L'Odyssée d'Arthur C. Clarke

J'entame ce week-end un gros pavé omnibus regroupant l'intégrale des Odyssées de l'espace signées Arthur C. Clarke.

Me suis procuré un volume regroupant les nouvelles La Sentinelle et Rencontre à l'aube (les deux principales sources de Kubrick et Clarke à l'origine du film), 2001 L'Odyssée de l'espace, 2010 Odyssée 2, le long texte de prospective scientifique Le 20 juillet 2019, 2061 Odyssée 3, 3001 L'Odyssée finale.
Et avant tout ça, une introduction d'une cinquantaine de pages signée Jacques Goimard sur la genèse du premier film et du premier livre, et la collaboration entre l'auteur et le cinéaste. (texte super intéressant, le seul que j'ai lu pour l'instant).

Je ferai probablement un pause à un moment pour m'aérer un peu et lire autre chose - d'autant que je sais que les 2 derniers romans sont pas terribles (même si pas lu - et je sais pas ce que vaut 20/07/2019)... On verra ce que ça donne, et je reviendrai en parler par ici bien sûr.

(Faudra aussi que je fasse l'intégrale Rama un jour, mais on va pas enchaîner les deux, hein !)

T'avais pas déjà lu les Odyssées y'a pas si longtemps ? 2061 et 3001, c'est juste de la grosse daube !

Et Rama (Yade), j'ai trouvé ça d'un chiant !

J'ai lu 2001 (plusieurs fois) et 2010, mais y'a un bon moment...
(2001, je l'ai même lu la première fois avant de voir le film).

Les deux nouvelles sont pas mal en elles-mêmes; mais surtout intéressantes en tant que bases du film et du livre tels qu'on les connaît.

J'ai lu il y a très très longtemps 2061 qui ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable, du coup 3001 est resté à la librairie. Par contre, j'avais adoré Rama et également sa dernière saga Base Venus.

Fini 2001, qui se lit très vite.

A la relecture, c'est un bon livre de "hard science" (pour l'époque, on est loin des délires scientifiques de Baxter), mais qui souffre terriblement d'être la "version" livre de 2001-le-film-génial-de-Kubrick. C'est la même histoire, pas racontée tout à fait de la même façon; bon point. Et qui se veut être une sorte de "notice" du film; très mauvais point. En transformant une expérience sensorielle non verbale en un texte lourdement explicatif, Clarke tourne le dos à ce qui fait de 2001 un film unique. 2001 n'a pas besoin d'être expliqué - et même, c'est très bien que le film ne soit pas totalement compréhensible (d'autant plus 45 ans après sa réalisation, en ces temps de pré-machage et de nivellement intellectuel).
Et il est bien sûr rigoureusement impossible de le lire juste pour lui-même...

"Marrant" de relire 2010 juste après 2001 et en connaissant bien mieux le film de Kubrick : Clarke fait directement suite au film, plutôt qu'à son bouquin. Ainsi, il situe le Discovery en orbite autour de Jupiter, comme dans le film, alors que dans son roman tuote la fin se passait sur Saturne. Et lorsqu'il raconte la mort des astronautes et la déconnexion de Hal 9000, c'est comme dans le film, et non pas comme dans le livre.

Par rapport à son prédécesseur, 2010 Odyssée Deux a le grand avantage de ne pas être adossé à un des plus grands films du monde. Si le film de Peter Hyams (réalisé d'après le livre, et non pas conjointement comme 2001) est pas mal, il ne laissera pas vraiment de trace dans l'histoire du cinéma. Du coup, ça se lit avec l'esprit bien plus ouvert; et ça passe beaucoup mieux.

Il y a encore ici une volonté d'expliciter à tout pris les mystères de 2001, mais dans la logique de suite, ça fonctionne plutôt bien. Clarke nous offre ici à nouveau de la SF hard science sans noyer son lecteur dans les détauils techniques qui pourraient le perdre. Quand on est habitué à Baxter/Bear/Brin, c'est même un peu trop soft - mais la fascination pour l'immensité de l'espace et l'énormité des phénomènes physiques et chimiques de l'univers reste complète. Et est très bien restituée par l'auteur. Ce qui est "marrant" aussi, c'est qu'il s'efforce d'humaniser son livre en s'attanchant plus aux personnages sacrifiés sur l'autel de la froideur de 2001. Et même de le politiser, par la description d'un monde futuriste (maintenant derrière nous) en proie aux conflits entre les grandes puissances américaines, russes (soviétiques, même, haha) et chinoises. C'est assez maladroit, mais au final ça ne plombe pas le livre, au contraire - ça aussi fonctionne plutôt bien.

