La tête dans les étoiles - le topic de la SF en vrac

Léo Henry est beaucoup publié par Dystopia. Pas mal de bonnes choses

Ouais, les trucs sur la ville imaginaire, là... faudrait que je m'y mette.
La Panse m'a donné plus envie que les nouvelles lues avant !

La critique dans le dernier Bifrost m'a donné envie, et il était disponible à la bibli chez moi : j'ai entamé AU BAL DES ACTIFS - Demain le Travail, recueil de nouvelles paru en début d'année chez La Volte. 

12 nouvelles signées de "jeunes" auteur.e.s français.e.s de la nouvelle vague de la SF françaises, qui imaginent les évolutions futures dans le monde du travail (comme le titre l'indique). Inutile de se voiler la face : arrivé à la moitié du bouquin, ça ne respire par la joie de vivre et l'espoir !  Tous les textes (pour l'instant, mais je doute que ça varie (comme Jérôme), à part peut-être un ou deux à venir) racontent sous forme de dystopies des mondes où le travail est devenu encore plus aliénant qu'il ne l'est déjà, asservissant totalement l'humanité dans des modèle de société inhumains et apocalyptiques. Au delà des convergences de styles et de thèmes, il est amusant de voir que les nouvelles semblent partager un même univers et une même vision, se répondant les uns aux autres - sensation accentuée par l'ordre dans lequel les nouvelles sont organisées. 

Du tout bon pour l'instant (Catherine Dufour, Stéphane Beauverger, Karim Berrouka, Emmanuel Delporte); moins bien pour la nouvelle de L.L. Kloetzer - située dans leur univers récurrent de L'anamnèse et Vostok (très lisible, mais un cran en dessous).
Mais faut s'accrocher à la lecture, parce que c'est complètement déprimant ! Encore plus à lire dans les transports en allant et rentrant du boulot 

Voilà, la nouvelle de Ketty Steward est non pas positive, mais moins plombante, et origiplus originale dans sa manière d'aborder la thématiques des mitations du travail. Pas aussi bonne que les autres (sauf Kloetzer), mais apportant ujne respiration bienvenue dans le recueil.

un post écrit avec la bite ?

Ah ouais, tiens !
(un hommage à Louis C.K.)

Terminé et repris le recueil pour terminer ma semaine de lecture après le King père et fils... Avec toujours cet impression d'un univers cohérent dépend par tous ces auteurs. Les nouvelles de Li-Cam et Iuvan restent trop théorique au détriment de la narration et de l'histoire; et sont donc moins réussies que celle d'Alain Damasio - qui démonte la culture d'entreprise, le règne des winners, le tapis rouge déroulé aux faux créatifs bidons, la novlangue du monde du travail, jusqu'à un final apocalyptique ramenant tout ça aux vraies valeurs de l'humain. 
Et le recueil se termine sur deux nouvelles expérimentales traitant du thème à travail le rôle et le travail de l'écrivain, et liées entre elles. Celle de Leo Henry, la plus longue du recueil, est une sorte de "work in progress" autour de l'écriture d'une nouvelle; qui ne parle pas vraiment du travail en soi, mais montre le travail en train de se dérouler. Ce n'est pas vraiment de la SF, pas vraiment dans le thème du livre, mais c'est plutôt intéressant et amusant à lire, pour qui a été amené à se poser des questions sur l'écriture (donc, je pense, pas mal de gens ici ). Celle de David Calvo, qui cloture l'ouvrage, est une amusante nouvelle epistolaire, proche de la précédente (et qui en reprend le texte en cours d'écriture) - qui permet d'achever la lecture sur un ton plus léger, et de ne pas se jeter sous le métro en revenant du boulot en cette fin de semaine. 

Un bon recueil, à lire pour le traitement des thèmes abordés et quelques bonnes nouvelles solides comme on les aime.

Autre recueil de nouvelles : AXIOMATIQUE de Greg Egan, lu après le dossier consacré à l'auteur dans le dernier Bifrost. Si je n'y ai pas forcément vu le recueil fondamental de la SF morderne que lui a taillé sa réputation, j'ai trouvé ça très bon dans l'ensemble ! 

