Une fois n’est pas coutume le magazine UGC a publié un article intéressant ce mois-ci, sur
Danny Boyle (y’en a un par mois, en fait, en avril une comparaison bien vue entre
The Impossible de Bayona et
Schindler de Spielberg) – dingue ! On peut y lire que le réalisateur n’a jamais fait de « grand film » au sens où on peut l’entendre en termes de critique cinématographique ; mais qu’il n’en a pas moins défini un style qui lui est propre et qu’on peut le qualifier d’auteur à part entière. Mieux : (quasiment) tous ses films sont de petites réussites, qui lui garantissent un socle de fans assidus auprès desquels il apparaît comme un réalisateur culte dont les films sont très aimés.
Faisant partie de ce socle de fans indéfectibles, ayant une tendresse particulière pour le cinéma de Danny Boyle, et comptant dans sa filmographie un paquet de films cultes qu’on ne se lasse pas de revoir chez les DianoPhil (
Trainspotting, 28 Jours plus Tard, Sunshine – principalement), je ne peux qu’abonder dans ce sens !
Et à ce titre,
TRANCE, son petit dernier, est tout à fait représentatif du cinéma de Danny Boyle tel qu’on peut l’aimer. Ce n’est pas ce qu’il a fait de mieux, je ne pense pas qu’il restera comme les films précités… mais j’ai pris un super pied à sa vision, et y ai bien retrouvé tout ce que j’aime chez le réalisateur. D’entrée de jeu, par exemple, les 10 premières minutes sont bien représentatives du style Boyle avec ce rythme endiablé qui nous plonge instantanément dans l’action, la voix-off, le montage hyper nerveux, la musique indissociable électro-pop des images, le second degré et la violence, etc. Tout au long du film ensuite, on retrouvera les ingrédients habituels des films du réalisateur, et ses trouvailles visuelles.
Après, même pour du Danny Boyle, c’est particulièrement tordu !
Le scénario, signé de son vieux complice
John Hodge multiplie les embrouilles, les chausse-trapes, les mystères et s’amuse à complexifier à outrance une histoire finalement assez simple quand on en découvre toutes les ficelles à la fin (après quelques twix dont j’avais pas vu venir certains comme toujours, mais d’autres si). On a souvent l’impression d’assister à une sorte de
Inception light et ludique, une version du film de Nolan qui ne se prendrait pas la tête et aurait décidé de tout miser sur le fun. Ca ne marche pas toujours, le scénario s’avérant finalement être un peu concon. Tout n’est pas crédible ni très cohérent dans cette histoire d’un commissaire-priseur qui a oublié où il avait planqué un tableau volé et dont ses commanditaires essaient d’extraire l’information de son cerveau à l’aide d’une thérapeute hypnotiseuse. Oui, je vous avais prévenu, ça a l’air débile, vu comme ça. Et ça l’est – sauf que très vite, ça n’a plus aucune importance, tant on se prend au jeu des péripéties abracadabrantesques de l’histoire, et de l’exercice de manipulation mis en place par Hodge et Boyle.
Il y a bien quelques chutes de rythme au cours du film ; et surtout des moments où on est à deux doigts de décrocher tellement c’est gros et qu’on n’y croit plus. Mais l’intérêt du spectateur est toujours maintenu grâce à plusieurs choses. Le savoir-faire de Boyle, principalement, qui continue donc à chaque film de nous trousser de petits objets immédiatement jouissifs et attirants. Les acteurs, ensuite, avec ici un trio composé de
James Mac Avoy, Vincent Cassel et
Rosario Dawson, tous les trois excellents et visiblement ravis de s’amuser sur ce film. La musique signée
Rick Smith, du groupe
Underworld, collaborateur de longue date de Boyle. La promesse, enfin, même si l’histoire est toute embrouillée, que tout ça se dénouera dans les dernières séquences pour révéler un plan finalement solide et machiavélique au-delà de cette structure chaotique et stupide en apparence.
Et, cerise sur le gâteau, la sublime Rosario en mode sesque avec quelques apparitions mémorables dans le plus simple appareil (pour les amateurs de l’autre sexe, les deux gars sont peu avares de leurs charmes itou).
En somme, et pour terminer comme j’ai commencé cette critique, le film est clairement à l’image de son réalisateur. Nul doute que ceux qui n’aiment pas sa réalisation pompière et bourrée d’afféteries gratuites n’aimeront toujours pas celui-ci. C'est du cinéma bourrin, qui ne s'embarrasse pas de subtilité, et qui fait tout pour produire une réaction immédiate et forte chez le spectateur. Pour les amateurs de Boyle, par contre, ça sera donc l’extase habituelle. En gros, si vous avez aimé
Petits Meutres entre amis, Trainspotting et
127 Heures, courez-y ; sinon, allez voir autre chose (mais pas
Stoker, c’est pareil – une surcharge visuelle qui prend le pas sur tout le reste
)