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Le cinéma est plus harmonieux que la vie, il n'y a pas d'embouteillages dans les films. Les films sont comme des trains qui filent dans la nuit (François Truffaut)

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SCARAMOUCHE de George Sidney

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1SCARAMOUCHE de George Sidney Empty SCARAMOUCHE de George Sidney Dim 11 Mai - 16:59

Phil


Admin

Revu aujourd'hui en DVD ce chef d'oeuvre du cinéma d'aventures signé George Sidney en 1952, avec Stewart Granger et Mel Ferrer, avec ma fille de 6 ans qui a trouvé ça aussi génial que son père !
C'est hallucinant : ce film, se terminant par le plus long et le plus beau duel à l'épée de l'histoire du cinéma, a plus de 60 ans, et ça atomise n'importe quel Hobbit ou Pirates de Caraïbes largement moins bien écrits, réalisés et joués, beaucoup moins haletant et prenant.
En plus, ça joue aussi sur la nostalgie et le côté "souvenirs des films d'après-midi de vacances ou de La Dernière Séance...

Une merveille.




(et recopiage pour l'occasion de ce que j'avais écrit dessus sur Ciao y'a 10 ans).


Ca faisait bien longtemps que je n’avais pas écrit d’avis dans le genre « Phil vous parle de ses films cultes qui n’intéressent personne » (ça faisait longtemps que j’avais pas écrit d’avis, tout simplement, mais bon…). Donc voilou, après « Marathon Man », « Near Dark » ou « Le dernier des mohicans » (entre autres), petit retour sur un autre de ces films qui brillent au firmament de mes coups de cœur, un de ceux que je peut voir sans arrêt sans me lasser et que je redécouvre toujours avec le même plaisir et la même joie béate : « Scaramouche », de George Sidney (1952).

Dans un avis publié sous mon ancien pseudo (sur « Breakfast Club », autre chef d’œuvre personnel inaltérable), je m’étendais sur la notion de film culte, notion bien galvaudée aujourd’hui, et qui se devait d’être utilisée avec parcimonie. Ce qui est certain, c’est que chaque cinéphile, ou même chaque personne s’intéressant de près au cinéma, possède une petite liste de ses propres films cultes. Films qui peuvent très bien ne pas être ses préférés, et avoir moins de valeur que d’autres œuvres plus importantes, mais qui prennent une place exceptionnelle dans son parcours et dans son cœur.

« Scaramouche » est un de ceux-là.
Peu d’historiens du cinéma viendront essayer de vous convaincre que c’est le meilleur film d’aventures classique du cinéma américain, peu d’analystes de l’image vanteront une mise en scène moderne époustouflante, rares sont les grands théoriciens qui le citeront en exemple de rigueur scénaristique… Et pourtant… « Scaramouche » est sûrement pour moi le meilleur film d’aventures classique américain, monstrueusement réalisé et doté d’une scénario incroyablement bien écrit et charpenté. Avec des acteurs en état de grâce. Et c’est très drôle, avec des répliques magnifiques. La musique est géniale. Et en plus (surtout ?), y’a le plus beau duel à l’épée jamais vu à l’écran. Et puis, et puis…

Bon, calmons nous. De quoi que ça parle, ce truc, vous demandez-vous l’écume aux lèvres ? (mais nan, je le sais bien qu’il n’y a que moi pour m’enthousiasmer encore à ce point… à l’âge qu’il a, ce pov’garçon, si c’est pas malheureux…).
A la veille de la révolution française, André Moreau (Stewart Granger) est un hédoniste qui vit de la pension annuelle d’un mystérieux mécène et fait les 400 coups aux quatre coins de Paris, notamment avec sa « fiancée », Léonore (Eleanore Parker), actrice libertine au sein d’une troupe de théâtre. Son meilleur ami, Philippe de Valmorin (Richard Anderson – le futur Oscar Goldman de « L’homme qui valait 3 milliards », si si !), est un aristocrate qui distribue secrètement des tracts révolutionnaires, jusque dans la chambre de la reine. Partis à la recherche du bienfaiteur d’André, ils rencontrent sur le chemin Aline, fille du compte de Gavrillac et propre sœur d’André (Janet Leigh), pour laquelle il éprouve un amour impossible. Ils rencontrent aussi le redoutable marquis de Maynes (Mel Ferrer), qui assassine Philippe à l’issue d’un duel à l’épée, ayant reconnu en lui le révolutionnaire qu’il était. André se jure alors de venger son ami, en s’entraînant avec le maître d’arme du marquis, pour atteindre le même niveau que lui. Dans sa fuite, il se retrouve au sein de la troupe de théâtre de son amie Léonore, où il se cache sous le masque de Scaramouche. Tout ce beau monde finira par se retrouver à Paris, alors qu’Aline de Gavrillac est promise en mariage au marquis, qu’André souhaite la protéger secrètement, que Léonore pense qu’André en aime une autre, et qu’il faut bien que les deux épéistes finissent par s’affronter, quand même, quoi…


