Depuis qu’on s’est remis sérieusement aux festivaux d’été parisiens après une trop longue pause,
Rock en Seine est redevenu un rendez-vous presque incontournable. Malgré le prix, les contraintes énervantes (c’est quand même le seul festival où on ne peut pas aller avec un Melvilou de moins de trois ans – même au
Hellfest, c’est possible !)… Et une programmation souvent en dents de scie, comme ce fut le cas cette année. On trouve toujours le moyen de retourner au Parc de Saint-Cloud, ne serait-ce qu’un jour ou deux ; pour célébrer en musique qui fait du bruit la fin de l’été, et se rebooster pour la difficile reprise.
En 2016, le choix a donc été fait de zapper le premier jour, peu intéressant à mon goût. Et d’y aller le week-end ; d’abord avec ma fille aînée le samedi (sous prétexte de la présence de son groupe-bruyant-à-minettes préféré !), puis avec Diane et Lilith le dimanche (sous prétexte de la présence d’un de nos groupes préférés de ces dernières années et d’une légende du rock qu’il était hors de question de louper).
C’est donc sous une chaleur caniculaire que je débarque avec l’ado aux alentours du parc, le samedi. Avec la crainte, redoublée en voyant la queue, d’une déshydratation totale due à des heures d’attente sous la cagnard pour cause d’état d’urgence. Finalement, les organisateurs auront bien réarrangé l’accès au festival pour que ça se déroule relativement aisément et rapidement.
Et on arrive devant la grande scène en ayant à peine loupé le début du set de
Wolfmother. Je ne connais pas bien le groupe australien, si ce n’est de nom, et du fait d’en avoir entendu quelques chansons occasionnellement. Et, du coup, j’ai été positivement impressionné par leur prestation. Je n’irais pas jusqu’à les comparer avec les glorieux ancêtres Led Zep’, mais leur rock pur et dur, qui sent la sueur et l’alcool, va clairement chercher ses influences du côté des années 60-70 éclairées par la bande à
Page & Plant. Jusqu’à la voix aigüe et braillarde du chanteur, qui accentue encore le mimétisme. Ou la guitare à double manche servant à illustrer des solos virtuoses et interminables comme on n’en entend plus depuis 30 ans. Une vraie machine à remonter le temps, qui nous replonge dans les festivals des origines et dans les racines d’un hard-rock primitif qui accroche sacrément bien les oreilles.
Une mise en bouche parfaite… d’autant plus qu’il me fallait bien ça pour me préparer à ce qui allait suivre ! Ma fille étant partie avant la fin du concert des australiens pour ne pas louper le début des
Casseurs Flowters, inutile de préciser que je ne me suis pas pressé pour aller la retrouver ! J’ai même bien pris le temps d’aller chercher mon bracelet
Cashless – permettant de payer aux stands sans monnaie. La « trouvaille de l’année » du festival ; qui serait une excellente idée si ce n’était pas en fait une contrainte : que ce soit la bouffe, la boisson ou les t-shirts, quasiment impossible de passer par un autre moyen de paiement ! Dis, m’sieur ReS : pour l’année prochaine, ne pas obliger les festivaliers à mourir de soif s’ils préfèrent payer en liquide ou en CB, ça me semble une bonne idée, non ?
Bref, je débarque sur la scène de la Cascade alors que le set d’
Orelsan,
Gringe et leurs potes est bien entamé, persuadé de ne pas avoir loupé grand-chose. Et ce que je vais en entendre ne va pas me contredire. Bon, j’avoue qu’à la base je n’ai que très peu d’intérêt pour le hip-hop en général, et j’éprouve très peu de sympathie pour
Orelsan en particulier. Forcément, ça n’aide pas. J’ai donc vaguement écouté ça pendant une vingtaine de minutes en faisant joujou avec mon portable et en espérant que ça serait bientôt terminé.
Heureusement pour moi, ma fille a déserté la scène avant la fin, trop pressée d’acheter son t-shirt et de bien se placer devant la grande scène pour son événement de la journée : le concert de
Bring Me The Horizon. Enfin, quand je dis « heureusement »…
. Groupe anglais de metal bruyant, BMTH est une sorte de succédané du
Linkin Park des débuts, mené par un
Oliver Sykes qui excite toutes les minettes avec ses tatouages en gueulant comme un damné sur tous les morceaux et en tirant la langue toutes les cinq secondes. Bon, je force un peu le trait : j’ai trouvé le concert pas si mal, en fait. Je connaissais quelques chansons qu’on m’avait fait subir avant, et il y en a même une que je trouve très bien (
True Friends). Et il faut avouer que le groupe est terriblement efficace sur scène. Après, c’est quand même bien bateau (tous les jeunes groupes de cette mouvance font la même chose), très bruyant pour pas grand-chose, et un peu fatiguant. Mais bon, les djeun’s du public se sont bien éclatés, ma fille était ravie, et j’ai pas passé un mauvais moment ; c’est le principal !
