à la réflexion, je n'ai pas grand-chose à ajouter à ce que je disais rapidement sur le film en rentrant du ciné hier; pas de quoi balancer une critique en bonne et due forme qui en dise beaucoup plus.
Peut-être, juste, développer les points en question.
1/ Le film est plutôt bien documenté.
Visiblement, ils ont eu des consultants qui savent à peu près comment on travaille au quotidien à la SG. Au delà d'un impression de familiarité avec ce que j'ai vu à l'écran, ça repose sur plein de petits détails comme le design des badges, l'apparence des toilettes, des espaces avec la machine à café... Jusqu'aux relations avec les services informatiques, les séminaires de cadres ou l'ambiance dans une salle de marchés. Voire, encore, les réunions, les discussions avec la hiérarchie, les pots après le boulot dans les établissements alentours (on peut reconnaître les restaurants et cafés du quartier Valmy) etc.
2/ A côté de ça, il y a aussi plein de petites erreurs factuelles. Un truc comme le fait que la tour Granite n'était pas construite au moment des faits, je leur en veux pas : ils allaient pas l'effacer numériquement sur chaque plan où elle apparaît lors d'un tournage effectué en 2015.
Mais, quand on voit le point 1 ci-dessus, c'est dommage à côté de laisser passer des détails aussi bêtes que le fait qu'aucune porte de bureau à la SG n'est équipée de hublots, qu'il n'y a pas de portes à tambours dans le hall, que les salles de marchés ne sont pas situées en hauteur... Les décors en dehors de la salle des marchés ne sont pas du tout conformes à la réalité. Pas de quoi s'arrêter dessus, et le spectateur lambda n'y verra que du feu... mais moi, ça m'a gêné à plusieurs moments (comme ça le fera probablement pour n'importe quel employé SG qui verra le film).
3/ LE vrai point problématique : ce que ça raconte.
Donc, oui, le film ne s'attache qu'à ce que j'ai appelé la "version officielle". Qui est que Kerviel est le seul responsable, que sa hiérarchie soit ne savait pas, soit n'a pas voulu voir mais c'était pas de sa faute. Que Kerviel a agi tout seul dans son coin.
On sait assez ici que je ne suis pas un pro-Kerviel - on peut même dire qu'il me sort par les trous de nez et que je lui ferais bien très mal comme ça, juste pour le plaisir. Mais c'est quand même un peu facile de sortir un film à charge qui n'observe l'affaire que par un de ses côtés. J'aurais préféré quelque-chose de plus ambigu, de moins orienté dans une seule direction. Pour être honnête, il y a bien 2-3 répliques vers la fin du film qui s'interrogent sur la manière dont on a pu en arriver là, mais c'est vraiment très léger. Il aurait été facile ne serait-ce que de soulever quelques interrogations.
(le film sortant en plus au moment d'un nouveau rebondissement dans l'affaire, c’est presque contre-productif. En voyant le déroulant final annonçant que « d’autres procédures sont toujours en cours », j’ai eu envie de rigoler).
4/ Au-delà de ça, d’un point de vue uniquement cinématographique, c’est un bon film. Pas exceptionnel, mais du thriller économique carré, qui fonctionne bien. Que du très classique, dans la manière de raconter l’histoire, avec ses scènes obligatoires, la trajectoire du personnage, etc. Mais, de la part du nullos qui avait réalisé Les Choristes, réussir même un truc bateau, c’est déjà bien !
Dans le rôle de Kerviel, Arthur Dupont est très bien (il l’était déjà dans les quelques rôles dans lesquels on a pu le voir jusque là). François-Xavier Demaison (engagé là sûrement parce qu’il a travaillé dans une banque américaine avant de s’engager dans une carrière artistique !) en fait parfois trop, mais c’est aussi dû au rôle, et il est pas mal quand même. Sabrina Ouazani n’a pas grand-chose à jouer, et les seconds rôles sont bien.
C’est juste du 4/6 pas fondamental – mais à voir malgré tout par curiosité, du fait de son sujet.