Bon, on l'a vu hier (avec Cyrille), et comme j'avais ouvert un sujet spécifique dessus, je me sens bien obligé d'en parler...
Mais je suis bien emmerdé ! Parce que je sais pas trop quoi en penser, a fortiori quoi en dire. D'autant plus que j'ai pas lu le livre - ce que je vais "corriger" sous peu (il est à la bibliothèque de Nanterre).
Ce qui est clair, c'est que c'est complètement barré. Je n'en attendais pas moins du réalisateur de Kill List et Touristes adaptant l'auteur de Crash. Mais quand même. C'est justement ce qui fait que je n'ai pas d'opinion arrêtée sur le film : ça part dans tous les sens, ça accumule les scènes les plus délirantes et les plus "signifiantes", tout est au service de l'allégorie. Et tout ça se fait un peu au détriment du film en lui-même. Par exemple, comme je le disais en sortant de la salle, on a du mal à situer le point de rupture qui va faire basculer les habitants d'un immeuble ultra-moderne dans l'anarchie totale. Le film aurait pu (et dû - il est clairement trop long) durer 30 minutes de moins. Comme il aurait pu durer une heure de plus (et heureusement ce n'est pas le cas !).
A côté de ça, c'est constamment brillant, bourré d'idées, très cynique - et donc très drôle quand on apprécie l'humoir noir de chez noir - subversif; bien réalisé, avec de supers acteurs (Tom Hiddleston prouve définitivement qu'il est bien plus que Loki chez Marvel !) et une musique qui déchire (de Clint Mansell et agrémentés de tubes dont une excellente reprise de Abba par Portishead).
Pour le coup, j'ai préféré le Crash de Cronenberg, dans la famille des adaptations de Ballard. Parce qu'il y a plus de maîtrise chez le canadien que chez son collègue anglais, que le film est plus concis, et que son impact n'en est que plus fort. Après, les deux films n'ont pas grand-chose à voir, en surface. Ils se rejoignent néanmoins dans le fond, en retrouvant les obsessions de l'auteur. Leur traitement de la violence et du cul n'est pas le même mais dans les deux cas ils s'agit de montrer l'influence de la technologie et de la société sur l'être humain et d'opposer le vernis de la civilisation aux instincts animaux primaires ancestraux.
Comme souvent, je préfère ce type de film imparfait mais qui tente plein de trucs et provoque quelque-chose chez le spectateur, plutôt que le cinéma tiède de consommation courante.
Et comme c'est pas tous les jours qu'on peut voir un truc aussi zarbi, il ne faut pas le louper (en ne s'attendant pas à un chef d'oeuvre ultime du septième art) !