A force d’attente, de curiosité, d’un marketing très bien orchestré, de bandes annonces plutôt excitantes, tout ça tout ça, on en avait presque oublié que BATMAN V SUPERMAN : L’AUBE DE LA JUSTICE était un film fait par la même équipe que celle de Man of Steel. Et en particulier notre ami Zackounet Snyder derrière la caméra ; réalisateur pataud s’il en est, presque l’égal d’un Michael Bay dans la lourdeur et la destruction de masse.
Du coup, on se reprend bien ça dans la gueule, en allant finalement voir le film à sa sortie (aussi attendue que redoutée). Pas de doute : on va retrouver peu ou prou les mêmes discussions, les mêmes arguments, les mêmes « pour ou contre » que lors de la sortie de la précédente remise à niveau de Superman au cinéma. Les fans de Snyder diront que c’est génial ; ses détracteurs diront que c’est de la merde. Pour ma part, après une phase de détestation, le réalisateur me laisse finalement une impression mitigée depuis quelques films. J’avoue bien aimer son Sucker Punch, même si c’est bien aussi con que le reste (c’est bien ça, en ce qui me concerne, le problème de Snyder : qu’est-ce que c’est bête, un grand enfant de 40 ans qui s’amuse à casser tous ses jouets comme un ado attardé !)
BvP / MoS, même combat, alors ? En apparence, oui, et fermez le ban – recopiez vos critiques du film précédent (ça commence bien, mais c’est trop long et trop con et ça se perd dans des destructions de masse bruyantes et fatigantes) et on n’en parle plus.
Sauf que c’est aussi un peu plus compliqué que ça. Parce que le film doit en plus se coltiner tout un cahier des charges qui alourdit encore la chose. Non content d’être une suite à Man of Steel, c’est aussi la pierre angulaire d’un DC-Universe conçu pour concurrencer le Marvel-verse qui fait engranger des milliards de dollars à Disney chaque année. Et, en cela, une sorte de préquelle au futur Justice League (confié aussi à Zack Snyder ; ouf, on a échappé au grand film que George Miller aurait pu en faire ). Et à Wonder Woman (qui nous permettra au moins de revoir Gal Gadot dans le costume de l’amazone – c’est toujours ça de pris !), Aquaman, Flash et autres. Et un énième reboot de Batman…
Ça commence à faire beaucoup.
Et c’est justement ça le souci. Même en 2h30 interminables, difficile de caser tout ça. Ou plutôt, si, ils arrivent bien à caser ces éléments… jamais à les développer suffisamment. Le film est bourré jusqu’à la gueule d’idées lancées en l’air et non exploitées. Wonder Woman ne sert à rien – autant attendre son propre film. Les autres Méta-Humains sont à peine évoqués dans une vidéo de 3 minutes. L’affrontement du titre entre les deux super-héros se termine avant d’avoir commencé (dommage, la scène est l’une des meilleures du film). des personnages apparaissent et disparaissent pour rien. Le personnage de Lex Luthor est incompréhensible. Etc.
Le film souffre aussi d’un rythme assez étrange. On s’ennuie pas mal dans la première moitié, du fait qu’il faudrait gérer tous les enjeux engagés sur le papier. Et lorsque la seconde moitié et son déferlement d’action arrive, on regrette presque le début, tant c’est épuisant pour pas grand-chose.
Rien à sauver, alors ? Ben si, quand même !
Parce que, si j’ai choisi d’axer principalement sur ce qui ne va pas, le film est quand même loin d’être raté. J’ai même trouvé ça mieux que Man of Steel, en fait. Bon, ok, c’était pas difficile. Il y a même pas mal de bonnes choses ; ce qui est en fait assez rageant : le film aurait pu être complètement réussi s’ils avaient accentué la pression sur ces points positifs.
Le début du film, notamment, est très bien. Après le générique qui nous rejoue la mort des parents de Bruce Wayne pour la centième fois, la première scène revient sur la bataille de Metropolis à la fin de Man of Steel… mais du point de vue de Wayne, présent en ville à ce moment là. Et qui assiste, médusé, à la destruction de quartiers entiers et à la mort de victimes collatérales, alors que Superman et Zod se foutent sur la gueule. D’où l’enjeu de base du film : celui de la responsabilité des super-héros sur le « monde réel » dans lequel ils vivent, l’impunité de leurs actes aux yeux de la loi et des citoyens, les conséquences de leurs actions sur la vie des gens. C’est bien gentil de bastonner du super-vilain, de défendre la veuve et l’orphelin et le drapeau américain, mais si c’est pour causer des trillions de dollars de dégâts et entraîner des centaines de morts, il faut peut-être se poser des questions.
