Mouais... J'étais dubitatif avant de voir le film, je suis carrément pas convaincu après l'avoir vu !Cbyt a écrit:
(SPRING BREAKERS de Harmony Korine)
Au premier abord, l'affiche et le titre du film correspondent à tous les critères qu'il faut pour éviter à tout prix la dernière fournée de Harmony Korine (dont je ne connaissais rien auparavant). Et quand en plus, on rajoute que le casting féminin pioche abondement dans les niaiseries pour ados de Disney, ça commence à faire très peur ... et on se demande d'ailleurs ce que James Franco est venu foutre là-dedans !
Et bien une fois passé tous ces nombreux préjugés (et les premières critiques aidant), je me suis traîné dans le cinéma le plus proche et en suis ressorti au bout d'une heure et demie, rincé.
Une fois passé le pitch (quatre californiennes décident de faire un braquage pour pouvoir se payer leur semaine de "spring break" sur les côtes de Floride, moment qui doit changer leur vie ... bon, effectivement, ça va la changer mais pas tout à fait comme prévu), Korine livre une débauche de couleurs, d'énergie, de violence, de bruit, utilisant le prétexte de ce rituel étudiant pour livrer une satyre de la société moderne et du satané rêve américain que beaucoup caresse sans jamais l'atteindre. Toujours borderline, sans jamais sombrer dans la caricature ou le graveleux, avec ce polar pop art, Korine réussit un joli tour de force, aidé par une très impressionnante interprétation de ces "fouyayas" actrices (pas sûr qu'elle puisse jamais refaire une telle prestation mais bon) et d'un James Franco magistral. En plus HK est loin d'être un manchot avec la caméra : la scène du braquage filmée de la voiture tout en plan séquence est exceptionnelle.
Bref, sans être monstrueux, un film très réussi.
Je suis en partie d'accord avec toi sur pas mal de points. Notamment la réalisation, le travail sur l'image, le montage - très intéressants (c'est bien la seule chose qui a réussi à capter un peu mon attention). ok pour le plan séquence dans la voiture pendant le casse, par exemple. James Franco est en effet excellent (et complètement flippé). Les meufs ne sont pas exceptionnelles, mais jouent bien - évidemment mieux que chez Disney, mais c'était pas difficile. Marrant, d'ailleurs : Selena Gomez se barre au milieu du film, ça devait être trop dur de tenir le niveau plus longtemps ! Côté fouyaya, à part Ashley Benson (là, ouais, d'accord, je m'incline), mouof...
Mais bon...
Passons sur le fait que je me suis royalement emmerdé pendant 1h30. Forcément, comment réussir à être un tant soi peu intéressé par ces gros connards et ces petites pouffes ? On s'en branle de ces jeunes cons décervelés; qui me font juste me dire que si c'est ça l'avenir de l'humanité, on n'a plus qu'à prier pour notre extinction. Cela dit, c'est quand même problématique qu'un film avec du nichon, de la violence, de la drogue et de l'alcool arrive à me fait autant chier alors qu'il devrait m'exciter.
Et puis les séquences de spring break sont insupportables, et la musique est insupportable - en plus d'essayer de nous faire croire dans une séquence pathétique que Britney Spears, c'est bien.
Le problème, surtout, c'est que c'est ce genre de film hypocrite qui se vautre dans ce qu'il est censé "dénoncer". Tu parles de satyre, et je pense en effet que c'est ce que Korine a voulu faire. Sauf que pour la satyre, il faut de l'humour, de la distance, un regard décalé, tant de choses qui manquent cruellement ici. Le film est du début à la fin au premier degré, et c'est ça qui l'amène à s'autodétruire dès la première seconde. Sa vision tordue et critique de l'envers du rêve américain, Harmony Korine nous l'assène avec des séquences clippées sorties de n'importe quel clip de rap west coast de merde. Les mecs astiquent leurs gros flingues, les putes à gros nichons se frottent les unes aux autres (et je vais pas m'attarder sur le fait pour le réalisateur de filmer longuement et avec complaisance sa propre soeur à poil sous la douche, c'est limite limite), la violence c'est des fusillades au ralenti avec de belles arabesques de sang, les scènes de cul c'est du porno sans les gros plans... Sans compter que Korine aime ses personnages, c'est flagrant - il nous les présente malgré tout comme des figures positives. C'est d'une beauferie et d'une malhonnêteté intellectuelle assez phénoménales, et je passe charitablement sur le "message" de la fin avec ces filles qui affirment s'être trouvées en jouant les putes et en butant des gens.
On peut appeler ça de la critique. Ou on peut appeler ça du racolage.
Ca aurait presque pu m'énerver prodigieusement, en fait. Sauf que, en plus d'être gavé, j'ai eu l'impression pendant tout le film d'avoir passé l'âge de ces conneries. Et de pas avoir besoin de me prendre la tête face à un truc aussi insignifiant (je reprends ici ma comparaison avec Projet X, que je trouve plus appropriée que jamais). Que j'ai de toute façon (et bien heureusement) déjà vu en beaucoup mieux, et adapté aux adultes - Tueurs Nés ou Fight Club par exemple, que j'ai presque honte de citer pour parler de cette chose.