Phil a écrit:Ca va être trop bien.
(vraiment, je suis pas ironique !)
Bon, c'est pas "trop bien", et j'ai trouvé ça en dessous du
Pacte des Loups (mais bien meilleur que
Silent Hill), mais c'est bien.
Il est dommage, comme souvent, que les très bonnes intentions ne fassent pas un très bon film. Les intentions de
Christophe Gans, en l'occurrence, c'est de retrouver un certain esprit du cinéma populaire français. Du grand spectacle généreux, du merveilleux, de l'humour, de l'aventure, un film qui peut plaire aux petits et aux grands sans pour autant niveler par le bas et prendre les spectateurs pour des cons juste pour faire des entrées.
Ca donne un film visuellement splendide - Gans prouve encore une fois qu'il est un des meilleurs réalisateurs en France quand il s'agit de faire des trucs qui ont de la gueule. Toutes les scènes "de fantasy" pètent bien, mais c'est la moindre des choses, vu le budget du film. Ce qui frappe surtout, c'est l'atmosphère, le travail sur les décors, les costumes, le design de la bête et autres créatures... Tout ce qui tend à faire de cette nouvelle adaptation un véritable conte de fées sur grand écran. Le château et les jardins, par exemple, sont vraiment envoutants. La forêt sous la neige, les flashbacks reconstituant la vie du prince avant d'être transformé, la chasse à la biche et la malédiction, la danse de la Belle et la Bête plus belle que chez Disney, le château hanté, les roses, les statues animées... Tout est fait pour plonger le spectateur dans l'univers le plus féérique qui soit. Et, donc, du point de vue visuel, ça fonctionne parfaitement.
C'est sur le "fond" que le film pèche; et là encore c'est un défaut récurrent du réalisateur. C'est un problème lorsqu'il n'arrive pas ici à créer une alchimie entre les personnages, et aboutit à un film qui manque singulièrement d'émotions. Difficile d'adhérer notamment à l'histoire d'amour entre les deux - on ne voit pas bien comment ils tombent amoureux vu la froideur de leur relation dans toue la première moitié du film. C'est un beau livre d'images, mais plutôt creux. Ca n'a jamais rien de désagréable, et on suit ça sans problème; mais le film ne décolle jamais totalement.
Et globalement, les acteurs ne sont pas très bons.
Vincent Cassel, ça passe, même si on l'habitude de le voir bien meilleur. Mais
Léa Seydoux, c'est pas possible, quoi. Après sa mystification dans
La Vie D'Adèle, elle donne encore ici des gages à ceux qui pensent qu'elle n'est là que parce que dernier rejeton d'une famille qui a la main-mise sur le cinéma français (en plus de jouer avec ses nichons plus qu'avec son talent).
Dussolier fait du Dussolier et ça passe, mais bon, on la l'habitude... Les autres sont moyens, seuls
Audrey Lamy s'en sort vraiment dans un petit rôle marrant (on croirait voir Marion de
Scènes de Ménages). Et
Edouardo Noriega, affublé d'une voix française grave qui ne lui va pas du tout, mais a toujours autant de charisme et assure le show en méchant.
Reste que, personnellement, le cinéma de Gans me touche toujours à un certain niveau (non, c'est pas dégueu !). Logique : le gars fait partie de ceux qui ont forgé ma passion du cinéma, à l'époque où je lisais
Starfix dont il était co-fondateur. Il s'opère toujours un dialogue direct avec lui lorsque je regarde ses films, avec lesquels j'ai une relation particulière. Encore ici, donc, même si je regrette qu'il n'ait pas cette fois farci son conte de nos références communes.
Et on attend encore que Gans nous fasse le grand film dont on le sait capable. Ce mec pourrait être le
Tarantino français (ce n'est pas pour rien qu'il a travaillé avec
Roger Avary, mais malheureusement leur collaboration n'a rien donné du niveau de
Pulp Fiction) s'il y mettait un peu plus de rigueur. Et n'abandonnait pas 3 projets prometteurs sur 4 pour nous livrer un film incomplet tous les 6 ans.