Après ce passage en priorité destiné à la jeunesse, place (enfin !) au « festival pour les adultes », avec la prestation de
La Femme sur la scène de la Cascade. J’avais déjà vu le groupe il y a trois ans au même endroit, et ça avait été un des grands moments de la journée. Eh bien rebelote cette année : le groupe français a encore une fois livré un set hallucinant, complètement flippé, intense, résolument rock and roll dans l’attitude et la musique. Alternant les morceaux du nouvel album à sortir cette semaine et de leur premier, s’achevant sur les déjà emblématiques
La Planche et
Anti-Taxis, les gars et la fille de
La Femme ont mis le feu au Parc de Saint-Cloud. Dommage que, cette fois-ci, aucun membre du groupe ne soit allé surfer dans le public comme en 2013. Mais on aura malgré tout eu notre contant de stage-diving et de petits numéros délirants pendant ou entre les chansons. J’aurais aussi noté que les chansons du second album semblent plus variées ; toujours basées sur le même mélange d’électronique et de rock originel, mais avec plus d’ambiances, de rythmes et de tons différents. A vérifier sur l’album dès vendredi…
Maintenant rassasiés de musique, il est temps de nous rassasier de junk-food de festival. On profite d’un trou dans la programmation pour manger, faire les pauses (pipi et autre) qui s’imposent, remplir les bouteilles (aucun lien avec l’action précédente)… Tout en écoutant vaguement de loin
Edward Sharpe and the Magnetic Zeros sur la grande scène. A part leur reprise de
Instant Karma, je n’ai absolument rien retenu de ce que j’ai entendu.
Pour l’avant dernier concert de la journée, j’avais prévenu ma fille : « Tu vas voir, c’est un truc bizarre, de la musique hypnotique à base de chants de baleines, avec un mec qui a inventé son propre langage. On va méditer tranquillement, fais juste gaffe de pas t’endormir ».
Tout le monde aura reconnu la définition de la musique des islandais de
Sigur Ros, groupe qui poursuit son étonnante trajectoire depuis maintenant plus de 20 ans, hors de tous les sentiers battus. Leur rock progressif « à la
Mogwaï » continue de faire son petit effet en 2016. Entre longues plages éthérées et envolées lyriques, musique planante et éclats soudains de violence, les morceaux hantés de SR invitent à vivre une expérience hors du commun. Et ils ne sont pas seulement fascinants à écouter, mais aussi à voir. Le light show accompagnant la musique était époustouflant, tout comme la présence imposante du groupe – surtout lorsque
Jonsi se met à jouer de la guitare avec son archet comme un incroyable violoncelliste moderne.
Une belle expérience musicale et un beau moment. Qu’on a juste écourté avant le dernier morceau, pour retourner une dernière fois auprès de la grande scène. Et y assister au show de mon groupe le plus attendu de la journée :
Massive Attack. J’ai pu lire par la suite pas mal de reproches sur le concert : chiant, son mal réglé, messages gnangnans diffusés sur les écrans, choix des chansons… jusqu’à la mauvaise foi ultime, la « basse trop forte » (pour un concert de
Massive Attack, hahahaha, la super blague !). Perso, je n’ai pas eu l’impression d’assister au même concert que les râleurs. C’était en effet extraordinaire de revoir le groupe de
Robert del Naja et
Grant Marshall. Venus avec un tas d’invités au chant, à commencer par l’inévitable
Horace Andy… et la surprise de voir débarquer sur scène
Tricky (« for the first time on stage with us in Paris ») ! Et avec, eux aussi, un show visuel à base d’écrans géants matraquant des messages politiques (en français !) complétant ceux de 3D entre les chansons. Notamment avant
Eurochild, qu’ils ont réintégré à la setlist depuis le Brexit. Ce soir là, j’ai bien retrouvé les sensations de cet autre soir, au premier festival
Rock en Seine, lorsqu’ils avaient déjà clôturé la soirée avec le même type de spectacle intégral bardé de chansons cultes. Ce qui ne nous rajeunit pas !
Setlist
Hymn of the Big Wheel
United Snakes
Risingson
Man Next Door
Ritual Spirit
Girl I Love You
Future Proof
Eurochild
Prayer for Rain
Angel
Inertia Creeps
Take it There
Safe From Harm
Unfinished Sympathy
(à suivre)