Vu en avant-première ce soir,
REVENGE de Coralie Fargeat - qui sort mercredi prochain sur nos écrans. Et sera présenté demain en compétition à Gerardmer, après avoir créé la sensation dans tout un tas d'autres festivals dans le monde entier.
Dans les milieux fantasticophiles (et même en général), le film est déjà "vendu" comme le
Grave de 2018 - et c'est vrai que c'est assez facile de le voir comme ça : un film d'horreur français, un premier film, qui s'est fait remarquer dans les festivals, fait par une femme, qui sort de la Femis, avec une jeune fille énervée en tête d'affiche... Après, les deux films n'ont finalement pas grand-chose à voir, au-delà de leur manière commune de bousculer le ronron du cinéma français. Celui de Fargeat est beaucoup plus frontal, moins conceptuel et intellectuel, plus tourné vers le pur cinéma d'exploitation.
Et pourtant, c'est pas faute d'essayer, d'y mettre du "fonds". On y a encore eu droit lors de la présentation par la réalisatrice avant la projection :
Revenge serait un film féministe, qui tombe particulièrement bien en ce moment, même si elle l'a pas fait exprès. En fait de féminisme, c'est un peu comme dans
Wonder Woman : il ne suffit pas de prendre une héroïne qui fout la raclée à des mâles pour faire un film féministe. Et alors que l'héroïne de DC était une bonnasse qui faisait fantasmer l'hétéro moyen dans ses tenues moulantes, celle présente ici est une pétasse dont la réalisatrice cadre le cul à longueur de temps. Et en fait de "proposition de cinéma" présentée aussi avant la projection, le film est un simple "Rape and Revenge" où la femme violée et laissée pour morte va passer la projection à se venger violemment de ses agresseurs.
à la limite, l'aspect le plus féministe du film n'est pas dans ce qu'il montre ou raconte, mais dans ce qu'il est. Ce film furieux, pas différent de ceux réalisés par des mecs (et pas très éloigné du Tarantino de
Kill Bill, en fait) - abolissant tout simplement l'idée du genre de la personne derrière la caméra pour être juste "un film d'horreur".
Parce que, oui, la force de
Revenge, finalement, c'est bien de passer au-dessus des intentions de ses concepteurs, de s'en foutre complètement pour s'affirmer comme un pur film de genre terriblement efficace. Bien réalisé, avec une photo superbe, des bons acteurs - dont la révélation
Matilda Lutz. Et surtout, très violent et très gore - ce qui est quand même ce pour quoi on est entré dans la salle ! Sauf mes deux voisines, qui se sont caché les yeux tout le long du film, mais passons... De ce point de vue, le film remplit parfaitement son contrat; on pense même dans ses meilleurs moments à
La Colline a des Yeux version Aja. Sur plusieurs scènes dans le désert, et lors du final dans la maison aux murs couverts de sang, notamment.
Un (autre) pétit bémol néanmoins, même en restant juste sur le terrain du survival horror : on a quand même du mal à croire aux capacités de survie de l'héroïne (balancée du haut d'une falaise, embrochée par un arbre auquel elle met le feu pour se dégager, etc...); encore plus quand elle court et se bat alors qu'elle devrait être morte 12 fois. Ok, c'est un film d'horreur fantaisiste, mais ils poussent très loin la suspension d'incrédulité sur ce point.
Mais ce n'est pas bien grave, tant le film - quand il ne se prend pas la tête avec des thèmes artificiellement rattachés à l'histoire - fait plaisir à voir. Décidément, il se passe de belles choses au sein du cinéma de genre en France en ce moment... raison de plus pour aller soutenir ce bon
Revenge dès la semaine prochaine !