regarder de plus près, le "concept" du bouquin est intéressant : situé après la fin de la guerre entre humains et zombies (gagnée par les humains, évidemment), il retrace le déroulement de celle-ci à travers des témoignages de personalités diverses. Le livre est alors construit comme une suite d’entretiens qui laissent libre l’imagination du lecteur pour combler les trous et reconstituer l’histoire.
Une histoire d’une grande ampleur, puisque les témoignages sont recueillis dans le monde entier (enfin, ce qu’il en reste !) et qu’on peut alors suivre l’évolution de la situation sur toute la planète, à partir du déclenchement d’une étrange épidémie d’une nouvelle forme de rage au fin fond de l’Asie. Ce sont toutes les conséquences géopolitiques, sociales, stratégiques, et autres, qui sont alors abordées, autant que les scènes d’affrontement entre humains et zombies.
Ecrit en 2006, le livre apparaît au début de la « mode » des zombies – comme Walking Dead (la BD), il se tient alors à mi-chemin entre l’utilisation des constantes habituelles du livre/film de zombies, et leur réinterprétations à travers de nouveaux schémas. Et comme le titre l'indique, il s'agit vraiment d'un livre de guerre, plus que d'un livre d'horreur classique.
J’en suis à 150 pages (sur 430) dévorées comme un mort-vivant avide de tripes, et pour l’instant c’est vachement bien. Espérons que la suite arrivera à garder le rythme et l’originalité de ce début, auquel cas on pourrait tenir un livre de référence sur le sujet, en même temps qu’un « page turner » d’une redoutable efficacité (pas super bien écrit, certes, mais pas pourri non pour autant et compensant par ses grandes qualités). Ca me fait un peu peur pour le film, du coup ; qui risque de tout miser sur le spectaculaire, en oubliant ce qui fait la teneur du livre – à savoir sa structure sous forme de témoignages et son désir de prendre la catastrophe sous l’angle le plus large possible.