Comme je le disais sur le sujet consacré à la série (pourrave) Marseille, au bout de 15 minutes à subir ce truc, on avait préféré enchaîner sur le dernier film en date de Guédiguian : UNE HISTOIRE DE FOU.
Au-delà des gags autour de la présence inévitable de France Gall sur la bande-son du film (voir ici : https://thexphil.forumactif.org/t399-marseille-la-premiere-serie-francaise-de-netflix), ce film fait partie des moins « typiques » du réalisateur – un peu dans le prolongement de L’Armée du Crime ou Le Voyage en Arménie; ce qui pourrait s’apparenter à une trilogie à part dans sa filmographie. Un de ces films où il s’attache à ses racines arméniennes d’un point de vue historique, plutôt qu’à son microcosme marseillais habituel. En dépeignant l’histoire vraie d’un des premiers résistants face aux turcs à la fin des années 1910, et l’émergence du terrorisme arménien à la fin des années 70, Guédiguian livre un film complexe sur un sujet complexe, et tourne le dos à la facilité. Facilité qui aurait pu consister à ne voir dans ces terroristes que des héros se battant pour la liberté, ou au contraire des fanatiques sanguinaires. Le film est un peu trop long et par moments (ponctuels) ennuyeux, mais toujours intéressant.
Du coup, ça m’a donné envie de compléter la filmographie du réalisateur et de voir ses premiers films (sachant que j’avais avant quasiment tout vu depuis Marius et Jeannette). Etonnamment, quand j’en ai parlé à ma moitié, l’idée a été validée assez rapidement
On a donc enquillé sur KI LO SA ? (1985) et DIEU VOMIT LES TIEDES (1991). Qui, eux, sont vraiment des films typiques de Guédiguian : ancrés dans le quartier de l’Estaque, avec ses acteurs fétiches (Darroussin, Ascaride, l’endive Meylan etc), décrivant des tranches de vies marseillaises, plein d’enfants, de rires, de hurlements, de soleil et d’accents chantants. Le premier des deux n’est vraiment pas terrible, et d’ailleurs son échec commercial et critique fait que Guédiguian mettra 6 ans avant de pouvoir réaliser son film suivant. Dieu… est une sorte de nouvelle version du film précédent, mieux tenue, plus solide ; plus intéressant mais pas encore vraiment réussi.
Avec L’ARGENT FAIT LE BONHEUR, en 1993, Guédiguian franchit encore une étape. Il est assez notable de constater que son cinéma s’améliore encore au moment où il y intègre une part plus importante de noirceur. On est toujours du côté de la comédie de mœurs marseillaise, mais le ton se fait plus sombre, les préoccupations politiques (telles la montée du FN) ou sociales (le racisme, la pauvreté dans les ghettos des cités des quartiers nord…) se mêlent à l’histoire. Rappelons que mon film préféré de Guédiguian est La Ville est Tranquille, qui est aussi son plus sombre, violent et désespéré… je pense qu’il n’est jamais meilleur que lorsqu’il laisse son côté obscur prendre le pas sur le folklore (Lady Jane, Les Neiges du Kilimandjaro…).
Preuve en est faite avec A LA PLACE DU CŒUR, réalisé en 1998, après le succès-surprise et l’accueil fait à Marius et Jeannette. Si L’argent… n’était pas encore une franche réussite, celui-là est vraiment bien (malgré quelques acteurs « locaux » et des mioches très limites au niveau du jeu). Mêlant l’observation habituelle des prolétaires du cru avec une histoire policière et un suspense psychologique, Guédiguian trouve le bon équilibre entre toutes ses tendances. Il fera encore mieux par la suite, mais il est clair qu’on tient là une période-charnière dans la carrière du réalisateur – ou il redéfinit clairement les deux tendances principales de son cinéma. Comme une seconde naissance qui lui ouvrira les portes de la carrière qu’on connaît.
(il nous reste encore à voir ses deux premiers films Dernier été et Rouge Midi, et A la vie, à la mort !)
Au-delà des gags autour de la présence inévitable de France Gall sur la bande-son du film (voir ici : https://thexphil.forumactif.org/t399-marseille-la-premiere-serie-francaise-de-netflix), ce film fait partie des moins « typiques » du réalisateur – un peu dans le prolongement de L’Armée du Crime ou Le Voyage en Arménie; ce qui pourrait s’apparenter à une trilogie à part dans sa filmographie. Un de ces films où il s’attache à ses racines arméniennes d’un point de vue historique, plutôt qu’à son microcosme marseillais habituel. En dépeignant l’histoire vraie d’un des premiers résistants face aux turcs à la fin des années 1910, et l’émergence du terrorisme arménien à la fin des années 70, Guédiguian livre un film complexe sur un sujet complexe, et tourne le dos à la facilité. Facilité qui aurait pu consister à ne voir dans ces terroristes que des héros se battant pour la liberté, ou au contraire des fanatiques sanguinaires. Le film est un peu trop long et par moments (ponctuels) ennuyeux, mais toujours intéressant.
Du coup, ça m’a donné envie de compléter la filmographie du réalisateur et de voir ses premiers films (sachant que j’avais avant quasiment tout vu depuis Marius et Jeannette). Etonnamment, quand j’en ai parlé à ma moitié, l’idée a été validée assez rapidement
On a donc enquillé sur KI LO SA ? (1985) et DIEU VOMIT LES TIEDES (1991). Qui, eux, sont vraiment des films typiques de Guédiguian : ancrés dans le quartier de l’Estaque, avec ses acteurs fétiches (Darroussin, Ascaride, l’endive Meylan etc), décrivant des tranches de vies marseillaises, plein d’enfants, de rires, de hurlements, de soleil et d’accents chantants. Le premier des deux n’est vraiment pas terrible, et d’ailleurs son échec commercial et critique fait que Guédiguian mettra 6 ans avant de pouvoir réaliser son film suivant. Dieu… est une sorte de nouvelle version du film précédent, mieux tenue, plus solide ; plus intéressant mais pas encore vraiment réussi.
Avec L’ARGENT FAIT LE BONHEUR, en 1993, Guédiguian franchit encore une étape. Il est assez notable de constater que son cinéma s’améliore encore au moment où il y intègre une part plus importante de noirceur. On est toujours du côté de la comédie de mœurs marseillaise, mais le ton se fait plus sombre, les préoccupations politiques (telles la montée du FN) ou sociales (le racisme, la pauvreté dans les ghettos des cités des quartiers nord…) se mêlent à l’histoire. Rappelons que mon film préféré de Guédiguian est La Ville est Tranquille, qui est aussi son plus sombre, violent et désespéré… je pense qu’il n’est jamais meilleur que lorsqu’il laisse son côté obscur prendre le pas sur le folklore (Lady Jane, Les Neiges du Kilimandjaro…).
Preuve en est faite avec A LA PLACE DU CŒUR, réalisé en 1998, après le succès-surprise et l’accueil fait à Marius et Jeannette. Si L’argent… n’était pas encore une franche réussite, celui-là est vraiment bien (malgré quelques acteurs « locaux » et des mioches très limites au niveau du jeu). Mêlant l’observation habituelle des prolétaires du cru avec une histoire policière et un suspense psychologique, Guédiguian trouve le bon équilibre entre toutes ses tendances. Il fera encore mieux par la suite, mais il est clair qu’on tient là une période-charnière dans la carrière du réalisateur – ou il redéfinit clairement les deux tendances principales de son cinéma. Comme une seconde naissance qui lui ouvrira les portes de la carrière qu’on connaît.
(il nous reste encore à voir ses deux premiers films Dernier été et Rouge Midi, et A la vie, à la mort !)