Bon, résumons nous...
MOMMY est donc a priori moins bien que
Laurence Anyways - moins immédiatement scotchant en tout cas. Il faudra probablement le revoir pour s'en faire une idée plus précise (ce que je ne manquerai pas de faire
). Il y a un côté plus "facile" au film, moins expérimental que par le passé; ce dont Dolan parle dans l'interview des Inrocks comme d'un "côté plus populaire", certainement. Une écriture moins fluide, aussi. Comme on disait avec Cyrille à la fin : on aurait préféré faire une standing ovation au réalisateur pour Laurence plutôt que pour celui-là.
Alors... déçu ? Ô que nenni, loin de là !!! Si le film n'est pas aussi ravageur qu'on l'attendait depuis son accueil triomphal du film à Cannes et son unanimité critique, c'est quand même absolument monstrueux !
Comment pourrait-il en être autrement d'un film qui parvient à faire une scène superbe à partir d'une chanson de
Céline Dion ? A trouver une chanson très bien de
Lana Del Rey sur le générique final ? Pour
Wonderwall, c'est pas pareil : tout le monde sait que c'est la seule chanson valable d'
Oasis...
La musique, comme toujours chez Dolan, tient une place prépondérante et soutient les deux très très grands moments du film. Par deux fois, le format carré 1:33 est élargi en plein écran pour deux scènes sublimes autour desquelles le film s'articule. L'une d'elle, surtout, qui fait penser à la scène finale de
Six Feet Under, est un pur moment de mise en scène absolument sublime; un truc à tomber par terre.
Plus encore que d'habitude, Dolan fait à peu près tout sur son film - scénario, production, réalisation, montage, costumes (pour une fois, il n'y jour pas et n'y apparaît même pas une demi-seconde). Avec une maîtrise qui laisse encore une fois sur le cul, tant c'est beau visuellement; et complètement "pensé" en termes de mise en scène.
Et il s'occupe évidemment aussi de la direction d'acteurs. Le jeune
Antoine-Olivier Pilon est énorme dans le rôle principal. Mais c'est surtout le duo formé des actrices fétiches du réalisateur,
Anne Dorval et
Suzanne Clément, qui est exceptionnel. Ces trois là livrent des performances ahurissantes, sur le fil, bourrées d'émotions et d'une finesse folle à la fois.
Le film s'articule ainsi autour d'un lot de scènes fortes, des coups de poings visuels et/ou émotionnels, des éclairs de violence et de rage, des flashes de beauté... Et est sous-tendu par un argot québécois fleuri, drôle et agressif, heureusement sous-titré (pas sûr que les canadiens n'y soient pas perdu aussi, en fait !).
Il faudrait encore parler du traitement du trauma du personnage de Suzanne Clément, d'une finesse incroyable. De la superbe scène finale. De l'argument de base astucieux du film.
De plein de trucs, en fait, mais c'est pas la peine.
Il faut juste se laisser porter par le film; une merveille de plus à l'actif du réalisateur canadien surdoué.
Et après coup, plus j'y repense, et plus je me dis que c'était grand, en fait, malgré la très légère touche de déception parce qu'on nous avait annoncé quelque chose de plus que grand.
Assurément dans mes trois films préférés de l'année (avec
X Men DOFP et
Under the Skin. et y'a que
Interstellar et peut-être le nouveau
Fincher qu'on dit excellent qui peuvent éventuellement venir changer ça)
Quelques chansons extraites du film - évidemment moins bien sans les images, mais bon...
https://www.youtube.com/watch?v=hN_q-_nGv4U (ZE scène du film)
https://www.youtube.com/watch?v=tsKC82vE5yI
https://www.youtube.com/watch?v=y0s7ycdUcHk
https://www.youtube.com/watch?v=6hzrDeceEKc
https://www.youtube.com/watch?v=Bag1gUxuU0g
(et je vous épargne Céline, parce que là, c'est pas possible sans la scène de Xav' !)