Quand j’ai acheté le DVD récemment (voir plus bas), ma copine trépignait d’impatience de voir cette grande œuvre immortelle (en fait, elle en avait jamais entendu parler et j’ai dû l’attacher au canapé, mais bon…), mais m’a demandé quand même avant de quoi ça parlait. Et au lieu de lui faire le résumé ci-dessus, je lui ai dit « c’est l’histoire d’un mec pendant la révolution française dont le meilleur pote se fait buter par un super enfoiré. Du coup, l’autre qui est une bille, s’entraîne pour devenir un killer à l’épée et exploser sa mère à l’enfoiré, tout en se tapant la bombe du film ». Ce qui, outre le fait qu’on apprend que je m’exprime parfois comme une tanche de djeun’s, est un très bon résumé du film… mais aussi de 50 ans de cinéma d’action et d’aventure américain !
C’est dire si « Scaramouche » repose sur des bases fortes, proches d’une certaine « mythologie » cinéphilique. Et l’illustration de cette mythologie, quand elle est si bien faite qu’ici, donne un film d’une efficacité redoutable.

Parce qu’au delà de ce concept de base plutôt simple, le scénario est plein de péripéties, de rebondissements et de retournement de situations divers. Impossible de s’ennuyer tant tout s’enchaîne rapidement et logiquement. Même le dénouement « à la Molière » (« oh mon dieu, tu es ma sœur, donc bidule est mon père qu’on avait caché dans une malle, et truc est le cousin germain par alliance de mon beau-frère d’Istanbul ») ne semble pas tomber comme un cheveu dans la soupe, tant l’ensemble du film est cohérent. Toutes les situations possibles à partir de la trame de base sont explorées, toutes les relations entre les personnages (qui se perdent, se retrouvent, se cachent, se fuient, se cherchent) sont illustrées. Aux trois quarts du film, Sidney se permet même de relancer l’histoire sur d’autres chemins, en faisant entrer André Moreau à l’assemblée qui vient de se créer, compliquant un peu plus la résolution de l’intrigue.

Et on trouve de tout dans ce film : de l’humour, de l’action, du pathétisme… (private-joke, scusez moi, je m’égare !). L’aspect « aventure » offre tout ce qu’on attend de ce type de film : poursuites à cheval, cachettes, duels à l’épée nombreux et variés… L’humour repose sur les relations entre les personnages, truculents à souhaits, avec évidemment tous les quiproquos possibles et imaginables, et tout le comique de situation lié à l’identité secrète du héros. L’histoire d’amour (ou les histoires d’amours multiples) parvient à éviter tout le romantisme gnangnan des productions de l’époque, ce qui n’est pas un mince exploit.
Le contexte historique de la révolution française est plus qu’un gadget pour servir de fond sérieux à une histoire fantaisiste et intervient à plusieurs reprises sur le devant de la scène. Notamment lors de la dernière partie, quand André Moreau entre à l’assemblée (en plus du dernier plan du film avec une apparition étonnante), cette trame historique dépasse le stade de l’anecdote ou du folklore.

