Phil a écrit:Je suis tombé il y a quelques semaines devant Trois de Sarah Lotz, opportunément agrémenté d’un bandeau l’adoubant comme « un des meilleurs thrillers fantastiques que j’ai lu ces dernières années » (ou un truc comme ça) par un certain Stephen King. Ca sentait l’opération commerciale à plein nez, mais comme il me fallait un livre léger et pas prise-de-tête pour terminer les vacances, me suis dit que je pouvais tenter ça (en Epub anglais, finalement)…
Et j’ai bien fait, parce que c’est tout à fait la came annoncée, et ça constitue un très bon divertissement sans tomber dans le racolage bas-du-front de la sous-littérature Levy-Musso-esque (il y a d’ailleurs une très bonne vanne contre Paulo Coehlo vers la fin).
L’auteure est en fait plus connue pour son travail de scénariste pour la télé et le cinéma américain. Et ça se sent, en ce sens que c’est pas de la grande littérature, et que c’est plus orienté vers l’histoire et le concept, plus « action » que « réflexion », donc. Un concept intriguant et accrocheur, d’ailleurs : en janvier 2012, 4 avions s’écrasent sur 4 continents au même moment, et il n’y a que trois survivants, à chaque fois un enfant de 7-8 ans (sachant qu’à un moment, on partira aussi à la recherche d’un éventuel survivant dans le quatrième avion crashé en Afrique). Le livre est raconté sous la forme de témoignages divers qui reconstituent l’histoire après-coup; un peu à la World War Z version bouquin... (en fait, c'est un peu plus que ça puisqu'il y a un livre dans le livre, mais bon). Un procédé qui permet de maintenir le mystère tout du long, et de jouer à fond sur l’attente d’événements qu’on sait devoir arriver.
On suit donc une histoire très plaisante, avec des personnages attachants et d’autres parfaitement dégueulasses et tout aussi intéressants. Jusqu’à une fin plutôt ambitieuse, qui décrit un monde en plein bouleversement socio/politico/écnomomique, où les Etats-Unis deviennent une théocratie dictatoriale préparant la fin des temps (puisque les trois enfants + 1 autre potentiel y sont vus comme les cavaliers de l’apocalypse) et le Japon s’allie à la Chine et la Corée pour former un nouvel ensemble.
Quant à la « résolution de l’énigme », elle n’est pas explicite et laisse suffisamment de pistes ouvertes pour laisser place à l’interprétation du lecteur pas trop con tout en réservant la possibilité pour l’auteur de nous balancer une éventuelle suite dans quelques années.
Pas le livre du siècle, pas du niveau d’un King, de son fils ou d’un bon (donc un vieux) Simmons, mais de la bonne « série B littéraire » très influencée par les séries actuelles (on pense évidemment beaucoup à Lost), qui se lit toute seule et fait plaisir.
C'est cette fois au début de l'été que j'ai lu le livre suivant de Sarah Lotz, intitulé cette fois... Jour Quatre !
Qui n'est pas une suite du précédent - même s'il est fait allusion à 2-3 reprises au "jeudi noir" et aux accidents d'avion qui en étaient le point de départ.
Mais à part ça, on est tout à fait dans le même genre de livre, divertissement à lire sur la plage (ou au soleil en allant au boulot), basé sur les codes de narration des séries télé, avec un argument mystérieux qui sert de base à tout un tas de petites histoires qui se recoupent.
Et, comme le précédent, on est très loin de la grande littérature, mais ça se lit tout seul et avec plaisir.
Bien que, pour le coup, j'ai préféré le livre précédent. Là, le "concept" est trop souvent relégué au second plan, remisé derrière les petites histoires de chacun des personnages, qui ne sont pas toujours très intéressantes. C'est encore une fois très Lostien dans le principe, mais ici on s'attache moins aux personnages, pas tellement attachants. Et puis les (grosses) ficelles sont bien plus visibles. De même que la vision de l'humanité livrée à elle-même qui retourne à la sauvagerie; thème bateau s'il en est, que j'ai vu récemment illustré avec beaucoup plus d'acuité dans IGH de Ballard.
Mais bon, ça fait passer un bon (et rapide) moment - ce qui fait que je lirait certainement un futur Cinq à l'été 2018 !
(par contre, j'espère que j'aurai pas de chanson de Louane en tête constamment pendant la lecture, comme là, au vu du titre !)