Et d'une - 2 to go !
Première journée en dents de scie, mais globalement de qualité, avec notamment 2 grands concerts (dont un, c'est pas surprenant).
Arrivé (après m'être garé sans problème dans le centre de Saint Cloud) pour les 4 dernières chansons de Big Black Delta, j'ai regretté d'avoir loupé le début. De l'électro-pop puissante avec machines, un batteur, et le chanteur tatoué qui se la joue. Ca fonctionne plutôt bien. En point d'orgue : une reprise bien barrée de "Orinoco Flow" de Enya.
Penser à écouter à l'occasion ce que ça donne en studio.
Enchaîné avec Savages, groupe de meufs tout en noir (sauf les zoulies escarpins roses de la chanteuse) genre post-punk énervé braillard. Pas mal sur 3-4 chansons, fatiguant après. D'autant que, toutes débutantes qu'elles sont, elles ont quand même abîmé les oreilles de ceux qui sont restés (donc pas moi) pendant une heure pleine.
Je suis donc parti avant la fin, pour m'épargner la fin de leur set, et être bien placé pour Belle and Sebastian. Jamais été super fan de leur pop chichiteuse. Et de fait il y avait des moments où on se serait cru chez Phoenix - groupe que je vais prendre bien soin de louper demain, c'est pas pour me l'infliger aujourd'hui par procuration. Malgré ces quelques fautes de goût, leur set s'est révélé tout à fait sympathique. Et sous un soleil liquéfiant à ce moment là, c'était tout à fait le concert qu'il fallait. Le groupe semblait vouloir montrer à Arcade Fire qu'eux aussi pouvaient être pleins sur scène (dont certains musiciens en fond de scène qui s'occupaient comme ils pouvaient quand ils n'avaient rien à faire), et faire une musique à l'avenant. Comme si ce n'était pas suffisant, ils ont fait monter une bonne vingtaine de personnes du public pour danser et faire les dingos sur 2 chansons. Et le leader, peu connu pour ses frasques festives, s'est révélé étonnant sur scène (avec un bon gag en bonus : "I saw a scottish flag arounf there... Be honest : is it for us, or for Franz Ferdinand ?").
Petite pause en attendant le gros morceau de cette première journée, l'enchaînement des concerts de Johnny Marr, Alt-J et Franz Ferdinand. Je me place près de la scène pour le premier, en entandant vaguement sur la scène de la Cascade Tomahawk, groupe de gros métal moche et lourdingue avec chanteur dégueulant dans le micro.
Johnny Marr, donc, qui a débarqué à l'heure dite 7 ans après qu'on ait vu son meilleur ennemi Morrissey ici même (j'aurais donc vu les Smiths en live ! bon, séparément, mais quand même)... pour un concert monstrueux, qui pourrait donner des boutons au Moz tellement son ancien complice tient mieux la route que lui sur scène ! En 2 minutes, Marr démontre aux Gallagher et consorts que l'original vaudra toujours mieux que la copie. Et en 50, il aligne les bombes pop-rock acides et énervées en s'imposant comme un formidable frontman. L'extase est atteinte lorsqu'il nous ressort des chansons de Smiths qui mettent le public (un peu venu pour ça, il faut bien le dire) en transe. Du Bigmouth Strikes Again qui bute, du How Soon is Now énorme (meilleure que celle de Morissey en 2006), du There Is a Light That Never Goes Out pour finir le set en apothéose. De ses compositions perso et récentes, j'ai relevé The Messenger qui m'avait l'ait excellente, et Generate ! Generate ! à peine moins mortelle.
A peine Marr nous a-t-il laissé à genoux qu'il faut se précipiter vers la scène adjacente, où commence le concert de Alt-J. Gros buzz autour de ce groupe en ce moment, qui était très attendu à Rock en Seine. Certainement trop, en ce qui me concerne : c'est peu de dire que ça m'a laissé de marbre. Je ne nie pas qu'ils ont certainement du talent, voire même qu'ils sont probablement très doués. Mais leur musique cérébrale et expérimentale passe très mal en live, du moins quand on ne connaît pas l'album. C'est un peu comme aller écouter Radiohead en concert sans connaître aucun de leur morceau. Y'a un grand risque de se faire chier, et c'est ce qui m'est arrivé.
