Dans la carrière de
Makoto Shinkaï,
LES ENFANTS DU TEMPS est clairement conçu comme "le film d'après" le triomphe intersidéral de
Your Name. Sans s'en cacher et en l'assumant totalement (cf son interview dans le dernier
Mad par exemple), le réalisateur reconduit la formule et les ingrédients qui faisaient la réussite artistique éclatante de son film précédent.
Il s'agit donc encore une fois d'une "romance adolescente" dans le Japon moderne, plaquée sur une trame fantastique/SF, sous forme de réalisme poétique. C'est encore une fois drôle (la preuve : il y a un personnage de chat super marrant, ce qui est un exploit !), émouvant, touchant, rythmé, enlevé. Les personnages principaux comme secondaires (le petit-frère dragueur, le responsable du journal sur le paranormal et sa nièce sexy...) sont hyper attachants, bien campés. La musique est encore signée du groupe de J-pop
Radwimps, et vient en support à la narration, totalement intégrée aux images.
Et surtout, c'est d'une beauté visuelle à tomber par terre. Le travail minitieux de Shinkaï et ses équipes s'attache à décrire un Tokyo hyper-réaliste qui amène progressivement à ce que le spectateur croit dur comme fer à tout ce qui se passe dans le dernier tiers du film, comme aux envolées lyriques et fantaisistes les plus folles.
Ce qui amène fatalement à comparer les deux oeuvres; avec un avantage au film de 2017... qui pourrait basculer du côté de ce
Weathering with you (de son titre original) à la revoyure !
Sur le moment, emporté dnas le tourbillon du film, on ne voit pas forcément tous les petits trucs qui distinguent finalement les deux oeuvres. Et pourtant, à y réfléchir à tête reposée, il y a plein de petits éléments qui divergent. Et un gros : le côté plus social et, osons le mot, "engagé", de cette histoire de fille faisant (littéralement) la pluie et le beau temps. Un aspect bien plus accentué ici que dans le film précédent - et qui semble venir directement des premiers films de Shinkaï (sur lesquels je vais me pencher maintenant - ils sont à la médiathèque de la ville). Si
Your Name s'attachait déjà à décrire minutieusement la jeunesse japonaise et le monde actuels,
Weathering with you enfonce le clou, en accentuant encore les aspects de la vie quotidienne de jeunes qui essaient de survivre dans un monde difficile. Le film va jusqu'à évoquer la prostitution des filles mineures, le désoeuvrement des orphelins, la misère (y compris sexuelle), de manière frontale. Pareil pour le discours écologique, qui passe d'autant plus efficacement qu'il n'est pas appuyé mais au contraire totalement dlué dans l'histoire. Sauf qu'il en est un élément fondamental; sans lequel le film ne pourrait pas raconter ce qu'il raconte.
Vivement le BR, pour revoir cette merveille !
(en double programme avec YN
)