Red Black and Blue : Une intro parlée, qui laisse place à une foule en délire et un rythme lourd et lancinant de batterie ; Manson nous refait d’entrée l’intro de Irresponsible Hate Anthem. Démarrage idéal, tout en fureur et en noirceur, qui donne bien le ton de ce qu’on va entendre. Et lance le côté légèrement « album concept » (enchaînement des morceaux, thèmes récurrents, gimmicks revenant régulièrement etc…)
We are Chaos : J’ai déjà dit que ce premier single m’avait bien chopé, par son originalité (pour Manson), son côté Bowiesque dégénéré, sa puissance pop, son aspect imparable. Sur l’album, elle s’insère parfaitement entre deux morceaux plus explosifs, et dans une première moitié sur le même ton doux-amer.
Bonne remarque de ma fille, aussi : le contraste entre la musique très pop et presque enjouée, et les paroles bien sombres (« We are sick, fucked up and complicated. We are chaos. We kill each other ») est assez ahurissant.
Don't chase the Dead : C’est apparemment le prochain single. Retour à une chanson bien rock, qui démarre sur un hurlement à s’arracher les cordes vocales, mais revient très vite vers ce côté pop de l’album, avec un refrain aérien et des couplets qui avancent comme des rouleaux compresseurs. Mortel.
On vire ensuite complétement du côté mélancolique et torturé du disque, avec :
Paint You with my Love : Au début, on croit à une parodie de chanson d’amour des années 60… et en fait, c’est bien un peu ça ! Mais revu à la sauce glam-metal du bonhomme. On pense à Fundamentally Loathsome sur Mechanical Animals – pas un petit compliment. La fin, avec sa montée en intensité et son explosion de violence, est impressionnante.
Half-Way and One Step Forward : Toute la chanson est menée par un étrange rythme désarticulé au piano, autour duquel Manson brode des variations à la fois entêtantes et torturées. Une sorte de synthèse de l’univers particulier de cet opus– et à ce stade, peut-être ma chanson préférée de l'album. Ce petit morceau au synthé lors du pont, comment ça me liquéfie à chaque fois !
Petit passage à vide ensuite, avec les deux chansons les plus faibles à mon avis – même si je trouve la première pas si mal, à force (la seconde, ça le fait toujours pas, par contre) :
Infinite Darkness : Le titre est tellement Mansonesque, ça pète de partout, le chanteur hurle sa race, y’a des arrangements bizarres et des synthés qui sortent de nulle part… Trop facile et trop attendu pour être réussi. Mais, dans le genre, c’est du bon boulot, très efficace (sur un autre album récent, ça aurait été le sommet du disque).
Perfume : Ce qui n’est pas le cas de cette chanson, qui ressemble à une imitation de Marilyn Manson par un adorateur trop zélé. Celle-là aurait été plus à sa place sur l’album précédent, par contre !
Et le niveau remonte, pour le sprint final :
Keep my Head Together : On reste dans une chanson très classique pour le chanteur, mais cette fois, la sauce prend bien mieux. Parce qu’il revient aussi à un côté plus élaboré et moins basique. Le résultat est encore une fois très accrocheur et follement entraînant. Et la dernière partie tue tout (« I fucking love you, love fucking you… »)
Solve Coagula : L’autre sérieuse candidate au titre de « meilleure chanson de l’album ». Grâce à ses riffs de guitares enchevêtrés, sa noirceur, la batterie et les synthés stratosphériques, ses paroles (« I’m not special, I’m just broken. And I don’t wanna be fixed »), sa mélodie imparable… Tuerie intégrale.
Broken Needle : Comme toujours (ou presque), l’album se termine sur un morceau lent et désespéré. Ça n’atteint peut-être pas la grandeur d’un Man that you fear (et encore, faudra voir avec le temps), mais on est totalement dans l’esprit ; et c’est magnifique. Belle manière de quitter tranquilement cet album étonnant (on n’attendait plus Marilyn Manson sur ce terrain et avec une telle réussite).
La version CD est complétée de 2 morceaux en acoustique, sympathiques mais aussi anecdotiques. Parce que parmi les plus calmes du disque (We are Chaos et Broken Needle), donc finalement pas très éloignés des versions originales.
(Red Black and Blue et Don't chase the dead, ça aurait eu une autre gueule)