Sans compter certains films de ces dernières semaines que j’ai pas eu l’occasion d’aller voir, et 2-3 trucs qui s’empilent en DVD, il ne me manque rien de fondamental pour établir mon classement ciné de l’année 2015.
Une année en pointillés, avec pas mal de trucs moyens, mais aussi un bon lot de très bons films, et un bon lot aussi de belles merdasses ! De quoi revenir enfin à un type de classement des plus classiques, avec palmarès numéroté, alors que les années précédentes étaient plus problématiques pour moi.
Là, le trio de tête s’est détaché avec une évidence absolue. On remarquera que les trois films en question sont sortis à la même période (après Cannes / avant l’été) ; dès fin juin, je disais que c’étaient mes trois films préférés de l’année et ils le sont restés jusqu’à la fin !
La suite du classement jusqu’à la dixième position a été tout aussi facile à établir (ou presque : il y a bien eu quelques permutations et petits trucs qui m’ont posé problème 2 minutes, mais bon). Ça faisait bien longtemps que ça n’était pas arrivé.
Enfin, les films sélectionnés courent sur toute l’année – pas spécialement de « prime au dernier vu » ni à « celui qui aurait eu le temps de mûrir et d’être vu 10 fois en DVD ».
Et donc… roulement de tambours…. Faisons place au bruit et à la fureur, aux émotions, aux femmes en lutte contre l’intégrisme, aux relations amoureuses compliquées, aux entités maléfiques, aux argentins chtarbés, au chômage, aux super-héros animés, aux chats qui parlent et aux enfants partis faire le djihad !
1/
MAD MAX FURY ROAD de George Miller
Aux confins du blockbuster, du cinéma expérimental, du film d’action bourrin, des recherches esthétiques, George Miller réinvente totalement son cinéma et le Cinéma. Après ça, on ne pourra plus regarder un film d’action de la même manière – et bon courage à ceux qui vont devoir essayer de nous en foutre plein la vue maintenant !
2/
VICE VERSA de Pete Docter
On nous avait annoncé le retour de Pixar en grande forme, après des années de vaches maigres… c’est encore mieux que ça ! Une tornade émotionnelle et visuelle éblouissante, qui émeut, amuse, fait rire et pleurer, avant de laisser le spectateur lessivé par ce grand huit ahurissant. Qui se permet en plus d’être d’une intelligence folle.
3/
MUSTANG de Deniz Gamze Erguven
Le plus beau film de l’année est donc un premier film d’une jeune cinéaste franco-turque qui se paiera le luxe de représenter la France aux prochains Oscars. Plutôt que de livrer un drame plombant sur la situation peu envieuse des jeunes filles dans les familles intégristes, Erguven mise sur l’énergie de 5 actrices superbes, une mise en scène nerveuse, et un scénario qui fonce à l’essentiel. On en ressort aussi émerveillé par tous les talents déployés qu’indigné par ce que le film nous raconte.
4/
THE LOBSTER de Yorgos Lanthimos
ZE bizarrerie de l’année. Déjà, c’est un film grec produit par la France avec un casting international parlant en anglais. Mais surtout, ce homard repose sur un des pitchs les plus improbables de ces dernières années, et aligne les séquences dingues qui le rendent encore plus « autre ». Tout en étant une farce cynique assez inquiétante, sur les rapports amoureux et la pression sociale sur le couple.
5/
IT FOLLOWS de David Robert Mitchell
Une autre étrangeté bien barrée, qui restera pour moi comme l’objet cinématographique le plus fascinant de 2015 ; avec une mise en scène somptueuse. Mitchell détourne les codes du film d’horreur tout en étant hyper-référentiel par rapport au cinéma des années 80 (Carpenter ou Cronenberg sont cités à chaque plan), et n’oublie pas la critique sociale de l’Amérique en crise. Surtout, son film fait vraiment peur – émotion devenue si rare au cinéma, au milieu des remakes de merde de vieux films d’horreur qui se suffisaient à eux-mêmes.
