Finalement pas envie d'en parler en longueur, au risque de faire aussi long et chiant que le film; c'est bon, on a assez perdu de temps comme ça ! Alors, en quelques points...
Les côtés positifs (car il y en a, quand même !)
Evidemment, le visuel du film. Il faudrait être sacrément de mauvaise foi pour passer ça sous silence ou faire la fine bouche. Le duo Denis Villeneuve / Roger Deakins a encore fait des merveilles, et nous offre une palanquée de plans de toute beauté. Si, on pourra quand même reprocher aux séquences dans les villes futuristes de ne jamais réussir à faire oublier celles de l'original; mais ce n'est pas bien grave. La réalisation de Villeneuve, froide et mathématique, très Kubrickienne, n'est là que pour mettre en valeur les images sculptées par Deakins - et, à la limite, on ne lui en demande pas plus.
L'autre truc largement appréciable, c'est le côté totalement anti-commercial du film. On aurait pu craindre la séquelle tardive opportuniste, qui chiait sur le film original pour se transformer en grand spectacles pour ados américains décérébrés. Il n'en est rien. De par son ton, sa noirceur, ses éclairs de violence, sa complexité, sa lenteur, son refus de compromis, ce Blade Runner 2049 a tout d'un Ovni au sein de l'industrie de divertissement actuelle. Un peu comme le Mother ! d'Aronofsky.
(tiens, les deux films font partie de cette catégorie qu'on aimerait tellement défendre, mais qui déçoit d'autant plus que le produit fini rend toute défense impossible)
La musique pompière du bourrin Hans Zimmer singe suffisamment bien celle de Vangelis pour passer sans (trop de) problème.
Ryan Gosling est bien; Harrison Ford n'a rien à jouer et s'en sort donc bien; les autres acteurs passent aussi (sauf Jared Leto)
Et... voilà.
Parce que, bon, à part ça (ce qui permet au film de ne pas être complètement nul)...
C'est totalement super méga chiant ! ça dure au moins 45 minutes de trop. Chaque scène, ou presque, c'est que du blabla, des gens qui marchent lentement pour gagner du temps, alignent les actions inutiles. Non seulement c'est long, mais cette longueur est totalement artificielle. Juste pour faire un méga monstre hénaurme, un gros film autosatisfait, qui se vautre dans sa grandeur supposée.
Qui cache très difficilement un truc prétentiard au possible. Sous prétexte que le Blade Runner original s'est taillé avec les ans une réputation de mètre-étalon de la "SF intelligente" inspirée de la littérature du genre, il faudrait que la suite se montre forcément à la hauteur. Sauf que le premier n'avait pas besoin de concepts fumeux et de dialogues abscons - il parvenait à titiller l'intelligence du spectateur sans avoir à se forcer.
Et, sur le côté anti-commercial, il y a aussi la fin de merde (dont parle Cyrille), qui laisse sur une sale impression au moment où les lumières se rallument.
+ 2/3 trucs un brin racoleurs, quand même (j'étais bien content de mater le cul et les seins de Ana de Armas et Mackenzie Davis, mais c'était pas franchement vital...)
Tout ça pour dire que, même sans comparer au chef d'oeuvre de Ridley Scott - qui a 35 ans mais n'a pas pris une ride et s'avère bien plus légitime aujourd'hui que ce film récent - c'est déjà pas fôlichon.
Si on s'amuse à mettre le Scott dans la balance...
Je dirai seulement, à la décharge du film de Villeneuve, que ce dernier n'arrive jamais à rendre réel son univers, pourtant reconstitué avec bien plus de moyens que dans le premier. Dans Blade Runner, on avait un futur crédible (même si on pourra toujours rétorquer qu'on est presque à l'année du film, et qu'on ne vit pas dans cet univers), un monde cohérent dans lequel on entrait sans aucun souci, et qui nous happait au sein de son histoire. Dans 2049, ce n'est qu'un décor qui laisse le spectateur à la porte, n'interfère jamais sur l'histoire, ne sert que de toile de fond pour livrer un visuel époustouflant, mais dénué de sens. L'histoire de la catastrophe écologique, par exemple, quand est-elle exploitée dans le film ?
Encore une nouvelle preuve qu'on ne peut pas reproduire volontairement et consciemment une oeuvre miraculeuse et hasardeuse. Qui aurait mieux fait de rester unique.