J'aime vraiment beaucoup cet album. Pas de la bombe nucléaire digne de NIN, mais une belle prolongation de la dernière période du groupe (dans la lignée de The Slip ou Ghosts), étendant la formule inaugurée par le premier maxi de HTDA pour l'amener le plus loin possible.
C'est un album constitué d'un seul bloc, comme un long disque d'ambiance envoutant. Les morceaux sont pour la plupart construits de la même façon, et basés sur une atmosphère électronique sombre et lente. Ils sont ainsi assez difficiles à discerner les uns des autres, et participent à cette impression d'entendre un seul bloc de musique cohérent, massif et compact.
On peut quand même isoler quelques chansons qui sortent du lot : "Keep it together" (+ l'intro du disque) - sombre et hypnotique, de toute beauté, "Ice Age" - et sa musique dépouillée constituée d'une boucle de banjo, "How long ?" - merveille electro-pop, "The loop closes" - exercice de style fascinant, ou la chanson qui donne son titre à l'album - agressive et puissante.
Plus que jamais, Reznor (avec son complice Atticus Ross) joue ici les sorciers du son. Abandonnant les rythmiques violentes de NIN, il mise tout sur le travail autour des différentes couches de musiques superposées. Triturant la moindre note, jouant des filtres, des synthés et des programmations, il livre un magma électronique où chaque son est pensé pour s'intégrer dans l'ensemble. Sur la musique vient se plaquer la voix de sa meuf Mariqueen Mandig (et parfois la sienne propre), plutôt belle (la voix - la meuf, c'est pas "belle", le mot qui convient
) et chantant juste et bien.
Si la première moitié de l'album - plus, en fait, jusqu'à "How Long ?" - est très bonne, le disque lasse quand même un peu vers la fin. Notamment à cause de l'enchaînement "Strings and attractors" / "We fade away" / "Recursive self-improvment", un peu en dessous du reste et répétitif. Ca se rattrape sur les deux derniers morceaux, mais le mal est fait; on s'intéresse moins à la dernière partie.
Ce qui n'empêche pas l'ensemble d'être bien accrocheur, et de marquer une nouvelle étape importante dans le parcours de Trent. D'autant plus que ça lui aura donné envie de relancer NIN - en servant notamment d'exutoire à ses envies de musiques purement électroniques. C'est tout bénef !