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COEURS PERDUS EN ATLANTIDE de Stephen King

2 participants

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Phil


Admin

CŒURS PERDUS EN ATLANTIDE est un des livres les plus étranges de Stephen King – qui compte pas mal de bouquins expérimentaux et de périodes étranges dans son œuvre. De par sa structure, de par son concept, et de la façon dont il s’intègre dans cette œuvre, justement.
La structure, donc : ni recueil de nouvelles, ni assemblage de romans courts, ni même fix-up comme il y paraîtrait au premier abord, ce Hearts in Atlantis se décompose en deux parties. La première moitié est un vrai roman complet, totalement Kingien dans son style, qui aurait pu être édité indépendamment de l’ensemble (d’ailleurs, le film sorti au début des années 2000 avec Anthony Hopkins adapte uniquement ce récit). La seconde moitié contient ce qui pourrait s’apparenter à un roman très court (ou une longue novella) et 3 textes plus courts. Dans son ensemble, tous ces textes sont rattachés les uns aux autres par un personnage féminin jouant les fils conducteurs, et d’autres qui l’ont croisée à différentes périodes.
C’est l’autre aspect du livre, son « concept », qui est d’explorer les années 60 et leurs répercussions à travers les destins de personnages croisés, à différentes étapes de leur vie. Un thème récurrent de l’auteur – auquel il reviendra brillamment dans son récent 22/11/63 auquel ce livre-ci fait beaucoup penser par moments (un détail, entre autres : l’obsession de King envers le traitement de la communauté noire à cette époque).


1960 - CRAPULES DE BAS ETAGE EN MANTEAUX JAUNES est donc le « mini roman » (pour du King, parce que 320 pages en poche quand même) constituant le gros morceau du livre. Je l’ai dit plus haut, on tient là un livre de King des plus classiques. L’histoire est celle d’un gamin qui se lie d’amitié avec le nouveau voisin mystérieux qui vient d’arriver, un vieux monsieur qui le prend sous son aile et lui apprend la vie. L’élément fantastique est introduit par le fait que cet homme étant poursuivi par de mystérieuses créatures aux pouvoirs surnaturels. Et même dans la manière dont le récit est agencé, on reconnaît les schémas habituels de l’auteur – par exemple la façon dont toutes les pièces du puzzle finissent inexorablement par aboutir à des situations cathartiques ; où chaque détail disposé à un moment finit par servir le récit. En soi, ça ne serait donc qu’un thriller fantastique de plus pour l’auteur, plutôt dans sa bonne moyenne sans être flamboyant pour autant…

Sauf que l’histoire prend tout son intérêt pour le fan de King de par ses liens avec le cycle monumental de La Tour Sombre. On ne le savait pas encore à ce moment là, mais le personnage de Ted Brautigan jouera par la suite un rôle important dans les derniers volumes de la série. Et quand on connaît la (non-)résolution des aventures de Roland, la manière dont King utilise son matériau ici est rétrospectivement d’une logique limpide.
Ce qu’on pouvait voir dès 1999, par contre, ce sont toutes les références à la saga de King, et l’évidence que ce personnage de vieux bonhomme provient directement du monde de Roland le Pistolero|/i] (monde dont il est dit clairement qu’il s’est échappé et où les « crapules de bas étage » à sa poursuite voudraient le ramener). Le livre fonctionne en fait de la même manière que le précédent Insomnie (datant de 1994) – dont le récit pouvait déjà se lire indépendamment, mais présentait des liens avec La Tour Sombre. Peu après, King était revenu temporairement à sa saga en publiant Magie et Cristal en 1996. On pressentait donc déjà avec cette première moitié de Atlantis que l’auteur avait l’intention de revenir incessamment sous peu à sa saga. Ce qui est alors étonnant, c’est que ce livre est écrit juste avant l’accident qui a failli lui couter la vie – accident dont on croit savoir qu’il est une des raisons qui ont poussé King à terminer sa saga rapidement, ayant frôlé la mort et se disant qu’il aurait pu ne jamais l’achever. On peut penser que King avait dès 1999 l’intention de revenir à La Tour Sombre, mais pas forcément en publiant les 3 derniers romans d’affilée, comme il l’a finalement fait… (et en laissant encore passer un peu de temps, quelques romans, son essai Ecriture et son Roadmaster sur lequel je reviendrai à la relecture et qui lui aussi préparait au retour de la saga).


