Rêves et Cauchemars - le topic du fantastique en vrac

[img](va falloir lire la suite, maintenant, Le jour où les zombies ont dévoré le Père-Noël)

Lu, rapidement parce que ça fait 160 pages pas tassées avec des chapitres courts. C'est la limite du livre, qui manque fortement d'ambition, comparé au premier. Et qiu laisse un goût de trop-peu.
Mais à part ça, on est dans le même esprit, entre parodie du genre zombiesque, traitement méta, point de vue original. On est toujours en grande empathie avec le personnage principal, d'autant plus que son humour bien noir se teinte encore d'une grande dose d'humanité - l'affection pour une fillette lui rappellant la sienne remplaçant ici la redécouverte de l'amour dans le premier livre.
Et en plus des références toujours présentes, il y en a une supplémentaire à Orange Mécanique, ce qui fait toujours plaisir.

Sur un sujet proche et avec un traitement "post-moderne" comparable (mais moins ironique), j'ai commencé L'éducation de Stony Mayhall, qui au bout d'une centaine de pages et excellentissime !

Phil a écrit:Sur un sujet proche et avec un traitement "post-moderne" comparable (mais moins ironique), j'ai commencé L'éducation de Stony Mayhall, qui au bout d'une centaine de pages et excellentissime !

Et les 330 qui suivent sont encore mieux !

Complètement emballé par le livre. Très bien en soi, mais qui arrivent surtout à l'exploit d'être original et bourré d'idées sur un des thèmes les plus rabachés du fantastique actuel (le mort-vivant). Riche et bourré d'action, c'est aussi une parabole politique, une épopée qui traverse 50 ans de l'histoire des Etats-Unis (du flower power aux guerres contre le terrorisme) et une sorte d'évangile autour de la figure christique du personnage-titre.

On verra comment ça vieillit, mais à chaud, je dirais bien que c'est un roman fantastique comme on n'en lit que 2 ou 3 par an (allez, 4, les années où King nous offre un truc tiré du haut de son panier !).

Vu comme j'avais adoré son Stony Mayhall (voir juste au dessus), je ne pouvais que sauter sur le second livre de Daryl Gregory édité en France (toujours au Belial) et sorti jeudi dernier :



NOUS ALLONS TOUS TRES BIEN, MERCI

Que j'ai dévoré hier dans la journée.
Ce n'est pas un exploit en soi, parce que le livre est très court - 175 pages + un entretien avec l'auteur ajouté à la fin de l'édition française. Et c'est son principal "défaut". Je mets des guillemets, parce que le livre est très bon... mais qu'est-ce que c'est frustrant ! Il aurait pu (dû) être trois fois plus long. Et on en aurait encore redemandé.
Dans l'entretien, Gregory explique que c'était totalement volontaire; i len a marre de ces livres trop longs et voulait aller directement à l'essentiel, en laissant le lecteur combler les blancs. De ce point de vue, ça fonctionne parfaitement. Mais le concept et les personnages sont tellement riches que j'aurais aimé passer plus de temps avec eux. D'autant plus que le roman précédent de l'auteur ne souffrait pas des défauts qu'il trouve aux romans trop longs (et je suis bien d'accord avec lui).
M'enfin, vu la fin ouverte, et les propos de l'auteur lui-même, on n'imagine pas qu'il en reste là. Et il faut s'attendre à revenir explorer cet univers à l'avenir. Tant mieux !

J'ai enchaîné avec AU SERVICE SURNATUREL DE SA MAJESTE (The Rook), un premier roman signé de l'australien Daniel O'Malley - dont j'espère qu'il en écrira d'autres dans la même veine.

La critique de Bifrost dit tout du potentiel hautement divertissant de la chose :
http://www.belial.fr/blog/the-rook

Enfin, presque tout.
L'auteur n'y parle pas de l'humour nonsensique réjouissant à l'oeuvre ici. Ni ne dit que ça fait penser à un mélange de Jasper Fforde de la trilogie d'Antoine Bello (Les éclaireurs etc) dans l'univers de Hellboy.
Le genre de bouquin idéal pour se remettre tranquillement dans le bain à la fin des vacances avant de ré-attaquer des choses plus consistantes.

