Avant de donner mon avis sur MOTHER ! (le point d'exclamation est dans le titre, allez savoir pourquoi), le dernier film de Darren Aronofsky, je précise que, contrairement à certains, je n'ai rien contre le réalisateur, souvent qualifié de pataud et lourdaud. C'est vrai, mais je m'en fous, il a signé un de mes films culte des années 2000, l'immense Requiem for a Dream; et a presque réussi à atteindre de nouveau le même niveau avec Black Swan. Bon, il a aussi signé les délires hermétiques foireux de The Fountain, le délire mystique foireux Noé, et le tout simplement foireux The Wrestler...
Il n'empêche, j'entrais dans la salle confiant, dans l'idée que son nouveau film (sur la foi d'une bande-annonce très polanskienne) allait plutôt pencher du côté de ses réussites.
Eh ben c'est raté !
Plus dans les intentions que dans la forme (quoique...), on pourrait rapprocher le film de The Fountain : dans les deux cas, il s'agit d'un film complètement personnel, nourri des obsessions du scénariste/réalisateur, un trip dans sa psyché... qu'il ne parvient malheureusement jamais à communiquer au spectateur. On a l'impression d'assister à une séance de psy en restant sur le pas de la porte. Super...
Pendant la première heure, ça passe à peu près. Aronofsky se prend pour Polanski mais débarque avec ses gros sabots habituels. C'est aussi léger qu'un troupeau de buffles fuyant un incendie, mais ça fonctionne. Avec son lot de scènes malaisantes, principalement dues à une Michelle Pfeiffer impériale, secondé par un Ed Harris superbe. Les têtes d'affiches Javier Bardem et Jennifer Lawrence rament un peu pour être au niveau, mais rien de honteux.
C'est dans la seconde moitié que ça dégénère. C'était déjà pas fin jusque là, mais le film sombre alors dans le grand portnawak consternant. Surlignant plutôt 10 fois qu'une tous ses effets, enfonçant chaque idée au marteau-pilon, développant ses thèmes avec une lourdeur épuisante, nous imposant sa symbolique mystique de bas étage, Aronofsky se vautre complètement dans un bourbier qui n'intéresse que lui. Je me suis pris à soupirer à chaque nouvelle marche dans l'accumulation de péripéties improbables, avec même une envie de sortir de la salle qui ne m'avait pas touché depuis un paquet de temps. Je ne suis resté jusqu'à la fin que pour voir s'il allait terminer son film aussi bruyamment et connement qu'attendu : il fait même pire.
C'est même pas spécialement beau visuellement (image pas terrible, réalisation en caméra portée la plupart du temps, qui ne convient pas du tout au film...)
Pas une grosse daube non plus - j'ai vu le dernier Transformers ce week-end, ça met la barre très haut dans le domaine - mais une sacrée déception.