6/
LES NOUVEAUX SAUVAGES de Damian Szifron
Testé à la seconde vision en DVD : ce film à sketches et toujours aussi drôle, méchant, furieux, absurde, délirant, féroce, etc. Et l’ensemble est très homogène, chaque séquence étant aussi réjouissante que les autres. On a beaucoup dit que ça renouait avec la comédie à l’italienne de la grande époque. C’est faux : c’est encore mieux !
7/
LA LOI DU MARCHE de Stéphane Brizé
Plongée hallucinante dans la France libérale des années 2000, en pleine crise, collé aux basques d’un chômeur qui tente de survivre au quotidien et se retrouve plongé dans l’aliénation des petits boulots pourris. Encore du cinéma social filmé comme du cinéma de genre, qui prend aux tripes, désespère, met en rage. Vincent Lindon y est absolument incroyable (il l’a pas volé, son prix à Cannes).
8/
LES NOUVEAUX HEROS de Don Hall
Des super-héros, des robots qui se foutent sur la gueule, du manga, du comics, de la SF, de l’humour, de l’action, une mégalopole futuriste, des idées à la pelle, des trouvailles géniales… Disney prend le meilleur de Pixar, remise au placard ses connes des neiges et autres blondasses aux cheveux longs, et livre le film qu’on n’attendait plus du studio. Ça aurait dû tout péter, c’est passé relativement inaperçu, si ce n’est auprès des enfants devenus fans de Baymax-le-robot-chamallow. Pfff…
9/
THE VOICES de Marjane SATRAPI
Oh, tiens, une troisième curiosité dans mon top ! Pour son premier film américain, Satrapi ne se vend pas et reste fidèle à ses aspects les plus déjantés. Que ce soit visuellement, avec son esthétique mêlant soap et contes de fées, ou au niveau du scénario, avec ses animaux qui parlent et son irrésistible escalade de la violence. Avec du gore très crade et de l’humour très drôle ; un petit bijou d’humour noir.
10/
LES COWBOYS de Thomas Bidegain
Alors que Jacques Audiard s’est fourvoyé cette année dans un film indigne de lui, son scénariste et collaborateur habituel n’a pas loupé son passage derrière la caméra. Et son histoire d’un père (formidable François Damiens, totalement à contre-emploi) et son fils (formidable Finnegan Oldfield) à la recherche de leur fille/sœur partie avec un islamiste intégriste résonne crument avec l’actualité. En plus de donner lieu à un superbe film, qui va parfois lorgner du côté du western (comme son titre l’indique) et en possède le souffle.
Comme toujours, je liste les autres bons films de l’année (par ordre alphabétique), à qui il manquait juste un petit quelque-chose pour qu’ils dépassent ceux du top ten (ou tout simplement qu’ils ont été éjectés à coup de poing dans leur gueule).
A la poursuite de demain de Brad Bird
Je suis le seul ici à trouver le film vraiment réussi, mais c’est pas grave. Je maintiens que ça reste un cas à part dans la production américaine actuelle, et un film foncièrement original et innovant. D’où son échec commercial cinglant.
Agents très spéciaux de Guy Ritchie
Le pur divertissement par excellence ; pour le coup bien plus réussi que Kingsman - le rapprochement entre les deux est évident. Et pas seulement parce qu’il n’y a pas de nazis
.
Avengers – l’Ere d’Ultron de Joss Whedon
Oui, il y a tous les problèmes des films du Marvel Cinematic Universe, et le film semble parfois trop « forcé » pour être honnête. Il n’empêche que sa seconde moitié bourrée d’action fait partie de ce qu’on a vu de plus jouissif sur un écran cette année.
Crimson Peak de Guillermo del Toro
J’aurais tellement voulu que le dernier né de mon chouchou mexicain soit dans le top 10 (voir 3)… à cause de problèmes de rythme et d’un scénario trop facile, ce n’est pas le cas. Tant pis, ça sera pour le prochain ! C’est quand même le top 1 du « film le plus beau de l’année »
Le Grand Jeu de Nicolas Pariser
Vu in extremis fin décembre, un film politique français intelligent, sombre, très bien écrit et réalisé, avec des acteurs au top. Que demander de plus ?
