C'était pas le meilleur concert de The Cure.
(ma palme revenant certainement aux deux soirs au Zénith en 2000, concerts totalement hallucinants et indissociables)
C'était pas la setlist que je voulais.
(évidemment, j'avais tout misé sur la setlist Disintegration, on a eu Wish, et pour la première fois une concert du groupe à Bercy n'a pas démarré sur les clochettes de Plainsong).
On a connu le groupe en général et Robert en particulier en meilleure forme.
(L'âge et la date positionnée en fin d'une longue tournée mondiale n'aide pas. Cela dit, la voix de Robert était plus assurée que sur les dernières dates, et le pois sauteur Simon monté sur ressort a assuré le spectacle).
C'était même probablement pas un grand concert de The Cure.
(setlist bateau, on n'a pas eu de "bonus Paris" genre Faith il y a 8 ans, ou Forever en 96).
mais...
mais
C'était quand même vachement bien !
A l'origine, j'attendais ce concert comme l'événement du siècle. Les annonces faites par Robert avant la tournée avaient généré une attente énorme. Les dates américaines avaient réservé leur lots de surprises et de passage qui déchiraient tout.
Et puis, les premières dates européennes avaient fait retomber la tension. Concerts plus courts, moins de surprises, des setlists plus systématiques, quelques problèmes de voix de Robert, des petits trucs agaçants chez les autres... Les échos qui nous parvenaient des concerts européens m'avait amené à revoir mes ambitions à la baisse.
Du coup, une fois passées la déception des premières secondes de Tape et Open, j'ai basculé en mode plaisir, avec l'intention de prendre ce qu'on me donnait comme ça venait, sans trop en demander au groupe. Et puis, c'est pas du caca, quand même, la plupart des chansons qu'on a eues !
J'ai vécu suffisamment de moments de folie avec Robert & Co par le passé, pour pouvoir aujourd'hui me contenter du concert de ce soir. Sans réclamer du rappel Pornography, 7 faces B et 10 vieilles chansons jamais jouées depuis 25 ans.
Et ce qu'on m'a donné, c'était un concert carré, efficace, avec un groupe qui assure le show, se fait plaisir et nous fait plaisir.
C'était un son très fort et très bien défini, qui clouait sur place.
C'étaient des versions pour la plupart ravageuses de chansons qu'on pensait connaître par coeur et dont on redécouvrait à certains moments la puissance et la folie.
C'était l'enchaînement Just Like Heaven / Trust / From the Edge of the Deep Green Sea, qui m'a séché sur place et que j'ai suivi avec une boule dans la gorge et les larmes aux yeux.
C'était cet incroyable premier rappel s'achevant en apothéose avec une des meilleures versions de A Forest que j'aie entendue.
C'était un public chaud qui était visiblement ravi d'être là et s'est bien éclaté.
C'était un groupe qui, malgré la fatigue, malgré la routine, malgré les aléas musicaux de ces dernières années, n'a pas fait mentir sa réputation de grand groupe de scène.
Pas un grand concert de The Cure, donc, non.
Mais un concert de The Cure. Avec tout ce que ça génère d'émotions, tout ce que ça évoque, tout ce que ça réveille chez le fan qui les suit depuis les trois quarts de sa vie.
L'avantage, c'est que la redescente va être moins difficile que d'habitude.
Mais elle va être difficile quand même !