Quelques mois après le grand retour de David Bowie, c'est donc à un autre de ses prestigieux collègue de revenir avec un nouvel album, même si Paul Mac Cartney n'a jamais laissé 10 ans passer avant de donner de ses nouvelles. Au delà de la coïncidence, on peut se demander ce qui pousse de tels monstres sacrés de continuer à produire des disques, alors qu'ils pourraient tranquillement se reposer sur leurs lauriers, leurs comptes en banque plus que fournis, et leur statut de Dieux vivants du rock.
A l'écoute de leurs disques respectifs, il semble évident que les deux gars n'ont pas épuisé le filon de leur créativité, et ont toujours des choses à dire. Même si, dans les deux cas, on se trouve à mon avis face à des albums "pas indispensables", qui n'apportent par de pierre fondamentale à l'édifice de la pop musique et apparaîtront gentillets par rapport aux révolutions passées des Beatles ou de Ziggy Stardust.
Toujours à mon non-humble avis, Paulo s'en sort beaucoup mieux que David - même si j'aime bien The Next Day, c'est quand même un album passe-partout qui n'aurait jamais fait tant parler de lui si ce n'était pas signé Bowie, ou s'il l'avait enchaîné au précédent sans attendre 10 ans.
Mac Cartney joue lui aussi sur les références à son glorieux passé, et continue d'aligner les balades impeccables et les joyeux pop finement ciselés, comme des perles sur un collier. Et avec une facilité apparente qui laisse toujours sur le cul (et doit rendre bien jaloux pas mal de ses contemporains). On retrouve ainsi des titres très Beatlesiens (les 2 singles sortis, notamment, ou Early Days), mais aussi des moments qui font fortement penser à The Wings, ou à ses albums ultérieurs signés sous son nom.
Mais le compositeur/chanteur ne fait pas que regarder dans le rétro, et fait évoluer sa pop classique vers ds expérimentations plus modernistes, louchant parfois du côté de Radiohead ou Arcade Fire - écouter par exemple Appreciate ou Everybody Out There. Pourquoi se gêner ?, Mac Cartney a fait appel à 7 ou 8 producteurs venus d'horizons divers pour emballer cet album, intégrant ainsi des méthodes de travail et des techniques différentes permettant d'explorer un spectre plus large. Toute la fin du disque est aussi baignée dans une ambiance étrange, mélancolique et noire.
L'album est un peu trop long - 14 chansons + un morceau fantôme (superbe balade au piano que n'aurait pas reniée Lennon); et encore une fois, n'est jamais "que" une collection de chansons. Mais des putains de bonnes chansons. Et, même si c'est signé Paul Mac Cartney, pas de raison de demander un monument musical à chaque fois. Et comme il est plus que facile de s'en contenter...