1966 - CHASSE-CŒURS EN ATLANTIDE, le deuxième « gros » texte du livre n’a donc pas grand-chose à voir avec le premier… tout en étant en fait « LE texte fondamental » du recueil en abordant son sujet principal : les années 60, donc, mais plus particulièrement la contestation de cette époque et la guerre du Vietnam. C’est un de ces récits « naturalistes » comme King les affectionne parfois, qui suit l’histoire d’étudiants dans un campus qui découvrent la contestation en même temps qu’ils se font happer dans des tournois sans fin de jeu de carte appelé « Chasse-cœurs ». Il faut se débarrasser à la lecture de cette étrange impression qu’on lit un livre complètement différent de ce qu’on a lu jusque là (même si le personnage de Carol rattache ce récit au premier), et de la déception de ne pas entendre parler là de La Tour Sombre alors que King avait bien aguiché le fan auparavant. Ce que je n’avais pas réussi à faire la première fois, mais qui est mieux passé à la relecture, sachant ce qui m’attendait. On a alors un superbe récit aux personnages diablement attachants, et qui porte un regard aigu sur la période, et notamment sur son idéologie complexe.

Comme à la première lecture du livre, je n’ai pas réussi à m’intéresser vraiment aux 2 nouvelles 1983 – WILLIE L’AVEUGLE et 1999 – POURQUOI NOUS ETIONS AU VIETNAM. Dans les deux cas, on voit très bien où King veut en venir, sur la perte des illusions, sur les idéalistes qui ont tourné le dos aux sixties et sont devenu des yuppies, sur les ravages de la guerre du Vietnam, sur les renoncements de l’Amérique… Mais, justement, on y voit presque trop clair dans tout ça, King se prenant pour une fois les pieds dans le tapis et se révélant trop lourd dans sa démonstration. Surtout, il perd de vue ce qui fait la force de ses livres, à savoir les personnages – sacrifiés sur l’autel d’idées assénées au marteau-pilon.


1999 – AINSI TOMBENT LES OMBRES CELESTES DE LA NUIT est le court texte qui termine le livre, qui pour le coup reboucle vraiment avec la première histoire, dont il constitue un épilogue (il fait aussi ouvertement référence au second récit). Ca fait bien plaisir de retrouver Bobby Garfield et Carol Gerber à 50 ans et de refermer le livre sur une touche d’émotion avec ces personnages.


A la relecture du livre, je l’ai préféré à la première fois, où je n’avais aimé que sa première moitié. Cette fois, il n’y a que les 2 nouvelles qui m’ont gavé… Mais j’en pense quand même toujours à peu près la même chose, à savoir qu’il est très déséquilibré, et que son « concept » est un peu foireux (en tout cas pas complètement exploité). Ce n’est pas, je pense, mon côté « fan de King » le plus classique qui fait ça ; puisque j’aime en général quand il sort de ses sentiers battus pour nous faire d’autres propositions.
Plus probablement, je suis emballé par la première moitié et ses références à La Tour Sombre qui est la quintessence de l’œuvre de King ; et je ne retrouve pas cet emballement dans la suite.
Et l’idée du truc me semble trop artificielle dans son traitement pour être autre chose qu’un gadget de l’auteur qui se fait plaisir (et, malheureusement cette fois-ci, me fait moins plaisir en tant que lecteur).

https://thexphil.forumactif.org

Cyrille



C'est un de mes King préférés. Je sais j'en ai lu peu !

Phil


Admin

Ouaip, on en avait déja parlé... Pour le coup, je pense que c'est un exemple typique de notre rapport différent à l'auteur - que j'idolatre (le mot est trop fort, mais on sait comme j'aime et suis attaché à King) et toi non; et chez qui je suis sûr qu'on ne cherche pas les mêmes choses.
C'est d'autant plus fort que ses derniers livres (ou La Tour Sombre) nous touchent autant, du coup.

Mais tu commences à en avoir lu pas mal, en fait ! Smile

https://thexphil.forumactif.org

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