Hacker de Michael Mann
Exemple type de l’adage « un petit film d’un grand réalisateur vaut mieux qu’un grand film d’un réalisateur lambda ». Pour du Mann, c’est juste bien. Pour un techno-thriller numérique des années 2010, c’est de la bombe nucléaire.
La Isla Minima d'Alberto Rodriguez
Magnifique polar hanté par le spectre du franquisme, sorte de
True Detective hispanique lent et sombre. Il ne lui manque pas grand-chose pour être un très grand film; je ne sais pas quoi, mais ce n'est pas la maîtrise de la mise en scène, en tout cas !
Jupiter, Le Destin de l’Univers de Andy et Lana Wachowski
Même bancal, le space opera barré des frère/sœur Wachos vaut 100 fois mieux que le dernier
Star Wars ! Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils y injectent leurs univers étranges, leur sens de la démesure, leurs thèmes et leurs idées, et pervertissent de l’intérieur ce qui devient alors un grand spectacle baroque et délirant.
Mission Impossible Rogue Nation de Christopher MacQuarrie
On ne pensait pas MacQuarrie capable de rivaliser avec le volet précédent signé Brad Bird… et ben en fait, si ! Super film d’action, bourré de scènes d’anthologie, avec un petit côté Hitchcockien qui fait très plaisir. Et Rebecca Ferguson.
Sicario de Denis Villeneuve
Quel dommage que le scénario soit à la ramasse ! Avec un script aussi blindé que la mise en scène de Villeneuve, la photographie abstraite de Deakins et les acteurs impliqués, le film aurait été une pure merveille.
Avant d’aborder mon flop de l’année, il faut faire un petit passage par mes déceptions de 2015. Soit des films que je n’ai pas trouvé mauvais, mais dont j’attendais beaucoup plus. Ou, pire, dont je n’attendais pas spécialement quelque-chose, et qui n’avaient de toute façon pas grand-chose à m’offrir.
Ils sont seulement 4, mais à chaque fois, la pilule a été assez amère :
Birdman d’Alejandro Gonzalez Inaritu (ouais, le plan-séquence sur tout le film, c’est fort. mais pour raconter quoi ???)
Chappie de Neil Blomkamp (quand c’est du
District 9, c’est bien. après, c’est aussi souvent du
Short Circuit)
Dheepan de Jacques Audiard (mais où est passé le réalisateur et scénaristes de
Sur mes lèvres ou
De battre… ?)
Spectre de Sam Mendes (« écoute, coco,
Skyfall c’était trop bien, ça va pas du tout. refais nous plutôt un vieux James Bond des années 80 à la John Glen, merci !)
Du côté des nazeries, 2015 fut une riche année ! On en a vu, de la daube, du caca, du film con, du film chiant, du truc débile, de la bande mal branlée… Notamment du côté des blockbusters encore plus crétins que d’habitude. Avec, en bonus, une propension incroyable de la part des producteurs, scénaristes et réalisateurs de ces trucs à se foutre de la gueule du spectateur.
Je ne les remercie pas, donc, pour tous ces mauvais moments… Mais en même temps, si, un peu, quand même. Parce que, globalement, on aura bien rigolé, aussi.
Pour le premier du top merde 2015, j’ai longuement hésité – entre une valeur sure par ici (notre ami Lelouch), et une authentique comédie de daube intersidérale comme on les « aime » aussi. J’ai finalement opté pour le moins facile ; mais que Claude se rassure : il est toujours au top dans mon cœur !
1/
Les Profs 2 de PEF
2/
Un + Une de Claude Lelouch
3/
Terminator Genisys d’Alan Taylor
4/
50 Nuances de Grey de Sam Taylor-Johnson
5/
Cendrillon de Kenneth Branagh
6/
Big Eyes de Tim Burton
7/
Good Kill d’Andrew Niccol
8/
The Visit de M. Night Shyamalan
9/
Pixels de Chris Columbus
10/
Jurassic World de Colin Trevorow
(j’avais aussi
A Most Violent Year de JC Chandor,
Lost River de Ryan Gosling, et
Régression d’Alejandro Amenabar – qui méritent bien d’être cités !)