ZOMBIE NOSTALGIE, livre fantastique du norvégien Oysten Stene est à rapprocher su Stony Mayhall chroniqué plus haut. à savoir que c'est encore un livre qui parvient à être original à partir d'une histoire de morts-vivants - qui doit être le thème du fantastique dont on pense le plus avoir fait le tour aujourd'hui !
En l'occurrence, il faudrait reprendre le titre original du livre : Zombie Nation (qui n'a rien à voir avec la série récente Z Nation). Le postulat de base est celui d'une île perdue dans l'Atlantique Nord où se réveillent régulièrement des gens qui ne savent pas comment ils sont arrivés là. Au fil du temps, il est apparu que ces gens sont des morts n'ayant plus aucun souvenir de leur vie; qui se sont organisés tant bien que mal pour vivre en autarcie. Le livre alterne le journal du d'un de ces morts-vivants qui raconte son après-vie au service des archives de l'île, et ces archives, justement, racontant l'histoire de l'île et de ses contacts (les plus discrets possibles) avec le monde des vivants, au fil de l'histoire récente du monde.

Que ce soit à travers les péripéties du personnage principal ou à travers l'histoire plus générale de l'île, le livre brosse un tableau assez ambitieux et à tendance réaliste de ce qui pourrait découler de l'existence de cette "île de zombies". De l'organisation de la vie au quotidien à la mise en place de structure bureaucratiques et politiques, de l'interaction entre les morts et les vivants aux relations des morts entre eux, des avantages et inconvénients de la vie de tous les jours lorsqu'on n'éprouve ni émotion, ni sensation, ni douleur... L'intérêt est aussi dans la déconstruction des histoires classiques de zombies. L'histoire part du principe que des morts-vivants se sont échappés de l'île pour débarquer en Haïti et lancer les premières histoires de zombies liées au vaudou. Avant de dériver vers les zombies tels qu'on les conçoit aujourd'hui - par une pirouette que je ne vais pas révéler, mais qui est plutôt bien vue.

Au final, un livre très original, donc, facile à lire et très agréable. Moins bon à mon avis que celui de Daryl Gregory, mais quand même tip-top. Et un livre à lire pour s'aérer un peu et sortir des schémas classiques à la Walking Dead.

Troupe 52 de Nick Cutter (apparemment un pseudonyme d'auteur canadien connu) est un bon petit bouquin d'horreur, qui fait passer un bon moment. L'équivalent littéraire d'une efficace série B; pas très original, pas révolutionnaire, mais sympa.

Le problème du livre, c'est donc bien la manière dont on nous le vend. A grand renfort de citation de Stephen King sur la couverture (toujours se méfier des livres conseillés par le King - là, ça va, mais on peut facilement se retrouver à lire des daubes genre La fille du train), de Bret Easton Ellis qui s'extasie en quatrième, et de comparaison avec Sa majesté des mouches ! Un truc survendu, donc - qui laisse présager un monument du fantastique dont le livre est très éloigné. Aussi bon que soit le résultat, ça n'est jamais que du sous-King, et ça fait pitié comparé au classique de William Golding.

En fait, il semblerait que cet engouement soit dû aux côtés bien dégueus et aux aspects gore peu ragoûtants du livre. Ouais, c'est vrai, c'est bien crade comme il faut. Mais là encore, il ne faut pas trop en demander : ça reste du gros gore qui tâche, qu'on peut trouver moins impressionnant que des trucs certes moins graphiques, mais beaucoup plus dérangeants, chez d'autres (King, encore).

à lire rapido pour passer un bon moment sur la plage cet été, donc - mais pas plus que ça.

Enfin lu Les Faucheurs sont les Anges d'Alden Bell, qui traînait sur ma liseuse depuis une éternité, après une critique positive dans Bifrost.
Bah ça aurait pu continuer d'y traîner. Pas mal (et vite lu, c'est toujours ça de pris), mais dispensable. Un énième roman post-apocalyptique dans un monde ravagé par les zombies, qui ne se distingue pas spécialement dees autres, si ce n'est des biens meilleurs que lui. Par exemple L'education de Stony Mayhall de Gragory. Ou, évidemment, La Route, auquel la critique le comparait. On en est bien loin; ne serait-ce que parce qu'il n'y a pas la qualité d'écriture de Comarc Mac Carthy (lorsque Bell s'y essaye, on voit bien que c'est forcé).
Sans compter que c'est bien catho à tous les étages - dès le titre, une citation de la Bible que j'avais pas repérée, vu que je connais pas la vie de Jésus et ses potes sur le bout des doigts.