J'avais peur, après le dossier de la revue, du côté "hard SF" de l'auteur; de me retrouver noyé sous les concepts mathématiques, les délires d'astrophysique, les réflexions fumeuses. De fait, il y a certaines nouvelles où la science prend le pas sur la fiction, qui m'ont moins botté que d'autres. La première (L'Assassin Infini - là, j'ai espéré très fort que ça n'allait pas être comme ça sur 500 pages, sinon, ça serait sans moi !) et la dernière (Ombres instables dans la sphère des illusions); ou le dyptique sur le "cristal de Noldi" (En apprenant à être moi et Plus près de toi) - intéressant pour les idées développées, mais bouffé par son concept; Le point de vue du plafond, Vers les ténèbres. 

Mais, lorsque Egan se décide à raconter une histoire solide, ou laisse passer une idée forte au premier plan, c'est en effet excellent ! Mentions spéciales à Lumière des événements (ou les conséquences sur la vie de tous les jours de connaître son avenir et de ne pus avior de libre-arbitre), La Caresse (et ses chimères aussi belles qu'effrayantes), la nouvelle-titre Axiomatique (où l'on peut se faire implanter n'importe quoi dans le cerveau, jusqu'au meurtre), Le Coffre-fort (un homme se réveille tous les jours dans le corps d'un habitant différent de sa petite ville), Les Douves (qui résonne complètement avec l'actualité des réfugiés climatiques), Un amour approprié (ou les conséquences physiologiques et psychologiques d'un trop grand sacrifice par amour), La Morale et le virologiste (une de mes préférées, avec son fou de Dieu qui vaut éliminer "les sodomites et les adutères" de la surface de la planète).

Moins de nouvelles (10) mais plus longues, dans le second recueil de Greg Egan, RADIEUX.
Et plus de hard science assez ardue ; qui fait que, globalement, j’ai un peu moins accroché (pas réussi à lire la dernière, La plongée de Planck jusqu’au bout !). Mais de l’excellente SF, particulièrement stimulante pour le lecteur, malgré tout ! Egan a plus d’un fois recours au principe de l’enquête pour illustrer ses concepts, avec un résultat qui allie parfaitement une forme accrocheuse et un fond complexe (Radieux, Cocon, Vif Argent, Notre-Dame de Tchernobyl). Mais n’a pas forcément besoin du procédé pour livrer des texte aussi accrocheurs (L’Eve Mitochondriale ou Des raisons d’être heureux – ma préférée du recueil).
 
Apparemment, le troisième recueil, Océanique, est plus difficile d’accès – je vais probablement hésiter à m’y plonger. Mais tout aussi probablement ne pas résister (quand j’aurai terminé La Tour Sombre et lu quelques autres trucs) ! 

Je n'ai pas trouvé ça plus difficile, Océanique

N'hésite pas

J'hésiterai pas
(mais après avoir re-terminé la saga de King)

Phil a écrit:J'hésiterai pas
(mais après avoir re-terminé la saga de King)

Bah non, j'ai lu ça pendant ma pause kingesque (qui prend fin demain), finalement...Et, en effet, j'ai pas trouvé ça hermétique - enfin, pas plus que les deux autres (et même peut-être moins ^^) !
Si les nouvelles basées sur des théories mathématiques ou physiques décortiquées jusqu'à plus soif forment toujours le principal de l'ensemble (Poussière, Les Tapis de Wang, Fidélité, Lama...), il y a même là pas mal de textes plus légers et riches en action et/ou rebondissements (Mortelles Ritournelles, Le Réserviste, Yeyuka...)

Globalement, les nouvelles sont plus longues que dans les deux premiers volumes, ce qui permet à Egan de développer un peu plus ses histoires. Et, comme à chaque fois, le travail éditorial du Belial fait ressortir la cohérence entre les textes - donnant parfois l'impression d'un fix-up qui se déroule dans le même univers, avec les mêmes évolutions technologiques et les mêmes thèmes (la singularité, le transhumanisme, la science opposée à la religion (thème central de la nouvelle-titre Océanique, mais pas que) etc). Ce qui est encore plus flagrant dans les nouvelles qui vont effectivement ensemble (Singleton et Oracle - les deux plus longues et parmi les meilleures) ou quand il revient sur d'autres textes des précédents volumes (Les Entiers Sombres qui est la suite de Radieux, Gardes Frontières qui revient sur le "Cristal de Noldi" au centre de quelques-uns de ses textes...). 

