Il me semblait avoir ouvert un sujet concernant le dernier film en date du trio responsable précédemment de Shaun of The Dead et Hot Fuzz - mais ça devait être sur l'ancien forum...
Donc rebelote, vu aujourd'hui :
(LE DERNIER PUB AVANT LA FIN DU MONDE d'Edgar Wright)
J'avais adoré Shaun dès la première fois au ciné; un peu moins Hot Fuzz, mais à force de le revoir en DVD je l'aime autant que le premier... Donc si je pense en sortant de la salle que ce World's End est un peu moins réussi que les deux autres, je réserve mon jugement pour les révisions futures. En tout cas, même un cran en dessous, c'est de toute façon excellent !
Après avoir revisité le film d'horreur (et plus particulièrement le film de zombies) et le film d'action (et plus particulièrement les buddy movies des années 80-90), les trois comparses s'attaquent cette fois au film de SF parano tendance Body Snatchers. Je parle bien des trois, puisque comme d'habitude Wright réalise, Pegg et Frost tiennent les premiers rôles et ont aussi écrit le film; les trois produisant et ayant travaillé au projet du début à la fin main dans la main.
Bouclant une sorte de "trilogie geek" (de leur propre aveu), ils procèdent ici comme précédemment. A savoir qu'il ne s'agit pas d'une parodie ou d'un film cynique autocritique sur le genre abordé. Mais plutôt à la fois d'une comédie et d'un film de SF parano. Cette fois, le film est plus tranché que Shaun ou Fuzz : tout le début tourne autour des aspects de comédie. Et le film bascule d'un seul coup, à la grande surprise du spectateur, par une scène de baston tétanisante, dans sa partie SF - gardant des éléments drôles (nombreux, et vraiment hilarants; mais n'étant plus néanmoins au centre du récit).
Comme dans les précédents, les deux aspects du film sont traités avec le plus grand respect, ce qui fait sa force. Les gars ne se moquent jamais de ce qu'ils racontent, et ne traitent ni le rire ni la SF par dessus la jambe. Ca donne des gags énormes et des répliques qui tuent - qui s'incrusteront probablement à la revoyure comme se sont incrustés des pans entiers des deux autres films (+ Paul). Et des scènes d'action hallucinantes lors des combats entre humains et extraterrestres, qui ne dépareilleraient pas dans un gros blockbuster américain. Pareil lorsque humour et action sont mêlés, l'alchimie fonctionne toujours aussi bien.
Si je disais que le film était peut-être un peu en dessous, c'est parce qu'il se traîne par moments - même si le rythme est effréné et qu'on ne s'ennuie pas une seconde, on voit bien que ça tourne en rond sur quelques séquences. C'est aussi à cause d'un scénario un peu plus débilo que d'habitude; j'veux dire que les deux autres films n'étaient pas d'un haut niveau intellectuel, et que ça reste ici bien écrit, mais il y a aussi quelques facilités. La manière de repousser l'invasion, par exemple, ça fait un super gag, mais c'est aussi un peu paresseux.
Reste que, si World's End n'est pas aussi abouti que Shaun of the Dead et Hot Fuzz sur certains points, c'est certainement le film où leurs thématiques sont les plus poussées. Si les deux autres étaient des films de geeks, celui-ci s'interroge profondément sur sa condition de geek. Et raconte une histoire de quarantenaires qui veulent retrouver leur jeunesse qui m'a forcément touché. Le traitement des personnages est ainsi assez ahurissant - surtout le "héros" du film interprété par Pegg. Rarement au cinéma un ado attardé se sera révélé à ce point plein de contradictions et n'aura révélé autant de profondeur touchante. C'est la même chose pour ses anciens potes d'adolescence retrouvés le temps d'une soirée dans leur petit village, et qui opposent à leurs rêves de jeunesse une vie d'adultes rangés qui ont fait une croix sur leur passé. Vers la fin du film, on multiplie les scènes entre les potes qui s'avèrent réellement émouvantes en plus d'êtres drôles - surtout la scène dans le "fumoir" où ils essaient de déterminer s'ils sont encore humains, et plus encore la dispute entre Frost et Pegg dans le dernier pub de leur chemin "ré-initiatique". Le regard porté sur les personnages est plus féroce que d'habitude, et ils osent des changements de ton radicaux qui émeuvent et font mouche (l'aveu de Frost sur sa femme qui s'est barrée, le spectre de "l'accident" qui plane sur tout le film et sa révélation, les séjours de Pegg en désintox...). On sent qu'ils ont vraiment tenu cette fois à creuser dans une direction qui n'était qu'effleurée jusque là. Et ça a fonctionné à merveille en ce qui me concerne (si je me suis senti en empathie totale avec Gary King et ses potes, je suis aussi content qu'on ne puisse plus me traiter d'ado attardé en comparaison ! ).
