Bon, ben, comme je le craignais, c'est bien chiant (et, pour rester dans la parabole merdique, ça m'emmerde bien de le confirmer) !
Bien : Amanda est toujours une formidable parolière, apte à raconter des tranches de vie sans fard, à affirmer une parole féministe et politique acérée, à composer des mélodies efficaces, etc...
Mais chiant. Sur le papier, cette alternance de courts morceaux instrumentaux et de chansons est une bonne idée. Sur disque, ça donne un ensemble uniforme et lassant, où rien (ou presque) ne se distingue, où tous les morceaux se ressemblent. C'est surtout long, mais loooooong. Interminable, répétitif. Pas une chanson en dessous de 5 minutes, des pointes à 8 minutes et même 10 minutes pour deux chansons... j'avoue que j'ai eu du mal à tenir jusqu'au bout sans zapper deux ou trois fois ! à titre de comparaison, dans son
Theatre is Evil composé avec le
Grand Theft Orchestra, il y avait déjà des "longues chansons piano-voix racontant des tranches de vie"... sauf qu'elles étaient mélangées à des
Killing Type,
Do it with a rockstar ou
Want it back qui pouvaient réveiller l'auditeur ! Non seulement ça permettait d'éviter la monotonie, mais ça relevait l'intérêt pour ces chansons en elles-mêmes - qui apparaissent comme des pauses intimistes bienvenues.
Là, il n'y a guère que
Drowning in the Sound et
Machete (une "vieille" chanson, enregistrée pour la première fois en studio ici) qui sortent du lot. La première parce que c'est la seule chanson un peu pop de l'album. La seconde parce qu'on se croirait revenu aux glorieux temps des
Dresden Dolls, et ça fait bien plaisir.
Pour le reste, prenons les deux chansons qu'on connaissait avant la sortie de l'album,
Voicemail For Jill et
A Mother's Confession : indépendamment, elles sont réussies et agréables (bien que trop longues dans les deux cas). Dans l'album, elles participent au marasme de l'ensemble.
Dans son message de remerciement sur la pochette, la chanteuse remercie les participant à la campagne sur son
Patreon, sans qui elle n'aurait jamais pu faire cet album. En précisant que ça n'aurait pas été possible avec une maison de disque classique. C'est vrai. Mais, malgré tout ce qu'on peut reprocher aux majors du disque, il y a aussi des avantages à être produit dans ce type de structure : un producteur et une maison de disques peuvent canaliser les délires d'un artiste. Lui dire, par exemple, que 1h18 de piano voix uniforme, c'est trop.
J'aime toujours beaucoup
Amanda Palmer, en tant qu'artiste, en tant que femme, en tant que voix qui compte - pour tout le plaisir qu'elle m'a apporté jusque là, aussi.
Mais la musique qu'elle fait aujourd'hui me fait chier.