Cette thématique, au cœur de l’affrontement du titre opposant deux visions entre l’extraterrestre héroïque et naïf et le Chevalier Noir blasé revenu de tout, amène une tension dramatique qui tient le film jusqu’à la baston tant attendue entre les deux – à peu près au milieu. Tout n’est pas parfait – comme je le disais plus haut, c’est un peu avare en action et on s’emmerde un chouia – mais ça tient bien. Dommage que tout ça parte ensuite en sucette (expression complètement con : c'est très bon, les sucettes !).
Il reste encore aussi quelques bonnes choses dans la deuxième moitié. Notamment le fait que certaines scènes spectaculaires sont plutôt bien foutues (l’affrontement de Batman et des hommes de main de Luthor, le passage dans l’espace de Superman…). Pas toutes : Snyder a laissé de côté ses images « tout numériques » moches, mais pas son montage à la truelle et son choix toujours étonnant du plus mauvais angle possible où placer sa caméra. Et, par moments, on ne comprend rien à ce qui se passe (la grosse bataille contre le gloumoute est un calvaire).
Et il y a un truc à la fin que je ne vais pas spoiler, mais qui est plutôt sympa. Même si on n'y croit pas une seconde (et que c'est quand même un peu trop étiré... comme tout le film, quoi)
A noter aussi, des acteurs et actrices plutôt impliqués et d’un bon niveau – ce qui est toujours un plus dans ce type de films (où certains jouent parfois pour payer leurs impôts, et ça se voit). Ben Affleck reprend le rôle de Batman après 52 de ses collègues, et parvient à en faire quelque-chose de relativement nouveau et original, dans le côté « héros fatigué ». Si, face à lui, Henry Cavill est quelconque (aussi parce qu’il n’a rien à jouer ; on a vu qu’il pouvait être très bien dans Man fron U.N.C.L.E. par exemple), le reste du casting assure : Gal Gadot, Jeremy Irons, Amy Adams, Holly Hunter… Et Jesse Eisenberg, qui nous refait son Zuckerberg de Social Network en plus flippé.
En résumé, le premier blockbuster de l’année 2016 est un gros machin boursouflé, plein de bonnes intentions bouffées par l’écrasant système qui l’a mis en chantier.
C’est pas mauvais, et on peut y trouver ponctuellement de bonnes raisons de s’amuser. Mais c’est plus un produit qu’un film. Et c’est bien triste.
Note = 3/6
Du coup, on se reprend bien ça dans la gueule, en allant finalement voir le film à sa sortie (aussi attendue que redoutée). Pas de doute : on va retrouver peu ou prou les mêmes discussions, les mêmes arguments, les mêmes « pour ou contre » que lors de la sortie de la précédente remise à niveau de Superman au cinéma. Les fans de Snyder diront que c’est génial ; ses détracteurs diront que c’est de la merde. Pour ma part, après une phase de détestation, le réalisateur me laisse finalement une impression mitigée depuis quelques films. J’avoue bien aimer son Sucker Punch, même si c’est bien aussi con que le reste (c’est bien ça, en ce qui me concerne, le problème de Snyder : qu’est-ce que c’est bête, un grand enfant de 40 ans qui s’amuse à casser tous ses jouets comme un ado attardé !)
BvP / MoS, même combat, alors ? En apparence, oui, et fermez le ban – recopiez vos critiques du film précédent (ça commence bien, mais c’est trop long et trop con et ça se perd dans des destructions de masse bruyantes et fatigantes) et on n’en parle plus.
Sauf que c’est aussi un peu plus compliqué que ça. Parce que le film doit en plus se coltiner tout un cahier des charges qui alourdit encore la chose. Non content d’être une suite à Man of Steel, c’est aussi la pierre angulaire d’un DC-Universe conçu pour concurrencer le Marvel-verse qui fait engranger des milliards de dollars à Disney chaque année. Et, en cela, une sorte de préquelle au futur Justice League (confié aussi à Zack Snyder ; ouf, on a échappé au grand film que George Miller aurait pu en faire ). Et à Wonder Woman (qui nous permettra au moins de revoir Gal Gadot dans le costume de l’amazone – c’est toujours ça de pris !), Aquaman, Flash et autres. Et un énième reboot de Batman…
Ça commence à faire beaucoup.