Ces personnages hauts en couleur sont campés par la bande d'acteurs habituelle, tous au top du top. Pegg et Frost n'ont jamais été aussi bons; Paddy Considine, Martin Freeman et Eddie Marsan ne sont pas en reste. Seule rôle féminin important, Rosamund Pike est très bien aussi. Et les apparitions clins d'oeil de Pierce Brosnan ou d'autres sont réjouissantes.
Pour relever encore la sauce, la fin du film amène un nouveau changement de perspective inattendu. Pas la toute dernière scène, sympa mais anecdotique - mais la conclusion juste avant est surprenante et jouissive.
Ajoutons encore la réalisation de Wright, qui gagne en efficacité et en fluidité à chaque film. Ici dans les scènes d'action démentes, je l'ai déjà dit, mais aussi dans les scènes plus calmes.
Ajoutons enfin la musique, qui a encore une fois été l'objet d'un soin tout particulier. Au niveau de la musique instrumentale, superbe. Mais surtout du choix des morceaux illustrant la bande sonore, toujours assuré par Nick Angel. Qui s'est ici amusé à dégotter que des chansons participant à la période adolescente de ses personnages, celle-là même qu'ils essaient de retrouver. Des chansons qui influent directement sur le récit, comme l'emblématique "I'm Free" des Soup Dragons. Ou tout un pan de britpop du début des nineties comme un Blur du début, du Suede de la grande période, du Pulp, Happy Mondays... et pas d'Oasis ! Et, comme Pegg se traîne un t-shirt Sisters of Mercy tout le long du film, il fallait bien qu'on en entende sur le générique de fin.
Note = Barathon / 6 (ça fait 5 pour l'instant, sera probablement revu à 6 comme les deux autres en DVD. et à me relire, je vois bien que les menus défauts que j'ai pu trouver au film se sont déjà évanouis).
Donc rebelote, vu aujourd'hui :
(LE DERNIER PUB AVANT LA FIN DU MONDE d'Edgar Wright)
J'avais adoré Shaun dès la première fois au ciné; un peu moins Hot Fuzz, mais à force de le revoir en DVD je l'aime autant que le premier... Donc si je pense en sortant de la salle que ce World's End est un peu moins réussi que les deux autres, je réserve mon jugement pour les révisions futures. En tout cas, même un cran en dessous, c'est de toute façon excellent !
Après avoir revisité le film d'horreur (et plus particulièrement le film de zombies) et le film d'action (et plus particulièrement les buddy movies des années 80-90), les trois comparses s'attaquent cette fois au film de SF parano tendance Body Snatchers. Je parle bien des trois, puisque comme d'habitude Wright réalise, Pegg et Frost tiennent les premiers rôles et ont aussi écrit le film; les trois produisant et ayant travaillé au projet du début à la fin main dans la main.
Bouclant une sorte de "trilogie geek" (de leur propre aveu), ils procèdent ici comme précédemment. A savoir qu'il ne s'agit pas d'une parodie ou d'un film cynique autocritique sur le genre abordé. Mais plutôt à la fois d'une comédie et d'un film de SF parano. Cette fois, le film est plus tranché que Shaun ou Fuzz : tout le début tourne autour des aspects de comédie. Et le film bascule d'un seul coup, à la grande surprise du spectateur, par une scène de baston tétanisante, dans sa partie SF - gardant des éléments drôles (nombreux, et vraiment hilarants; mais n'étant plus néanmoins au centre du récit).
Comme dans les précédents, les deux aspects du film sont traités avec le plus grand respect, ce qui fait sa force. Les gars ne se moquent jamais de ce qu'ils racontent, et ne traitent ni le rire ni la SF par dessus la jambe. Ca donne des gags énormes et des répliques qui tuent - qui s'incrusteront probablement à la revoyure comme se sont incrustés des pans entiers des deux autres films (+ Paul). Et des scènes d'action hallucinantes lors des combats entre humains et extraterrestres, qui ne dépareilleraient pas dans un gros blockbuster américain. Pareil lorsque humour et action sont mêlés, l'alchimie fonctionne toujours aussi bien.