Sur le bandeau en couverture de American Elsewhere de Robert Jackson Bennett (une des premières publications de la nouvelle collection Albin Michel Imaginaire dirigée par Thomas Day), il est indiqué : "Un merveilleux cadeau pour les lecteurs de Stephen King et Neil Gaiman". C'est plutôt bien trouvé : on reconnaît en effet à la lecture les influences du King (dans la structure de l'histoire, le style, les personnages...) autant que celles de l'anglais (dans le côté "merveilleux sombre"). Sans que ça ne passe pour du pompage éhonté - Bennett écrit plutôt bien, sait construire son récit, balancer des scènes impressionnantes, etc. 

Le problème du livre, c'est qu'il fait 780 (putain de) pages. Je sais, pas mal de pavés de King sont plus longs, et je m'en plains pas pour autant. Sauf que chez King, lorsqu'il ne tire pas à la ligne pour le plaisir de faire ce qu'on attend de lui (et ça arrive), la longueur est souvent utile pour développer le roman, approfondir les personnages, multiplier les péripéties, etc... Là, on a souvent l'impression que l'auteur a délayé; l'histoire fait du surplace, et certains événements sont assez inutiles. 
Malgré ça, le livre est très recommandable. Bien foutu, plein de bonnes idées, globalement intéressant.

J'avais déjà aimé les bouquins précédents de Karim Berrouka - ancien chanteur de Ludwig Von 88 (eh oui !) reconverti en auteur de SF/Fantasy au début des années 2000.
Mais, avec CELLE QUI N'AVAIT PAS PEUR DE CTHULHU, il franchit encore une nouvelle étape qualitative. Ce dernier bouquin en date est vraiment excellent, dans le genre "comédie fantastique". Drôle, inventif, hyper rythmé, avec des références à Lovecraft bien senties et délirantes. L'auteur français rejoint là d'autres sommets illustrés par Neil Gaiman, les meilleurs Jasper Fforde ou la série Au Service Surnaturel de sa Majesté.
J'espère que la reformation récente du groupe pour un album tardif ne va pas freiner l'ascension pour l'instant irrésistible de l'écrivain.

Phil a écrit:J'avais déjà aimé les bouquins précédents de Karim Berrouka - ancien chanteur de Ludwig Von 88 (eh oui !) reconverti en auteur de SF/Fantasy au début des années 2000.
Mais, avec CELLE QUI N'AVAIT PAS PEUR DE CTHULHU, il franchit encore une nouvelle étape qualitative. Ce dernier bouquin en date est vraiment excellent, dans le genre "comédie fantastique". Drôle, inventif, hyper rythmé, avec des références à Lovecraft bien senties et délirantes. L'auteur français rejoint là d'autres sommets illustrés par Neil Gaiman, les meilleurs Jasper Fforde ou la série Au Service Surnaturel de sa Majesté.
J'espère que la reformation récente du groupe pour un album tardif ne va pas freiner l'ascension pour l'instant irrésistible de l'écrivain.

En y repensant, je me disais que le rapport à Lovecraft était vachement intéressant; au moins sur deux points :
Alors que les bouquins de l'auteur de Providence sont plombés par leur sérieux, l'humour et la légèreté de celui-là offrent un superbe contrepoint.
Et on sait que l'auteur était passablement mysogine (en plus d'être limite raciste); c'est donc assez réjouissant de lire ici les exploits d'une héroïne forte et bien caractérisée.