Alors, comme de toute façon j'étais très mal placé et je ne les voyais que vaguement sur les écrans - ou alors de loin en tout petit - j'ai préféré m'éloigner de la scène pour aller me placer pour mon concert le plus attendu de la soirée (tout en les entendant toujours, sans que ça me bouleverse plus).
Franz Ferdinand, donc, clou de la journée, qui a livré exactement le concert que je voulais voir et entendre de leur part. On a beaucoup glosé à leurs débuts sur leur prétendu manque de charisme, le fait que ce n'était qu'un aimable groupe de gentils garçons juste là pour faire danser les filles... Le fait qu'ils soient toujours là après 4 albums devrait leur suffire pour tenir leur revanche; ça ne les empêche pas de se révéler (à nouveau, on les avait déjà vus à ce festival et c'était déjà très bon, même si en deçà de leur performance de ce soir) un incroyable groupe de scène. Le groupe a aligné ses tubes sans temps mort, enchaînant les chansons les unes aux autres sans blabla inutile, déployant des versions boostées et rallongées, avec un son plus rèche et violent qu'en studio. Le résultat : un concert épique, d'une intensité constante pendant 1h15, cumulant les morceaux de bravoure. Kapranos était complètement déchaîné, Mac Carthy itou; Thompson pareil - seul le bassiste était un peu à la ramasse.
D'entrée de jeu, le déjà classique No You Don't a mis tout le monde d'accord. Les morceaux du nouvel album pas encore sorti étaient pour la plupart déjà bien connus du public. Pour ...Matinee, je me suis retrouvé embarqué dans un pogo sauvage qui, outre qu'il m'a permis de finir collé à une charmante jeune fille, m'a encore rapproché de la scène et du groupe. Un groupe qui nous a à peine laissé respirer pour nous embarquer dans un tourbillon de folie qui m'a vite épuisé. Pour la seconde moitié du concert, je me suis retrouvé avec un groupe de vieux comme moi, plus calmes mais pas moins dans l'ambiance. Heureusement, car la folie qui a à nouveau contaminé le public sur la série hallucinante de This Fire à Love Illumination a entraîné de nouveaux pogos, sauts dans tous les sens, stage divings et autres hurlements à s'en décrocher les machoires. Franz Ferdinand, eux, ont terminé le dernier morceau en se déchaînant à 4 sur la batterie dans une longue conclusion bruitiste et jouissive.
Setlist :
No You Girls
Right Action
The Dark of the Matinée
Evil Eye
Do You Want To?
Walk Away
Stand on the Horizon
Can't Stop Feeling
The Fallen
Bullet
Michael
This Fire
Take Me Out
Love Illumination
Ulysses
Outsiders
J'aurais pu partir après ce grand moment, avec des images et de la musique plein la tête; d'autant que j'étais fatigué et pas loin de mourir de faim. Oui, comme à chaque fois, je me dit que je suis trop vieux pour ces conneries (avant de recommencer la fois suivante avec le même entrain).
Mais j'ai finalement patienté jusqu'à Hani El Khatib, là aussi pour voir ce que donnait l'artiste précédé d'un buzz solide. Avant qu'il arrive, il a fallu supporter au loin un vilain rappeur, Kendrick Lamar, impossible à distinguer pour moi du premier Usher ou Jay-Z venu.
Lorsque le californien a débarqué sur scène, c'était pour nous livrer un blues-rock solide, une musie sauvage et écorchée soutenu par un chant plus mélodique. Vraiment bien, et probablement qu'il faudra aussi y jeter une oreille plus attentive. Mais je suis quand même parti avant la fin histoire de rentrer me sustenter.
Suite de l'aventure demain, sous la pluie semble-t-il, avec l'événement tant attendu de Phil (je m'en régale d'avance)