Une trilogie de recueils indispensable.

Lu les deux premiers volumes de la trilogie SPIRE de Laurent Genefort (le dernier volet sort normalement en juin prochain) - Ce qui nous lie et Ce qui nous divise. Plutôt bien ! 
Et relativement original, à la fois sur le fond et sur la forme. 

Loin des planet operas habituels, les livres racontent la constitution d'une compagnie de transport de matières au sein des différentes colonies de la galaxie, et les efforts pour survivre dans une concurrence acharnée avec les grandes compagnies installées. On y parle autant d'économie et de constructions juridiques que d'exploration spatiale; avec en bonus les coups bas et les opérations d'espionnages propre à n'importe quel cyber-thriller qui se respecte. 
Dans la construction, on n'est pas tout à fait dans le roman, pas exactement dans le fix-up; plutôt dans quelque-chose qui rappelle la série télé. Avec de grands blocs de sous-intrigues qui se déroulent sur quelques chapitres, avant de sauter à autre chose dans les chapitres suivants. Tout en suivant une trame principale et l'évolution des personnages principaux sur toute la durée des livres. ça apporte une grande richesse en multipliant les péripéties, les mondes explorés, les systèmes sociaux et humains... et apporte parfois un peu de frustration : j'aurais bien vu tout un livre consacré à la planète de fondamentalistes religieux qui court sur 3/4 chapitres au milieu du second volume. 

Genefort démontre encore une fois son talent certain pour emballer des livres pas fondamentalement géniaux, mais toujours super plaisants et intéressants. 
Plus qu'à attendre que le dernier débarque dans les rayons de ma bibliothèque cet été !

J'ai hésité sur la rubrique dans laquelle rapporter ma lecture de L'AME DES HORLOGES de David Mitchell - gros pavé de presque 800 pages, au sein desquelles seules une cinquantaine sont en lien avec les littératures de l'imaginaire... C'est d'ailleurs ce qui lui a été reproché par certains ayatollahs de la SF à sa sortie : ce côté "littérature générale" camouflée sous le vernis du genre. 

Alors, de un : cette querelle de chapelles pathétiques est très exagérée; comme mon introduction avec le coup des 50 pages : même si c'est vrai d'une bonne grosse partie des deux premiers tiers du livre, l'ouvrage s'inscrit clairement dans le domaine de la SF - ne serait qu'en regard des deux dernières parties situées dans le futur et pleines d'éléments surnaturels. 
Et, de deux : on s'en fout de toute façon de l'appartenance du livre, puisque c'est vachement bien ! Totalement déstabilisant, aussi - du fait que ça brasse large, qu'on ne voit pas toujours où l'auteur veut en venir (sans qu'on ne décroche pour autant), qu'il change de narrateur à chaque (longue) partie... 

C'était le premier roman de Mitchell que je lisais; ayant seulement vu auparavant l'adaptation ciné de Cloud Atlas par les Wachowsky et Tom Tikwer. Apparemment très fidèle, et je n'en doute pas, vu tout ce que j'ai retrouvé ici et que j'avais déjà vu dans le film (notamment une fin dans le même esprit). 
Vu le plaisir que j'ai pris à cette lecture - un plaisir roboratif, en plus, vu la masse et la complexité de l'engin - je vais certainement m'en tenter d'autres (en commençant probablement par La Cartographie à l'origine du film)

Je démarre aujourd'hui la Tétralogie des Origines de Stéphane Przybylski (auquel je ne me réfèrerai maintenant qu'en écrivant "l'auteur", donc )...

Le pitch ne m'a pas fait envie du tout

Alors que moi, carrément - cette espèce d'Indiana Jones "inversé" du côté des allemands...
Au bout de 120 pages, c'est pas génialissime, mais bien. C'est surtout plein de potentiel, espérons qu'il saura l'exploiter sur encore trois volumes et deux tiers !

Premier volume terminé : ça reste du même tonneau jusqu'au bout, et se termine en donnant envie de lire la suite. J'espère juste que ça va s'accélérer par la suite. Sur une tétralogie, tu peux prendre tout le premier livre pour poser ton concept, ton histoire, tes persos... mais faut pas que ça dure.