Bienvenue à Sturkeyville de Bob Leman est un fix-up de 6 nouvelles fantastiques autour de la ville du titre. Une petite ville "à la King" (on pense beaucoup à Castle Rock, avec ses histoires ancestrales qui ressortent régulièrement) théâtre de l'intervention de vampires, ver, créatures des bois et autres étrangetés, quand on y croise pas une maison hantée (par l'amour). Du bon fantastique old school (Lovecraft, évidemment, mais aussi Poe ou Shirley Jackson ne sont pas loin), très bien écrit; qui font regretter que l'auteur ait été aussi peu prolifique, et qu'on ait pas grand-chose d'autre à se mettre sous la dent !

Ah cool que ça t'ait plu

Tu l'as lu, du coup ?
(Ou va le faire)
(Ou pas)

oui, dès que je l'ai reçu

avant de le racheter pour te l'offrir

ça faisait une éternité que j'avais pas lu de bouquin de Graham Masterton (il n'apparaît d'ailleurs même pas dans mon fichier de suivi des lectures, qui remonte à 2005 ou 2006). J'ai donc sauté sur l'occasion et sur GHOST VIRUS lorsque je l'ai vu à la médiathèque de la ville.

Et failli abandonner au bout de 50 pages ! C'est presque "marrant", d'ailleurs : pour un auteur fantastique que je lisais quand j'étais jeune, alors que l'imaginaire était encore considéré comme de la sous-littérature, c'est aussi mal publié que dans les années 70/80. Le livre est plein de coquilles, déjà. Et super mal traduit (je ne pense pas que ce soit l'écriture de base de l'auteur - j'ai souvenir de trucs plutôt chiadés) ! J'ai l'impression que ça a été traduit par un belge, avec des "septante" et des expressions locales; mais un belge qui savait à peine parler.
En plus, il faut ajouter à tout ça un concept particulièrement tiré par les cheveux, à la limite du ridicule : on parle quand même de vêtements tuers qui transforment les gens en zombies cannibales !

Eh bien, malgré tout ça... le livre est carrément plaisant !
C'est complètement con, mais totalement assumé. Et ça aboutit à un truc complètement bourrin, hyper gore (une constante chez le "Stephen King anglais"); un page turner qui file à cent à l'heure sans jamais chercher à être autre-chose qu'un pur divertissement débile.
Idéal pour commencer l'année tranquillement, finalement.

Avant le bouquin de Mitchell (pas Eddy) dont je chante les louanges par ailleurs (lisez Utopia Avenue !!!), j'avais lu le recueil ILLUMINATIONS d'Alan Moore, paru récemment chez Bragelonne.
Du gros, du lourd, du solide; de l'écriture pointue, de l'imagination à toute épreuve; du Moore tel qu'en lui-même, tout aussi à l'aise dans l'écriture que dans le comics. Et pourtant, j'ai pas aimé la première nouvelle, mettant en péril le reste de la lecture. Heureusement, me suis accroché, et c'est finalement la seule que j'ai trouvée pas top (avec celle qui donne son titre au bouquin, éventuellement). Pour le reste, c'est du tout bon.
Et, évidemment, le gros morceau de bravoure est Ce que l'on peut connaître de Thunderman - long texte de 260 pages (un roman en soi), qui est incroyable. Moore y retrace l'histoire du comics américain via des personnages et des maisons d'éditions fictives, mais sous lesquelles on distingue parfaitement Marvel et DC, Superman, Batman et tous les autres. Le chapitre sur les adaptations d'un personnage en film qui suit scrupuleusement les véritables adaptations de Superman à l'écran est un régal. On sait que l'auteur maîtrise parfaitement le sujet; il brode autour de son érudition un récit et des personnages superbes (prends en de la graine, Dan Simmons, au lieu de ressortir es recherches de tes assistants dans des pavés chiants).

Pas une lecture facile, mais il faut en passer par là !
(du coup, lisez le Mitchell, et celui-là aussi )

Bon, ça me fait un peu peur quand même. La Voix du feu était parfois illisible, et Jérusalem totalement !

Sur tes conseils avisés, je les ai pas lus !
Là, l'avantage, c'est que tu peux sauter une ou deux nouvelles plus absconses... Sauf la très longue, mais elle est fluide, pour le coup ! À part ptet la fin.

La voix du feu, il y aurait des trucs qui te plairaient

Je le tenterai, du coup !
Je crois qu'il est à la bibli.