Si je disais que le film était peut-être un peu en dessous, c'est parce qu'il se traîne par moments - même si le rythme est effréné et qu'on ne s'ennuie pas une seconde, on voit bien que ça tourne en rond sur quelques séquences. C'est aussi à cause d'un scénario un peu plus débilo que d'habitude; j'veux dire que les deux autres films n'étaient pas d'un haut niveau intellectuel, et que ça reste ici bien écrit, mais il y a aussi quelques facilités. La manière de repousser l'invasion, par exemple, ça fait un super gag, mais c'est aussi un peu paresseux.
Reste que, si World's End n'est pas aussi abouti que Shaun of the Dead et Hot Fuzz sur certains points, c'est certainement le film où leurs thématiques sont les plus poussées. Si les deux autres étaient des films de geeks, celui-ci s'interroge profondément sur sa condition de geek. Et raconte une histoire de quarantenaires qui veulent retrouver leur jeunesse qui m'a forcément touché. Le traitement des personnages est ainsi assez ahurissant - surtout le "héros" du film interprété par Pegg. Rarement au cinéma un ado attardé se sera révélé à ce point plein de contradictions et n'aura révélé autant de profondeur touchante. C'est la même chose pour ses anciens potes d'adolescence retrouvés le temps d'une soirée dans leur petit village, et qui opposent à leurs rêves de jeunesse une vie d'adultes rangés qui ont fait une croix sur leur passé. Vers la fin du film, on multiplie les scènes entre les potes qui s'avèrent réellement émouvantes en plus d'êtres drôles - surtout la scène dans le "fumoir" où ils essaient de déterminer s'ils sont encore humains, et plus encore la dispute entre Frost et Pegg dans le dernier pub de leur chemin "ré-initiatique". Le regard porté sur les personnages est plus féroce que d'habitude, et ils osent des changements de ton radicaux qui émeuvent et font mouche (l'aveu de Frost sur sa femme qui s'est barrée, le spectre de "l'accident" qui plane sur tout le film et sa révélation, les séjours de Pegg en désintox...). On sent qu'ils ont vraiment tenu cette fois à creuser dans une direction qui n'était qu'effleurée jusque là. Et ça a fonctionné à merveille en ce qui me concerne (si je me suis senti en empathie totale avec Gary King et ses potes, je suis aussi content qu'on ne puisse plus me traiter d'ado attardé en comparaison ! ).
Ces personnages hauts en couleur sont campés par la bande d'acteurs habituelle, tous au top du top. Pegg et Frost n'ont jamais été aussi bons; Paddy Considine, Martin Freeman et Eddie Marsan ne sont pas en reste. Seule rôle féminin important, Rosamund Pike est très bien aussi. Et les apparitions clins d'oeil de Pierce Brosnan ou d'autres sont réjouissantes.
Pour relever encore la sauce, la fin du film amène un nouveau changement de perspective inattendu. Pas la toute dernière scène, sympa mais anecdotique - mais la conclusion juste avant est surprenante et jouissive.
Ajoutons encore la réalisation de Wright, qui gagne en efficacité et en fluidité à chaque film. Ici dans les scènes d'action démentes, je l'ai déjà dit, mais aussi dans les scènes plus calmes.
Ajoutons enfin la musique, qui a encore une fois été l'objet d'un soin tout particulier. Au niveau de la musique instrumentale, superbe. Mais surtout du choix des morceaux illustrant la bande sonore, toujours assuré par Nick Angel. Qui s'est ici amusé à dégotter que des chansons participant à la période adolescente de ses personnages, celle-là même qu'ils essaient de retrouver. Des chansons qui influent directement sur le récit, comme l'emblématique "I'm Free" des Soup Dragons. Ou tout un pan de britpop du début des nineties comme un Blur du début, du Suede de la grande période, du Pulp, Happy Mondays... et pas d'Oasis ! Et, comme Pegg se traîne un t-shirt Sisters of Mercy tout le long du film, il fallait bien qu'on en entende sur le générique de fin.
Note = Barathon / 6 (ça fait 5 pour l'instant, sera probablement revu à 6 comme les deux autres en DVD. et à me relire, je vois bien que les menus défauts que j'ai pu trouver au film se sont déjà évanouis).