On regrettera quelques passages un peu lourd - notamment ce chapitre hilarant vers le début autour du message laissé par un astronaute chinois sous forme d'un long récit très littéraire dans un anglais parfait, alors qu'il est sur le point de mourir devant une menace inconnue .

Mais globalement, c'est de la bonne SF "classique", qui se lit toute seule.
C'est apparemment après, que ça se gâte... Enfin, peut-être pas avec Le 20 Juillet 2019 - que je lirai après une petite pause consacrée aux suites des aventures de Danny Torrance par le King (en anglais).

J'm'attendais pas à ce que vous vous trompiez tous les deux, mais pas à ça non plus : c'est vrai que c'est une catastrophe, 2061 !
Le pire, c'est qu'on se demande bien ce que Clarke a voulu faire là : ça raconte rien, tout ce qui fait l'intérêt des 2 précédents disparaît, ça a d'ailleurs que lointainement à voir (le personnage de Floyd, le nouveau soleil issu de Jupiter... et les 5 dernières pages, histoires de raccrocher les wagons in extremis !). C'est surtout bourré d'idées à la con (la composition des équipages, la montagne de diamants sur Europe...). On lit les pérégrinations débiles d'une bande de cons dans l'espace, jamais en danger, se balladant tranquillou au milieu de paysages exotiques sans qu'il ne leur arrive rien, discutant à n'en plus finir de sujets à la con dont on se contrefout. Super.
Un naufrage.
(et dire qu'il me reste le dernier, apparemment encore pire !  )

Sinon, le texte Le 20 juillet 2019 est pas mal dans l'idée... mais cet exercice de prospective aurait dû être lu à l'époque de son écriture. Aujourd'hui, lire comment Clarke voyait notre monde de presque-aujourd'hui ne s'avère pas captivant. Dommage, parce que là au moins c'est plein de bonnes idées, exposées sur le ton de la démonstration scientifique.
Abandonné au bout de 3 chapitres.

Bon courage pour 3001 !

J'abandonnerai si ça me gave trop - je pourrai dire que j'aurai essayé !

Bon, ben j'ai pas trouvé ça si catastrophique, 3001 L'Odyssée Finale ! C'est pas bien, hein, mais largement moins mauavis que 2061 à mon avis.
D'ailleurs, je repensais ce midi à ce calamiteux troisième volet de la saga, et sur un point notamment qui est un très bon exemple de son ratage. A la fin de 2010, les extra-terrestres font sauter Jupiter et envoient un avertissement à l'humanité, disant qu'il ne faut jamais essayer d'atterir sur Europe. Dans 2061, tout le monde a bien obéï, jusqu'à ce qu'un vaisseau soit détourné sur le satellite. On se dit alors que ça va chier, les E.T. vont pas être contents, toussa... Tu parles, rien du tout ! Les mecs se posent comme une fleur, font du tourisme, il y a même un autre vaisseau qui vient les récupérer. Et tout le monde repart tranquillou sans qu'il se soit rien passé de plus inquiétant qu'un coup de vent ! Magnifique...

Rien d'aussi merdou dans 3001, qui arrive à contenir quelques enjeux intéressants, liés au personnage de Franck Poole, l'autrs astronaute de 2001 qui est récupéré après 1000 ans de dérive dans l'espace. C'est pas pour ça que ce que raconte Clarke est très intéressant, vu qu'il semble avoir oublié toute la dimension métaphysique et la fascination de l'espace qui portait les deux premiers livres. Mais les aventures de Poole, le retour vers Jupiter, l'attaque finale contre les monolithes, se suivent plus agréablement que les tribulations ridicules des personnages sans intérêt de 2061. Le début, sous forme de vision prospective est même plutîot bien vu.
En fait, le principal reproche - mais il est énorme - que je ferai au bouquin, c'est d'être si petit bras. Arrivé là, Clarke sait qu'il vendra de toute façons des tonnes de papier en écrivant n'importe quoi, donc il abandonne toute ambition et toute exigence pour livrer un médiocre petit bouquin de SF de 150 pages sans grand intérêt. Plus d'interrogations sur l'homme et l'univers, donc, plus trop d'explorations technologiques, même plus de "sense of wonder"... Un bouquin de fonctionnaire feignasse qui se sort jamais les doigts du cul.

Quel gâchis.

Dans cet univers là, en pas mal, il y a la trilogie l'Odyssée du temps, de Baxter et Clarke, où, à mon avis, Clarke s'est contenté de mettre son nom sur la couv

Ah, faudra que je lise ça !