Alfonso Cuaron

Un an après Del Toro, son pote Alfonso Cuaron remporte à son tour le Lion d'Or à Venise avec ROMA.
À vérifier bientôt sur Netflix (dans ton cul, Cannes) !

En même temps, je viens de voir le nom du président du jury : un certain Guillermo del Toro !

Roma, le 12 décembre sur Netflix

La bande-annonce de ROMA :



Comment ça va être bien !
Et comment c'est dommage de ne pas voir ça sur un grand écran...

Non, je poste pas ici aubiurd'hui pour dire que j'ai vu ROMA; c'est normalement pour demain...
Mais pour signaler que la prochaine soirée BITS au Club de L'Étoile le 25 janvier sera l'occasion de revoir le chef d'œuvre du réalisateur, LES FILS DE L'HOMME, sur grand écran, en 4K !!!
J'y serai à coup sûr.

Phil a écrit:La bande-annonce de ROMA :



Comment ça va être bien !
Et comment c'est dommage de ne pas voir ça sur un grand écran...

Bon, c'est pas le mégââââ chédoeuvre survendu depuis son Lion d'Or à Venise.
Et il est clair que le film pâtit du fait de ne pas être vu sur grand écran. Je suis persuadé que l'immersion en salle aurait été totale, contrairement à ton salon où - même si tu y mets la meilleure volonté du monde, il y aura toujours des éléme,ts extérieurs pour t'empêcher de plonger à fond dans le film.
En l'état, donc, ce n'est pas le film du siècle (ni même de l'année; même pas du mois).
C'est "juste" très bien. (ce qui est déjà très bien pour n'importe qui, mais pas pour le mec qui a fait Children of Men et Gravity).

Visuellement, c'est une splendeur totale. L'image en noir et blanc classieux toute en contrastes est magnifique. Les plans-séquences habituels du réalisateur de toute beauté. Pour une fois, c'est Alfonso Cuaron lui-même qui assure la direction de la photo de son film; mais on voit clairement qu'il a bien compris les leçons de son complice Emmanuel Lubezki. Et, sans lire le générique du film, on s'y tromperait.
Le design sonore, véritable cathédrale sonore venant en contrepoint des images très composées, est lui aussi impressionnant.
C'est quand on constate ce travail technique ahurissant qu'on se dit que le film était taillé pour le cinéma, et qu'on y perd forcément sur Netfloux.

Parce que, du coup, malgré les indéniables qualités du film, je me suis senti un peu extérieur. Malgré les efforts faits pour nous attacher à ce superbe personnage de nounou/femme de ménage/femme courage, j'ai eu du mal à me sentir impliqué. Sauf dans quelques séquences démentes, comme l'accouchement ou la scène à la mer avec les enfants, bien scotchantes.

Les acteurs sont parfaits, la mise en scène est parfaite, le scénario est parfait.
Ne manque que l'étincelle qui ferait totalement adhérer à un film à la puissance indéniable, mais froide.

Et quand on sait que le film est largement autobiographique, c'est marrant de découvrir au détour d'une scène l'origine de Gravity...

En fait, Roma est typiquement le film "ronge-crâne", qu'on ne trouve pas forcément grandiose sur le moment (cf mon post d'hier), mais qui s'incruste, reste, et se bonifie au fil du temps. La dernière fois que ça m'avait fait ça, sauf erreur, c'était la fin de Lost, dont j'avais rêvé la nuit et à laquelle j'avais repensé pendant des jours. à force d'y repenser, la puissance de la mise en scène, la manière dont Cuaron raconte des petites choses quotidiennes mais qui prennent une force universelle (et se mêlent à la grande histoire), les expérimentations etc, finissent par tracer les contours d'un très grand film.

Un film à décrypter et à analyser plus avant. Et là, pour le coup, il y a un avantage à Netflix : le fait de pouvoir revoir le film beaucoup plus facilement qu'au cinéma. ça ne remplace pas l'expérience en salles; je n'aurai pas le temps d'ici la fin de l'année (et peut-être même pas pendant mon mois gratos Netflix), mais au moins, c'est là.

Week-end spécial Alfonso Cuaron à la maison - avec 3 films en 36 heures (de mieux en mieux au fur et à mesure !)

Au départ, ça vient du fait qu'on s'est lancé dans une intégrale Harry Potter après que Lilith ait eu le coffret BR à Noël - histoire de pas mourir inculte sur le phénomène. Après avoir réussi à ne pas dormir (pour la troisième fois) devant le premier film (pas terrible), trouvé le deuxième meilleur (mais toujours pas top), on a donc regardé hier Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban. Réalisé par Cuaron en 2004, donc, entre Y Tu Mama Tambien et Children of Men, soit pas vraiment des films pour enfants ! Depuis des années, "on" me bassine avec ce film : plus sombre, plus adulte, plus flippant, mieux fout, "et c'est un de tes réalisateurs préférés" (placé aux commandes après que son pote Guillermo del Toro ait refusé de faire le film), blablabla.
Bon, ok, c'est pas mal. Allez, et même plutôt bien. Le meilleur des trois jusqu'à maintenant, et de loin; et j'imagine que ça va rester le meilleur jusqu'à la fin. On verra. En effet, c'est plus sombre; la partie de Quidditch sous la pluie, on se dit que je gamain sorcier a été balancé dans l'univers de Se7en. En effet, c'est mieux foutu; toute la dernière partie avec les paradoxes temporels, par exemple, accroche bien. Le bonus Cuaron, c'est qu'on a enfin affaire à quelque-chose qui a visuellement une sacrée gueule - même sans l'apport de son chef op Emmanuel Lubezki. Le bonus Cuaron, c'est surtout qu'après un tâcheron comme Chris Collumbus qui se contentait d'illustrer platement l'imaginaire de JK Rowling, on a là un mec qui se casse le cul pour trouver comment traduire les livres par ses idées visuelles et sa mise en scène.
Eh merde, à partir du prochain, on se tape Mike Newell et David Yates...
(12/20)