Deuxième épisode terminé aussi. En fait, ça continue un peu à faire du surplace - les 450 pages du livre décrivent des événements qui se déroulent sur 2/3 semaines en quelques journées clés. Mais on s'habitue bien au style (qui devrait être celui de toute la tétralogie, donc); l'auteur ayant en fait décidé de raconter son histoire sous forme d'une ample saga aux multiples personnages. Ainsi, celui qui semblait être le héros principal n'apparaît finalement que très peu dans ce second volume, au profit d'anciens personnages secondaires très développés, qui arrivent au devant de la scène. 
Et l'auteur étant historien spécialiste de la seconde guerre mondiale, à la base, il s'attache autant (si ce n'est plus) à son histoire de SF qu'aux événements historiques de la période, à grand renfort de flashbacks, aussi. Sans le défaut qu'on peut trouver habituellement à ce genre de récit, où un spécialiste fait étalage de sa connaissance - tout ça s'intégrant très bien dans le récit. 

J'attaque le troisième dans la foulée. 
C'est toujours pas du gros chef d'oeuvre de la SF, mais toujours bien plaisant à lire.

Le troisième tome, Club Uranium, est plus ample dans son récit, et plus long (580 pages). Mais ne change pas la formule de la tétralogie, avec son récit éclaté, ses multiples personnages, ses flashbacks, son imbrication des éléments de SF complotistes dans la grande histoire... Ce dernier point est l'élément le plus intéressant des livres : la manière dont l'auteur, historien à la base (comme je l'ai signalé plus haut), détourne les événements connus de la seconde guerre mondiale (l'attentat contre Heydrich, le vol de Rudolph Hess vers l'Ecosse en 41, Roswell...) pour les faire entrer dans son histoire d'extraterrestres voulant coloniser la planète. 

Et malgré le cliffhanger de la fin, il me faudra attendre pour lire le dernier, vu qu'il est pas encore disponible à ma bibliothèque...

Bien fait :-)

Le MOOC SF, sur la plateforme Fun-MOOC est vraiment intéressant. Un cours de littérature sur notre genre préféré comme j'aurais aimé en avoir au lycée

Phil a écrit:
C'était le premier roman de Mitchell que je lisais; ayant seulement vu auparavant l'adaptation ciné de Cloud Atlas par les Wachowsky et Tom Tikwer. Apparemment très fidèle, et je n'en doute pas, vu tout ce que j'ai retrouvé ici et que j'avais déjà vu dans le film (notamment une fin dans le même esprit). 
Vu le plaisir que j'ai pris à cette lecture - un plaisir roboratif, en plus, vu la masse et la complexité de l'engin - je vais certainement m'en tenter d'autres (en commençant probablement par La Cartographie à l'origine du film)

Lu La Cartographie des Nuages, qui :
1/ est lui-aussi très bien; complètement dans le même style que L'Âme des Horloges et sur lequel je pourrais dire en gros la même chose.
2/ confirme que le film des Wachos et Tikwer est en effet très bien adapté du livre. C'est même une adaptation très intéressante - dans les quelques différences remarquables et remarquées (qui en disent beaucoup sur les frères/sœurs/on-sait-plus-trop), et dans le travail fait pour transformer la structure très littéraire du livre en la structure très particulière et cinématographique du film.

Crimes, Aliens & Châtiments (qui n'a rien à voir avec Jane Austen) est une sorte de fix-up constitué de trois novellas/courts romans signés par trois auteurs de SF français contemporains parmi les plus reconnus - Laurent Genefort, Pierre Bordage, Laurent Whale (par ordre d'apparition - celui de Whale constituant en fait la moitié de la pagination globale; celui de Bordage étant le plus court).
Les trois auteurs racontent une histoire indépendante reposant sur le même concept (inspiré de Points Chauds et Aliens, mode d'emploi de Genefort) : dans un futur proche où la Terre est soumise aux migrations d'extra-terrestres de toutes sortes, les anciens auteurs de SF se sont reconvertis en détectives privés. On suit alors trois de leurs enquêtes, rocambolesques, pleines d'humour, et plutôt imaginatives. Les trois jouent sur l'idée de pastiche, livrant des récits dans la lignée typique des "detective stories" à la Raymond Chandler, mâtiné de SF délirante.

Pas phénoménal; mais un bon petit bouquin de divertissement qui fait passer un bon moment.