Phil a écrit:Bon ben le bouquin de Delphine de Vigan est encore meilleur que ce à quoi je m'attendais !
Il me semblait avoir parlé de Rien ne s'oppose à la nuit, mais en fait j'en avais dit que ça ! (ce qui, en soi, dit tout).
Je vais faire à peine plus long sur D'APRES UNE HISTOIRE VRAIE, son dernier roman, qui vient de remporter le Renaudot. C'est à nouveau excellent ! Je pense même l'avoir préféré au précédent, même si c'est certainement moins un "grand livre".
Au départ, il s'agit d'une fausse suite décrivant la nouvelle vie de l'auteure après le succès de son livre précédent, la reconnaissance critique et les prix remportés. Expliquant aussi une longue période de silence pendant laquelle elle n'a pas pu écrire une ligne, bloquée (peut-être) par le syndrome du "livre d'après".
On repart donc dans les méandres de l'autofiction, de la vraie/fausse autobiographie, de l'exploration de la psyché de l'auteur face à la page blanche. Sauf que, cette fois, le roman prend l'accent du thriller psychologique trouble, à la lisière du fantastique. Tendance accentuée par les citations de Stephen King en tête de chaque partie. D'une certaine façon, il s'agit même là d'une sorte de remake de Misery, passé à la moulinette De Vigan. Le mystère plane autour du personnage de "L.", la mystérieuse femme qui exerce son emprise sur l'écrivaine en mal d'inspiration, qiu finit par l'étouffer, la manipuler, la menacer, et même attenter à sa vie. A moins que tout ça ne soit que dans sa tête ? La fin du livre, superbe (avec une belle référence à Usual Suspects), n'apporte pas de réponse claire, et laisse le lecteur face à ses doutes. Et c'est assez vertigineux.
Tout le livre joue, encore plus que le précédent, sur les frontières séparant le réel de l'imaginaire, la fiction de l'autofiction; où l'on s'interroge sans cesse sur ce qui ressort de la réalité et de l'invention littéraire. Jusque dans le titre du livre, qui prend une certaine ironie après lecture.
Un tour de force, qui va bien au delà des limites du simple exercice de style. Et un exorcisme à la fois pour l'auteure et le lecteur.
(vais enchaîner avec En finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard Louis - ce qui devrait me faire deux bouquins mortels de suite )