Encore un truc auquel je croyais très très moyennement (pour ne pas dire pas du tout), et qui m'a laissé sur le cul. Accentuant encore une tendance lourde du cinéma de ces dernières années : en ce début 2014, les 3 films qui m'ont le plus emballé pour l'instant sont 3 films d'animation, assez divers (un ultra attendu d'un maître japonais, une surprise américaine sous drogues dures, un "intello-artistique" français). Je sais pas pourquoi j'étais pas tenté au départ, d'ailleurs, assez étonnant puisque j'aime beaucoup
Dionysos. Mais, déjà, le leader du groupe
Mathias Malzieux n'inspirait pas confiance en déclinant son concept sous toutes les formes - après le livre, le disque; après le disque, le film... Et mon ami le gros Luc derrière les manettes de la production était un repoussoir...
Et pourtant, à l'arrivée, c'est une réussite presque totale ! Poussé dans la salle par le ptit Hellhawk qui l'avait déjà vu deux fois ("C'est le meilleur film du mooooonde !" - faut ptet pas abuser), j'y ai traîné les pompes lourdes et le reste de la fratrie en cette fin de vacances scolaires. Et ne l'ai pas regretté.
Sous haute influence
Tim Burton / Terry Gilliam, Malzieux et son co-réalisateur
Stéphane Berla se permettent d'enfoncer les dernières oeuvres de leurs maîtres, en retrouvant la folie, la poésie et la liberté qui leur manquent furieusement aujourd'hui. C'est plein de personnages savoureux, d'idées délirantes, de trucs complètement dingues... C'est drôle et noir. Il y a même un bel hommage au cinéma des origines en tant qu'art forain (via le personnage réinventé de Georges Méliès), et partant de là au cinéma tout court.
Il y a bien un petit moment où ça tourne en rond dans la dernière partie, où ça tire un peu à la ligne - d'autant qu'on voit venir tous les éléments de la fin de l'histoire bien à l'avance. Sauf que tout ça mène à un dénouement qu'on ne voit carrément pas venir, lui - une dernière scène sublime et triste qui confirme la singularité du projet.
Et puis, il y a la bande-son, avec les chansons et les musiques de Dionysos, mortelles. On sait depuis les débuts du groupe que leur musique est très évocatrice d'images et d'univers oniriques et puissants, c'est confirmé ici. Et porté par un beau casting vocal - même
Olivia Ruiz est très bien.
Jean Rochefort, Emilie Loizeau, Arthur H, jusqu'à
Alain Bashung réssucité dans une trop courte séquence, participent aussi de la force du film.
Si on ajoute que techniquement le film n'a pas à rougir de la comparaison avec ses modèles plus friqués américains ou autres, et que visuellement ça en jette bien - on voit qu'on tient là une belle réussite du film d'animation. Qui en met plein la tronche et sait entraîner le spectateur dans son univers et l'émouvoir.