Le fait que « Scaramouche » soit une adaptation littéraire de l’italien Rafael Sabatini peut expliquer cette « complexité » du scénario (avec des guillemets, passke faut pas abuser, c’est pas « 2001 » non plus, hein !). Une première version de l’œuvre avait déjà été tournée en 1923 par Rex Ingram (avec Lewis Stone dans le rôle du méchant, qui incarne ici le père de Philippe) et est paraît-il déjà très bonne.
Quand la MGM décide de faire un remake de cette version (ou plutôt une réadaptation du livre), elle veut déjà mettre les petits plats dans les grands, et pense notamment à un casting au sommet duquel trônerait Laurence Olivier (tiens, faudrait que je vous fasse un avis sur « Le Limier », un jour…). Mais très vite, la préproduction devient complexe, et tous les choix sont vite chamboulés, à l’exception de celui du réalisateur du film.

Pour réaliser ce tourbillon de fantaisie, d’action et d’humour, les producteurs n’avaient guère le choix en ce début des années 50. L’âge d’or du film d’aventures semble alors révolu, à moins de s’orienter vers le western… Mais en 1948, George Sidney avait déjà apporté une pierre flamboyante à l’édifice du film de cape et d’épée avec ce qui reste encore aujourd’hui comme la meilleure adaptation ciné des « 3 Mousquetaires », avec Gene Kelly (même si ce film m’a un peu déçu quand je l’ai vu, du fait que je m’attendais à quelque chose d’aussi énorme que « Scaramouche » et que c’est quand même pas aussi réussi).
Sidney est de ces honnêtes artisans qui n’ont jamais eu les honneurs du devant de la scène mais ont toujours œuvré en coulisses pour livrer des œuvres plaisantes et sans prétention. Comme beaucoup de ces réalisateurs (Richard Fleisher, Don Siegel…), il se caractérise par une grande connaissance technique du cinéma, qui lui permet de livrer un film très bien mis en image (les plans sont superbement composés), très beau, rapide, rythmé, enivrant.

Filmé dans un technicolor flamboyant, « Scaramouche » est un régal pour les yeux. Des costumes aux décors (que ce soit dans les villes, à la campagne ou sur les planches), tout est soigné sans être pour autant trop tape-à-l’œil. Bien qu’échappant à la frénésie, la caméra bouge assez pour nous entraîner avec elle dans les aventures des personnages. Ainsi, même si le film est d’une cohérence impressionnante, on peut en dégager toute une série de scènes d’anthologie qui se suffisent en elles mêmes et peuvent se revoir infiniment : la rencontre avec Aline de Gavrillac, la mort de Philippe et la poursuite qui s’ensuit, le camouflage de Moreau en Scaramouche, ses entraînements à l’épée, les duels multiples à l’Assemblée Nationale…

Et bien sûr la scène de duel finale… On est souvent déçu quand on découvre quelque chose qui nous a été décrit comme « le meilleur de… ». Ici, nombreux sont ceux qui s’accordent à dire qu’on a affaire à « la plus grande scène de duel à l’épée du cinéma ». Et alors, qu’est-ce que ça donne ? Et bien pour une fois, la réputation de cette scène n’est pas usurpée. C’est proprement hallucinant. Pendant presque 10 minutes (bon, 6mn23 très précisément), les deux protagonistes s’affrontent dans un théâtre luxueux, au milieu des gens, sautant sur les sièges, montant et redescendant les escaliers, s’élançant entre les balcons, pour finir évidemment sur la scène. A la fois violente (c’est quand même une vengeance qui se mange bien froide après 2 heures de film) et aérienne, cette scène est l’une des meilleures de tout le cinéma d’aventure, tout simplement. Appuyée en plus par la grâce des deux acteurs et par la caméra de Sidney.