Et c’est justement ça le souci. Même en 2h30 interminables, difficile de caser tout ça. Ou plutôt, si, ils arrivent bien à caser ces éléments… jamais à les développer suffisamment. Le film est bourré jusqu’à la gueule d’idées lancées en l’air et non exploitées. Wonder Woman ne sert à rien – autant attendre son propre film. Les autres Méta-Humains sont à peine évoqués dans une vidéo de 3 minutes. L’affrontement du titre entre les deux super-héros se termine avant d’avoir commencé (dommage, la scène est l’une des meilleures du film). des personnages apparaissent et disparaissent pour rien. Le personnage de Lex Luthor est incompréhensible. Etc.
Le film souffre aussi d’un rythme assez étrange. On s’ennuie pas mal dans la première moitié, du fait qu’il faudrait gérer tous les enjeux engagés sur le papier. Et lorsque la seconde moitié et son déferlement d’action arrive, on regrette presque le début, tant c’est épuisant pour pas grand-chose.
Rien à sauver, alors ? Ben si, quand même !
Parce que, si j’ai choisi d’axer principalement sur ce qui ne va pas, le film est quand même loin d’être raté. J’ai même trouvé ça mieux que Man of Steel, en fait. Bon, ok, c’était pas difficile. Il y a même pas mal de bonnes choses ; ce qui est en fait assez rageant : le film aurait pu être complètement réussi s’ils avaient accentué la pression sur ces points positifs.
Le début du film, notamment, est très bien. Après le générique qui nous rejoue la mort des parents de Bruce Wayne pour la centième fois, la première scène revient sur la bataille de Metropolis à la fin de Man of Steel… mais du point de vue de Wayne, présent en ville à ce moment là. Et qui assiste, médusé, à la destruction de quartiers entiers et à la mort de victimes collatérales, alors que Superman et Zod se foutent sur la gueule. D’où l’enjeu de base du film : celui de la responsabilité des super-héros sur le « monde réel » dans lequel ils vivent, l’impunité de leurs actes aux yeux de la loi et des citoyens, les conséquences de leurs actions sur la vie des gens. C’est bien gentil de bastonner du super-vilain, de défendre la veuve et l’orphelin et le drapeau américain, mais si c’est pour causer des trillions de dollars de dégâts et entraîner des centaines de morts, il faut peut-être se poser des questions.
Cette thématique, au cœur de l’affrontement du titre opposant deux visions entre l’extraterrestre héroïque et naïf et le Chevalier Noir blasé revenu de tout, amène une tension dramatique qui tient le film jusqu’à la baston tant attendue entre les deux – à peu près au milieu. Tout n’est pas parfait – comme je le disais plus haut, c’est un peu avare en action et on s’emmerde un chouia – mais ça tient bien. Dommage que tout ça parte ensuite en sucette (expression complètement con : c'est très bon, les sucettes !).
Il reste encore aussi quelques bonnes choses dans la deuxième moitié. Notamment le fait que certaines scènes spectaculaires sont plutôt bien foutues (l’affrontement de Batman et des hommes de main de Luthor, le passage dans l’espace de Superman…). Pas toutes : Snyder a laissé de côté ses images « tout numériques » moches, mais pas son montage à la truelle et son choix toujours étonnant du plus mauvais angle possible où placer sa caméra. Et, par moments, on ne comprend rien à ce qui se passe (la grosse bataille contre le gloumoute est un calvaire).
Et il y a un truc à la fin que je ne vais pas spoiler, mais qui est plutôt sympa. Même si on n'y croit pas une seconde (et que c'est quand même un peu trop étiré... comme tout le film, quoi)
A noter aussi, des acteurs et actrices plutôt impliqués et d’un bon niveau – ce qui est toujours un plus dans ce type de films (où certains jouent parfois pour payer leurs impôts, et ça se voit). Ben Affleck reprend le rôle de Batman après 52 de ses collègues, et parvient à en faire quelque-chose de relativement nouveau et original, dans le côté « héros fatigué ». Si, face à lui, Henry Cavill est quelconque (aussi parce qu’il n’a rien à jouer ; on a vu qu’il pouvait être très bien dans Man fron U.N.C.L.E. par exemple), le reste du casting assure : Gal Gadot, Jeremy Irons, Amy Adams, Holly Hunter… Et Jesse Eisenberg, qui nous refait son Zuckerberg de Social Network en plus flippé.
En résumé, le premier blockbuster de l’année 2016 est un gros machin boursouflé, plein de bonnes intentions bouffées par l’écrasant système qui l’a mis en chantier.
C’est pas mauvais, et on peut y trouver ponctuellement de bonnes raisons de s’amuser. Mais c’est plus un produit qu’un film. Et c’est bien triste.
Note = 3/6