Après
The Chaser et
The Murderer, le coréen
Na Hong Jin nous revient avec ce nouveau film, qui a fait sensation au dernier Festival de Cannes, où il était présenté hors compétition. Et, quand on voit le bestiau, il y a de quoi comprendre cet engouement pour le film.
Car il est clair que Na a vu les choses en grand, en très grand, même.
The Strangers (Goksung), c'est 2h35 de cinéma furieux, chargé à ras-bord d'images folles et de séquences ébouriffantes. Na semble avoir écrit son scénario, réalisé, et dirigé le montage du film, sur le principe de l'accumulation constante. Le film démarre comme une enquête policière, tourne vers le fantastique et s'enfonce peu à peu dans un cinéma d'horreur glauque et désespéré. Même au coeur de chacun des genres qu'il travaille,
Goksung peut s'apparenter à un catalogue des méfaits et sévices de l'humanité : tueur en série, virus, zombies, malédictions, possessions, peurs ancestrales et modernes, fanatisme religieux... Le tout dans une spirale infernale, très gore, très violente, totalement désespérée, et sachant aussi recourir à un humour parfois totalement absurde (surtout dans le premier tiers; après, on n'a plus souvent envie de rigoler !).
En fait, le film auquel ça m'a beaucoup fait penser pendant la projection, c'est
J'ai rencontré le diable de Kim Jee-Won, autre film-fleuve coréen très violent et totalement barré.
Alors, forcément, le film finit par un peu tourner en rond, et tirer à la ligne. On a parfois l'impression que le réalisateur ne sait pas quoi faire de toute cette matière accumulée. ça aurait gagné à être un peu resseré... mais en même temps, c'est aussi l'énormité du film qui en fait cet objet hors normes et hallucinant.
C'est comme la fin, pas très compréhensible en elle-même. Mais qui parvient à évoquer tout un tas de grands concepts, encore une fois complètement dingues. Et laisse le spectateur avec une grande sensation de vide, une impression de fin du monde d'une noirceur éprouvante.
Malgré quelques défauts, une véritable expérience, extrême et jusqu'au-boutiste. Un film dont on ressort rassasié et épuisé, avec l'impression qu'on n'a pas vu un truc aussi fou depuis un paquet de temps. Et qu'on n'en reverra pas de sitôt.
Note = 5/6