Pour jouer le rôle d’André Moreau/Scaramouche, et en l’absence d’un Errol Flynn qui commençait quand même à vieillir un peu, Sidney s’est tourné vers le candidat idéal : Stewart Granger (de son vrai nom… James Stewart ! mais bon, un mec relativement connu lui avait piqué son nom pour devenir plus célèbre que lui, méchant !). L’homme est resté célèbre pour avoir su allier qualités d’acteur et excellentes performances physiques dont un grand art dans le maniement de l’épée. Regardez tous les acteurs de cinéma d’action aujourd’hui pour vous rendre compte comme ces deux éléments sont rares… Célèbre pour avoir joué dans ce qui s’est fait de mieux dans le genre « cape et d’épée » à Hollywood (surtout « Scaramouche » et « Le prisonnier de Zenda »), il restera inoubliable dans le chef d’œuvre crépusculaire de Fritz Lang « Les contrebandiers de Moonfleet », film d’aventures noirissime et complètement timbré.
Ici, il est tout bonnement excellent. Qu’il incarne le fanfaron André Moreau, l’acteur comique Scaramouche, l’amoureux romantique, le député dépité, ou l’expert en escrime assoiffé de vengeance et aux poses colossales, il est toujours juste, drôle ou impressionnant selon le cas.

Face à lui, Miguel Ferrer livre une composition savoureuse de méchant avec une conviction effrayante. On voit qu’il a visiblement pris du plaisir à ce personnage sadique et violent. Ce qui n’étonnera pas non plus quand on connaît l’acteur, qui a souvent joué des rôles assez bizarres, avec son physique de jeune premier inquiétant.

Du côté des femmes, c’est tout d’abord, il faut bien le dire, un pur plaisir des yeux. Ben ouais, y’a Janet Leigh, donc forcément… (même si évidemment, on est loin du soutif et de la douche de « Psychose » !). Bon, en plus d’être tout au long du film dans des robes qui la mettent en valeur et d’être aussi belle que d’habitude (donc « très »), elle joue vraiment bien. Son rôle de jeune pucelle noble promise au méchant marquis et amoureuse du renégat Moreau aurait pu puer la gnangnantise, elle s’en sort au contraire très bien. Ceci en jouant dans un registre décalé par rapport à ce qu’on attendait et en se révélant finalement une femme plus forte que prévu.

L’autre femme du film, Eleanore Parker, a un rôle plus classique de gitane-actrice-élément-perturbateur, et l’assume pleinement, sans originalité, mais sans faute de goût non plus.
Les acteurs secondaires passent assez inaperçus, surtout qu’ils jouent un peu dans le cliché : Philippe de Valmorin en jeune chien fou et idéaliste, chef de la troupe de théâtre débonnaire, espions de l’assemblé mystérieux, entraîneur d’escrime droit et loyal… Ce n’est pas grave, ils ne sont vraiment pas importants par rapport au carré d’acteurs principaux autour desquels toute l’histoire se joue.

Comme tout classique qui se respecte (comme tout film, même, en fait !), « Scaramouche » se doit d’être vu en VO. En effet, non seulement vous évitez ainsi le doublage très « années 50 » bien lourdaud qui prévalait sur la copie qui j’avais enregistrée sur F3 il y a quelques années (j’ai honte, mais c’était le seul moyen de voir le film !), mais en plus vous pouvez rigoler aux noms français prononcés à l’américaine au milieu des dialogues en anglais. Ben ouais, vu que le film se passe en France au moment de la révolution, tous les noms de villes, ainsi que les prénoms et noms de famille des personnages, sont français. Et ça ajoute un charme fou à l’ensemble d’entendre Stewart Granger parler de « Doutweval dé Dijonne », aller à « Parissssss » et découvrir qu’il est le protégé du « Commmmte de Gavwiyac »…

Voir ou revoir ce film aujourd’hui est un bain de jouvence, à l’heure ou le cinéma d’action et d’aventures américain (et par extension, mondial) se cherche depuis une vingtaine d’années et peine à se retrouver (à quelques exceptions près). Jerry Bruckheimer et ses potes devraient peut-être se replonger plus souvent dans les classiques du cinéma américain, pour comprendre tout ce qui manque à leurs films. Pour apprendre à ne pas confondre rythme et hystérie, humour et clin d’oeils graveleux, action et destruction massive, personnages et caricatures…

Léger, virevoltant et fin, « Scaramouche » est un antidote à la morosité des blockbusters de l’été et réinstaure la noblesse d’un genre populaire sans être vulgaire.


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Cyrille



La dernière Séance, d'Eddy Michel, bien sûr !

Phil


Admin

Évidemment !
(avec une analyse brillante de Rio Bravo en compagnie de Jauni Smile)

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