Du coup, tant qu'on y était, on a regardé cet après-midi un de ses premiers films, récupéré à la médiathèque de la ville : LA PETITE PRINCESSE. Je le savais pas avant, mais c'est une réadaptation du vieux roman victorien qui avait inspiré le dessin-animé de notre enfance (enfin, chez moi, c'était plutôt mon frère qui regardait... avec mon père !) Princesse Sarah.
Là encore, Cuaron (avec Lubezki, cette fois) transcende son matériau de base, et balance sa mise en scène virtuose pour multiplier l'impact de n'importe quel scène. Quiconque connait la japoniaiserie de 1985 sait que le récit est un kougloff édifiant de tous les malheurs du monde, qui s'abattent sur la pauvre petite fille. Le début du film ets purement dans cette veine Davix-Copperfield-ienne jusqu'à la parodie : à la 15ème tuile qui tombe sur la gueule de Sarah, j'avais plus envie de rigoler que de la plaindre. Mais... alors que le film se déroule, on finit par adhérer complètement au truc - encore une fois, parce qu'on voit un vrai putain de film, déjà. Vers la fin, il y a une scène de suspense (de nuit, sous la pluie, tiens tiens) totalement dingue et prenante; qui fait dire que si tous les films pour les mioches pouvait ressembler à ça (et arrêter de les prendre pour des cons), le monde ne s'en porterait que mieux.
(14/20)

Et, vu comme on était parti, quoi de mieux pour terminer le week-end (et se mettre de bonne humeur déprimante pour la reprise de la semaine !) qu'un bon vieux LES FILS DE L'HOMME en BR ? Je vais pas redire ici tout le bien que je pense de son chef d'oeuvre absolu, dans ma liste des 15 meilleurs films des années 2000, grand film d'anticipation, grand film politique, grand film. Et les plans-séquences du film, on en parle encore ? Non, je vais plutôt de ce pas lancer la galette (et jouir) !
(20/20)

Toujours pas décidé à m'attaquer à Harry Potter (pourtant j'ai l'intégrale à la maison).
Un jour peut-être ...

+ Gravity, revu en BR.
Un petit film pas mal.


(pour bien faire, faudrait que je profite d'avoir encore Netfloutch pour me refaire Roma)

A peu près le même constat que toi sur Roma. Visuellement, c'est très beau. La constitution de chaque plan séquence est superbe (j'ai pensé à Playtime). L'image en noir et blanc est exceptionnelle ... peut-être trop d'ailleurs au regard de l'époque à laquelle se déroule le film et du coup, la très haute définition des écrans Led dynamise super bien les contrastes (avantage TV).
Après, l'histoire est poignante, il y a de très belles scènes (l'accouchement, la plage et j'ajouterai celle du cinéma) mais ça manque d'empathie. J'ai pas réussi à me plonger dans l'histoire. Et je pense que le parti pris des plans séquences ultra chiadés y est pour quelque chose. J'étais plus attiré à décortiquer tous les détails de chaque scène, à imaginer le travail de répétition, de calage, ... etc que j'en oubliais presque qu'il y avait un drame à l'écran.

Voilà, c'est ça.
Je rends Netflix dans une semaine, vais ptet essayer de le revoir d'ici là.

Tiens, ROMA va finalement sortir en Blu-Ray chez nous, le 11 mars !

C'était le dernier des Cuaron "visibles" (hors films de ses débuts obscurs même au Mexique) qui me manquait : DE GRANDES ESPERANCES (1998) a été diffusé sur Arte pendant les fêtes. Et donc rattrapé aujourd'hui.
Comme La Petite Princesse, l'intérêt du film vient en grande partie du traitement effectué, et de la vision du réalisateur + le chef op' dans le cas présent. L'idée de moderniser le roman de Dickens et de l'adapter à l'Amérique d'aujourd'hui à la place de l'Angleterre de la fin du dix-neuvième, entre les mains de n'importe quel tâcheron, aurait donné un film lambda sans relief. Avec la caméra tentaculaire et les plans superbes d'Emmanuel Lubezki, et les idées de mise en scène de Cuaron dynamitant le film, ça donne tout de suite l'impression de voir du grand cinéma? C'est du gros drame classique, un "rise and fall" sans aucune originalité... Mais réalisé avec une classe folle, qui le transforme en spectacle flamboyant. Porté, qui plus est, par des supers acteurs en lead (Ethan Hawke est terrible, même Gwyneth Paltrow est bien) et en seconds rôles (Chris Cooper, Anne Bancroft, De Niro...).
Et puis, "Cuaron style", il y a aussi de bonnes scènes de sexe (malheureusement avec Gouinette, on peut pas tout avoir).

Bon, malgré ça, comme le visuel ne fait pas tout, c'est globalement pas exceptionnel non plus. Toute la dernière partie, notamment (avec le prisonnier qui revient à New York), et la conclusion trop abrupte, plombent le film. Comme dit plus haut, l'histoire archi classique, et les personnages itou, n'aident pas à rendre le film captivant. D'autant qu'il ne s'y passe pas grand-chose (ou alors, c'est encore dû aux aspects ultra attendus).
Disons que, pour un film qui ne m'intéressait que parce que Cuaron/Lubezki mais je m'en foutais du reste, j'y ai bien trouvé ce que j'attendais (réalisation et images impeccables), tout comme ce que je craignais (histoire bof et personnages pas intéressants).