DUNKERQUE (2017)Voilà, j'ai clôturé hier soir ma rétrospective
Nolan entamée en début d'année ... avec encore un grand film. Si je pouvais encore avoir quelques doutes, ils sont définitivement effacés, Christopher Nolan est mon réalisateur préféré (si ça veut dire quelque chose car ça n'enlève rien aux autres, Kubrick, Fincher, Tarantino, ...) mais il y a quand même une constance dans son cinéma qui m'épate.
Je n'avais pas spécialement d'inquiétude en rentrant dans le cinéma (à part de ne pas trouver de place), juste une interrogation : Nolan qui s'attaque à genre nouveau et pas n'importe lequel, celui du film de guerre. Il a inventé, ré-inventé plein de trucs avec ses films précédents mais les scénarios aidaient beaucoup à s'écarter des codes. Là, sur un truc hyper balisé, histoire vraie (peu connue en France mais incontournable outre-manche), pas facile de sortir des sentiers battus. Et pourtant, il a réussi le pari ... et haut la main avec certains partis pris. A commencer par le fil narratif. Certes il est passé maître dans l'art de transformer le temps au cinéma (Memento, Inception, Interstellar, ...) et il récidive avec une idée simple (à posteriori), 3 points de vue (terre, mer, air) et 3 fils temporels (1 semaine, 1 journée, 1 heure), ces trois histoires s'entrecroisant de façon étonnante grâce à un montage au cordeau (et son fidèle monteur
Lee Smith) sur une durée étonnamment courte le concernant puisque le film "ne dure que" 1h45 (et c'est le timing parfait).
Ensuite, il fait le choix de ne pas s'éparpiller sur le champ de bataille, histoire de se concentrer sur son axe numéro 1. Les français seront aperçus brièvement dans la séquence d'ouverture et certains dialogues, les allemands ne seront que des ombres ou des silhouettes d'avion.
Pour le choix des acteurs, ils donnent les premiers rôles à de jeunes inconnus (il raconte qu'il voulait qu'ils aient la même fraîcheur et "virginité" que les jeunes soldats qui se sont retrouvés sur cette plage en 1940). Le "gros" casting est "cantonné" aux seconds rôles. Rien à redire sur les uns ou les autres, c'est parfait !
Habitué à des dialogues soutenus parfois complexes, Nolan fait le minimum vital : tout passe par l'image, les quelques phrases ne venant renforcer que ce que les images ne pouvaient expliquer.
A l'heure du tout numérique (dont il est un gros consommateur), Nolan a choisit de travailler à l'ancienne en commençant par ancrer son histoire à Dunkerque avec de vrais figurants, sable, eau, avions, explosions, bateaux (dont le Maillé Brézé, petite fierté nantaise
).
Quant à la mise en scène, c'est un pur bonheur. Accompagné de son chef op de toujours,
Hoyte Van Hoytema et mis en musique par son habituel compositeur
Hans Zimmer, c'est un vrai moment de bonheur.
Il y a bien longtemps que le cinéma de guerre ne nous avait pas offert un truc aussi réussi (
Il faut sauver le soldat Ryan je pense), et ça me fait plaisir que ce soit Nolan qui mette à son tour son emprunte dans cette longue tradition.