Des fois, on a envie de voir des trucs improbables au ciné, on sait pas trop pourquoi... On pourrait ainsi se demander ici "mais pourquoi Phil est allé voir ce truc djeun's avec Manu Payet" ? Ben il se trouve que, en l'occurrence, j'avais une bonne raison de me déplacer au ciné alors que les comédies françaises récentes sont un repoussoir que j'évite comme la peste. Raison qui s'appelle
Radiostars, film sorti l'année dernière que j'avais beaucoup aimé. On retrouve ici
Romain Levy et
Manu Payet au scénario, Payet co-réalisant et jouant aussi dans le film. Ce qui pourrait ressembler à un caprice du gars qui veut tout faire comme un grand est finalement gage d'une grande cohérence du projet. Comme
Radiostars, le film joue à fond sur la sympathie de l'entreprise, les clins d'oeil (dont 2 au film précédent, qui feront bien plaisir à ses aficionados), la fraicheur... Et, si le film est loin d'être parfait (il est même moins bien que le film de Levy, à mon avis), il faut reconnaître qu'il fonctionne souvent.
Parce qu'il y a, d'abord, une qualité d'écriture qu'on voit rarement dans la comédie française actuelle. Non seulement c'est drôle et touchant, mais les personnages sont suffisamment bien définis pour qu'on s'y attache, les situations bien vues dépassent les clichés qu'elles illustrent, les bons mots et gags font mouche la plupart du temps. Sans être racoleur, le film parvient ainsi la plupart du temps à "parler" au spectateur. Quand ce spectateur, c'est moi, évidemment que je me sens proche du personnage principal d'ado attardé qui n'a pas envie de s'émanciper de sa nostalgie. Mais même au delà, le film parvient à recréer des situations et une atmosphère qui va forcément réveiller des choses chez tout un chacun. Rien que la scène de discussion du couple sur le banc public ("T'es mon homme, les autres ils sont tout pourris") est saisissante dans sa justesse.
Et, pour faire bonne mesure, il y a aussi quelques gags trash (notamment la copine folle du cul et ses répliques délirantes). Et d'autres complètement débilos.
On peut y ajouter une mise en scène sobre mais efficace, avec quelques trouvailles bienvenues (la chorégraphie en pleine rue, la course de Payet pour aller retrouver sa femme perdue...). En ancrant leur film dans un environnement contemporain (on s'y ballade en autolib, on y consomme les produits du quotidien, on discute sur les réseaux sociaux...) et en jouant sur les gags référentiels (le super gag sur la mort de
Kurt Cobain, la réplique
Angela Merkel, "Ses soirées, c'est plus glauque que
Six Feet Under", "T'as vu, c'est comme dans
Piège de Cristal", et plein d'autres), Payet et compagnie créent une proximité qui fait se sentir bien avec eux.
Et les acteurs/trices sont au top, chacun s'éclatant avec sa partition précise et bien définie.
Alors évidemment c'est pas le film du siècle. On y déplorera quelques facilités dans le déroulé de l'histoire qui suit toutes les conventions de la comédie romantique. Ca démarre mollement et tire à la ligne sur la toute fin.
Mais on pardonnera aisément au film de pas être parfait. Déjà parce que même ainsi il reste encore bien au dessus du tout venant des merdasses qui inondent les écrans sans nous attirer un pet de sourire (je sais pas pourquoi, je repense l'horrible
Divin Enfant sorti en début d'année, qu'on avait vu en avant-première bien bien avant, et qui était une véritable épreuve). Et en plus parce que ça fait vraiment du bien; c'en est même surprenant alors que le programme annoncé ne préparait pas à ça.
(m'enfin, Cyrillou, t'avais pas aimé
Radiostars, tente même pas celui-là, tu vas me maudire après !
)
Note = 4,5/6