(SOUS SURVEILLANCE de Robert Redford)
Le dernier film de Redford n’étonnera personne, tant il s’inscrit dans la veine du thriller politique à tendance « libérale » (au sens américain du terme, donc de gauche démocrate obamesque) qui lui est attachée quasiment depuis ses débuts au cinéma. Devant ça, on se retrouve étrangement replongé quelques dizaines d’années en arrière, face à un de ces films paranos des années 70 type
Les Trois Jours du Condor ou
Les Hommes du Président, avec Redford, justement.
Mais bon, ça se sait aussi depuis bien longtemps : s’il est un grand acteur incarnant à la perfection ce type de personnage droit dans ses bottes qui met à jour les failles de l’Amérique, Redford est bien moins intéressant en tant que réalisateur. Et ça se confirme ici, le film étant bien moins réussi, haletant, prenant, tout ce qu’on voudra, qu’un
Sidney - Lumet ou
Pollack.
C’est un peu mou, pas très rythmé – si la première heure reste assez scotchante, la seconde distille un ennui poli. Les acteurs sont bons, mais c’est la moindre des choses vu le casting prestigieux que Robert s’est payé. Visuellement, rien de phénoménal, c’est de la réalisation plan-plan fonctionnelle au service de l’histoire.
Par contre, le spectateur s’attachera beaucoup plus au fond qu’à la forme - en tout cas au-delà de la justification de la bonté du héros principal qui va s’acharner à prouver son innocence. Les autres thèmes du film sont moins lisses : l’histoire tourne autour de membres des Weathermen entrés dans la clandestinité après un braquage de banque qui a mal tourné ; et dont une se rend au FBI 30 ans après, lasse de se cacher. Le film s’interroge sur alors sur la fin des idéaux libertaires des années 60-70, sur les limites jusqu’auxquelles on peut (ou pas) aller, sur la perte des illusions ; plus généralement sur la politique américaine (et mondiale) au sens large…
A voir comme un bon film à thèse des
Dossiers de l’écran – même s’il ne vaut pas ses ancêtres bien mieux foutus.
Note = 4/6