Ce début d'année aura été surtout l'occasion de rattraper quelques films pas vus à fin 2021 (outre Don't look up) :
King's Man - Première Mission
On en a déjà discuté ici, j'ai quelques problèmes avec les 2 Kingsman de Matthew Vaughn; moins que Cyrille, et pas les mêmes, mais bon. C'est donc assez paradoxal que le problème que j'aie avec cette préquelle soit que finalement... c'est pas tellement du Kingsman ! Assez mou du genou, le film semble trop souvent hésiter sur le ton à adopter, trop sérieux ou pas assez délirant - comme si ce retour aux enjeux du début du siècle dernier soit trop lourd à porter. Finalement, c'est dans sa dernière demie-heure, lorsque Vaughn se lâche à nouveau complètement, que le film décolle vraiment, et devient ce pour quoi on est venu dans la salle. (allez, avant, il y a la scène avec Raspoutine, qui est bien fun, aussi).
Pas mal sans plus, du coup.
Tous en Scène 2
Je suis vraiment pas fan du premier, mais ça nous a fait un premier ciné familial en 2022... Le film a en gros les mêmes défauts : un trop-plein de personnages pas tous bien développés (et ils en rajoutent, comme dans toute bonne suite qui se respecte !), et surtout une utilisation des chansons qui essaie de bouffer à tous les rateliers (du rock pour les parents, des trucs à la mode pour les gosses, en gros) et finit par ne plaire à personne. Ici, d'un côté SOAD, Prince et du vieux U2, de l'autre Billie Eilish, de la K-pop et du U2 récent.
Malgré ça, ce second volet est bien plus intéressant. Parce que l'histoire et autre-chose qu'un bête spectacle à la The Voice. Parce que le méchant est un gros taré qui n'aurait pas dépareillé dans un film de la Cannon des années 80. Et parce que c'est une bonne idée d'avoir pris Bono en casting vocal pour le vieux lion retiré des affaires; ça donne un côté méta à l'ensemble qui touche assez le vieux fan du groupe que je suis. Quand ils faisaient des trucs biens y'a 30 ans.
La Loi de Téhéran
Un polar iranien accrocheur et bien sombre, sorte de cinéma-vérité qui nous plonge dans la fournaise du quotidien de la police du pays, au prise avec les traficants de drogue.
Pas grand-chose à dire dessus, si ce n'est : voyez le !
Lamb
Comme dit sur touitère : c'est devenu rare à notre époue de pouvoir encore voir un film dont on ne sait à peu près rien en entrant dans la salle... et tomber sur un tel OVNI ! Un film islandais visuelement somptueux et à la réalisation plus que solide, c'est déjà un atout. Noomi Rapace dans une de ses meilleures prestations; en voilà un autre. Mais ce qui frappe le plus, c'est le côté complètement barré du film. Je ne vous dis rien de ce que ça raconte, mais de toute façon, c'est constamment innatendu, bourré d'idées folles, et déployant jusqu'au point de non retour un concept dingue auquel le film parvient toujours à nous faire adhérer. On pourra trouver cette étrangeté mi-Kubrick mi-Lynch hermétique, voire chiante, mais l'expérience vaut indéniablement le coup. Ne serait-ce que parce qu'on ne voit pas un film comme ça tous les jours (et que c'est pas près de s'arranger)
L'événement
Lion d'Or à Venise pour la française Audrey Diwan avec ce film adapté d'Annie Ernaux, qui décrit son parcours semi-autobiographique pour avorter dans les années 60. La joie. Y compris dans les trois scènes d'avortement, parce qu'une seule ne suffisait pas. On n'est pourtant pas forcément dans un cinéma doloriste à la Haneke, plus dans du film-dossier qui n'hsite pas à recourir à des grosses claques pour appuyer son discours. La caméra suit au plus près (et au format carré) la jeune Anamaria Vartolomei, phénoménale, et ne nous cache rien de son parcours compliqué dans la France sclérosée de l'époque.
+ quand même, un des premières "grosses sorties" de l'année, Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson
Je suis pas forcément aussi emballé que la critique qui salue là "le premier chef d'oeuvre de 2022". Notamment parce que PTA refait ici ni plus ni moins la même chose que dans Boogie Nights, sans se fatiguer et en moins bien; et que son film sur le milieu du porno des années 70 reste pour moi encore aujourd'hui son meilleur. Mais, au-delà de ça, oui, évidemment, c'est super bien fait, les acteurs sont topissimes (le fils de Hoffman, mais surtout la chanteuse Alana Haim, incroyable), la musique déchire, la reconstitution des années 70 est mortelle... Le film est plus une collection de moments, certains touchants et réussis, d'autres qui marquent moins. Un bon film, donc, mais pas la crème de la crème de son réalisateur.