Cbyt a écrit:OKJA de Joon-Ho Bong
J'ai profité de mon dernier jour sur Netflix pour regarder le dernier Bong dont on a beaucoup entendu parler sauf pour l'essentiel son contenu : fable moderne pleine d'humanité, de sarcasme ... et de violence, qui pourrait presque ressembler à un long clip de propagande pour L214 ou La France Insoumise. Difficile de ne pas penser à l'Armée des 12 singes sur ce côté écolo et anti-capitaliste. J'ai lu E.T. ou Miazaky sur son côté humanité, c'est pas faux.
Si les idées ne sont pas neuves, il n'en va pas de l'approche de Bong qui propose un savant mélange de style sans jamais se prendre les pieds dans le tapis et tomber dans la démesure.
Un scénario bien écrit, une très belle mise en scène et un casting à la hauteur même si Jake Gyllenhaal est à la limite de la sortie de route.
Je ne sais pas si c'est bien ou pas que Netflix développe un nouveau modèle économique et si ça tiendra la route mais pour l'instant Okja comme War Machine, sans être les top films de l'année sont des productions sérieuses à l'image des séries déjà produites par la chaîne.
Pour ma part, j'ai été un peu déçu - peut-être parce que j'en attendais beaucoup (pour le film en soi, pas pour la polémique-Netflix-distribution-en-salles-festival-de-Cannes). Tout est relatif, puisque j'ai trouvé ça très bien; mais je m'attendais à quelque-chose d'énorme, que je n'ai pas vu. Comme tu dis, ça sera pas dans le top des films de l'année. Relatif aussi parce que c'est pas tous les jours qu'on voit ce type d'OVNI, et ça reste toujours plus intéressant qu'un film complètement formaté. C'est d'ailleurs là que le mode de production entre fondamentalement en jeu : en se voyant offrir une liberté (presque) totale par Netflix,
Bong Joon-Ho fait vraiment ce qu'il veut, là où des producteurs classiques, plus frileux, auraient certainement stoppé ses ardeurs.
En même temps, le délire personnel et cette liberté de ton, c'est aussi ce qui caractérise son cinéma. Et, d'un autre côté, j'aurais aimé qu'il profite un peu plus de cette liberté. On y retrouve bien son mélange des genres, ses montagnes russes émotionnelles, sa capacité à passer d'un registre à l'autre, de la violence et la pure féérie, de l'humour à la noirceur la plus profonde. Impossible de qualifier le film (si, en effet, c'est une sorte de fable satirique, mais il y a bien d'autres choses aussi), entre
Totoro, Godzilla et
Twelve Monkeys. Evidemment, c'est super bien réalisé, et c'est visuellement complètement bluffant - on n'est jamais en présence d'un téléfilm; c'est même plutôt du niveau d'un gros blockbuster qui sortirait au cinéma.
Mais il y a aussi une certaine uniformisation visuelle, un côté "assagi". Il y a surtout, à mon avis, un problème de fond : pour la première fois de sa carrière que Bong peut faire absolument ce qu'il veut avec un budget énorme, on se rend compte que ce qu'il veut, c'est pas forcément ce qu'on avait pensé jusque là.
Okja, c'est
The Host en plus gentil. Or, ce qui me plaisait, perso, dans
The Host, c'était pas la gentillesse - c'était la critique sociale, la perversion du film de monstre etc. Je me dis que s'il avait eu la même liberté sur
Snowpiercer, il en aurait fait un film de SF amerloque lambda - pas le monument de sauvagerie et de noirceur qu'on connaît !
Et le jeu en totale roue libre de
Tilda Swinton et
Jake Gyllenhaal, ça fonctionne une scène sur deux...
Pour aller vite : du 4/6, donc, là où j'espérais mon premier 6 de l'année (quoique, je sais pas si je vais pas remonter la note de
Baby Driver au maximum - ça se décidera au moment de la revoyure à sa sortie officielle
)